Comments for Steve Jobs: l’icône de la marque Apple

D'hondt Julie  
Le premier problème rencontré par Apple et Steve Jobs est celui de la marque (on parle de « trademark » aux USA) elle-même comprenant le nom commercial et le logo. C’est un litige qui a opposé « Apple Corps » et « Apple computer ». Les Beatles avaient créé une entreprise dont la dénomination était « Apple Corps » et…
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Le premier problème rencontré par Apple et Steve Jobs est celui de la marque (on parle de « trademark » aux USA) elle-même comprenant le nom commercial et le logo. C’est un litige qui a opposé « Apple Corps » et « Apple computer ». Les Beatles avaient créé une entreprise dont la dénomination était « Apple Corps » et dont le logo représentait une pomme. Apple Corps reproche alors à Apple Computer d’utiliser leur marque commerciale et de créer un logo très proche du leur et d’en profiter notamment par son association à la musique. Apple Corps introduit une action en contrefaçon de marque. Par la suite des accords avaient été conclus entre Apple Corps et Apple computer, interdisant ce dernier de s’immiscer dans l’industrie de la musique ce qu’Apple computer n’a pas respecté en créant iTunes et l’Ipod.
En effet, la marque étant un signe qui permet le ralliement d’une clientèle à un produit, un service, ce signe doit être suffisamment distinctif entre deux entreprises et il doit être disponible (la question est de savoir si une marque antérieure n’existe déjà pas). Une fois une marque enregistrée, le titulaire bénéficie de droits exclusifs qui lui permet d’interdire son utilisation pour des produits similaires et même d’interdire son utilisation pour des produits non similaires si la marque connait une certaine réputation.

Le deuxième problème rencontré se situe au niveau du litige opposant Microsoft et Apple. Apple a, en 1988, intenté une action en contrefaçon contre Microsoft (et Hewlett-Packard) pour violation des droits d’auteur (on parle de « copyright » aux USA) de son logiciel et plus précisément de l’interface graphique de Macintosh. Apple prétend un droit d’auteur sur chaque élément de l’interface (tel que l’aspect des fenêtres). Or, la plupart de ses éléments avaient été donnés en licence à Microsoft dans un accord entre Apple et Microsoft. Il s’agit donc plutôt d’un litige concernant l’étendue de la licence accordée à Microsoft.
S’il est vrai que les programmes d’ordinateur sont protégés par les droits d’auteurs. En est-il de même des interfaces graphiques ? La cour a conclu que Apple ne pouvait pas agir sur la base du droit d’auteur car les idées en elles-mêmes ne sont pas protégées, c’est l’expression de l’idée qui est protégée. De plus, quant à la condition d’originalité, la Cour a estimée qu’elle n’était pas remplie.

Les droits de la propriété intellectuelle sont importants pour assurer l’entrée sur le marché et la conduite d’une société innovante. Ils vont permettre de protéger les créations, le savoir-faire d’une entreprise face à la concurrence. Il est dès lors important pour une société de s’assurer que ces créations sont protégées et qu’elle va pouvoir les exploiter en interdisant les tiers d’exploiter ses créations sans autorisation. Cela est d’autant plus important lorsque l’entreprise innove en créant des technologies nouvelles.

Sources consultées :
Stephen Fishman, Legal guide to Web & software development, Berkeley, Calif. : Nolo, 2007, p. 110 ; Edward Lee Lamoureux, Intellectual property law and interactive media : free for a fee, coll. Digital formation v. 39, New York, 2009, p. 254
http://en.m.wikipedia.org/wiki/Apple_Corps_v_Apple_Computer
http://en.m.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corp.

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Timmermans Eléonore  
Questions approfondies relatives aux droits intellectuels : Billet sur Steve Jobs Violation de marques commerciales : Appel corps et appel computer Tout commence lorsque Steve Jobs choisit le nom « Appel Computer » en tant que marque pour sa compagnie. Le but d’une marque est que la compagnie soit reconnue aux yeux du public, que le consommateur sache d’où vient le produit.…
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Questions approfondies relatives aux droits intellectuels : Billet sur Steve Jobs
Violation de marques commerciales : Appel corps et appel computer
Tout commence lorsque Steve Jobs choisit le nom « Appel Computer » en tant que marque pour sa compagnie. Le but d’une marque est que la compagnie soit reconnue aux yeux du public, que le consommateur sache d’où vient le produit. Il y a une certaine confiance conférée à la marque, qui permet au consommateur de pouvoir choisir ses achats, en ayant comme référence les produits connus fabriqués par cette marque.
En plus du nom, le logo de la marque choisi par Steve Jobs est une pomme. Or il existe déjà une marque, créée par les Beatles, nommée Appel Corps et ayant une pomme comme logo. Les deux se ressemblent donc beaucoup, ce qui risque de créer une confusion chez le consommateur qui peut penser que les produits ne viennent que d’une seule et même firme. De plus, la marque est sensée être originale et distinctive, marquer la différence avec les autres firmes. Donc le fait que les noms soient ressemblants fait de l’ombre à la première marque créée par les Beatles.
Un premier procès a lieu de 1978 à 1981, entre les deux firmes. Il se clôt par un accord : Appel Computer paie une coquette somme à Appel Corps et accepte de ne rien produire ayant trait à la musique. En échange Appel Computer peut continuer à utiliser le nom Appel.
En 1989 un nouveau procès a lieu, car Appel Computer entre dans l’audio, ce qui fait dire a Appel Corps que leur accord de 81 a été rompu. Cela se conclut encore par une somme d’argent, et un accord sur l’utilisation et la fabrication de produits relatifs à la musique.
De 2003 à 2006, suite au lancement de « Itunes Store », Appel Computer souhaite acheter Appel Corps pour pouvoir produire tout ce qui lui plaît sans enfreindre leurs accords, et sans être traduit en justice.
Enfin, en 2007, Appel Computer achète Appel Corps pour être libre d’utiliser le nom comme il le souhaite, sans plus avoir à faire d’accords. Et Appel Computer donne des licences à Appel Corps afin que ce dernier puisse continuer à produire ce qu’il faisait.
En conclusion, nous conseillons à toute jeune firme de se renseigner sur les noms déjà utilisés en tant que marques. Il est important de choisir un nom original et distinctif, qui permettra au consommateur de ne pas confondre, et d’éviter qu’une marque ayant un nom ou un logo similaire ne vous attaque en justice. A moins que votre compagnie ne soit très riche, dans ce cas, elle peut se permettre de perdre de l’argent dans des procès, ou d’acheter la marque déjà existante pour utiliser le nom qu’elle souhaite comme cela lui plaît.

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Myriam Balde  
Apple v. Apple L’une des premières thématiques de propriété intellectuelle qui nous vient à l’esprit en visionnant le film Jobs, est évidemment celle relative au nom et au logo choisi par ce dernier pour désigner sa société nouvellement créée : Apple. Comment un fruit peut-il devenir une marque, un emblème qui rappelle à tous, presque instinctivement, la marque d’ordinateurs ? Il…
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Apple v. Apple

L’une des premières thématiques de propriété intellectuelle qui nous vient à l’esprit en visionnant le film Jobs, est évidemment celle relative au nom et au logo choisi par ce dernier pour désigner sa société nouvellement créée : Apple. Comment un fruit peut-il devenir une marque, un emblème qui rappelle à tous, presque instinctivement, la marque d’ordinateurs ?
Il était toutefois prévisible malgré cet exploit que la marque, par sa simplicité, aboutisse à des conflits de propriété intellectuelle.
Ce fut le cas dans une affaire qui dura presque 30 ans, opposant Apple Corps, une société fondée par les célèbres Beatles, et Apple Computers, la société de Steve Jobs. C’est ainsi que dans un premier temps, les premiers attaquèrent les seconds pour violation de leur droit de marque, alléguant une trop grande similarité susceptible de mener à confusion quant à l’identité de l’entreprise. Le litige fut réglé à l’amiable, mais ne marqua pas pour autant la fin des conflits, puisque l’accord fut en effet assorti d’une condition : que Apple Computers reste en dehors de l’industrie musicale. Fin des années 70/début des années 80, c’était une perspective encore concevable puisque la technologie sonore ne pouvait pas encore être intégrée aux ordinateurs, et l’accord n’avait donc pas besoin d’être rédigé de manière très précise. Toutefois, avec l’évolution des nouvelles technologies, l’objet du litige évolua progressivement vers l’association de la marque Apple Computers à l’industrie de la musique, suite à la création de l’iPod et d’iTunes Music Store, en tant que moyens de diffuser de la musique.
L’affaire prit fin en 2007 à l’issue d’un nouvel accord conclu entre Apple Corps et Apple Computers (devenu Apple Inc.), à l’issue duquel ces derniers deviendraient titulaires du droit de PI relatif à la marque Apple, donnant toutefois licence à Apple Corps de la marque pour certaines utilisations continues.

Motorola Mobility (Google) vs. Apple Inc No. 12-1549. .

Dans une perspective plus récente, c’est dans un contexte d’affrontements économiques agressifs longs et répétitifs entre les grandes puissances du marché des smartphones que l’affaire notoire Motorola Mobility vs . Apple Inc. doit s’appréhender.
Dans cette affaire en effet, l’on retrouve à la fois la problématique du rapport de force économique tellement essentiel dans le monde des géants de la technologie, mais aussi la question particulière et complexe de l’équilibre entre, d’une part, la promotion de l’innovation et d’autre part, la protection de l’inventeur.
On y voit Motorola (racheté par Google en cours de route) et Apple s’affronter en se fusillant de douzaines d’actions en justice, alléguant la violation mutuelle de toutes sortes de brevets. Dans le cas d’espèce, Motorola invoqua notamment la violation de son « standards essential patent », accusant Apple d’être un « unwilling licensee », à savoir une entreprise refusant de payer pour l’utilisation des brevets qu’elle enfreint. La société Apple soutint quant à elle, outre la violation de brevets, que la rémunération demandée sortait de toutes proportions raisonnables. Motorola et Apple étant tous deux incapables de prouver de manière suffisamment solide l’existence d’un dommage, Justice Richard Posner prit une décision audacieuse et discutable, en clôturant l’affaire par un « dismissal with prejudice », à savoir une décision consistant à mettre fin à la procédure sans possibilité d’introduire de nouvelles demandes, arguant notamment que d’une part, l’octroi à Apple d’une injonction destinée à restreindre la vente de téléphones Motorola aurait un effet catastrophique sur le marché du téléphone mobile et sur les consommateurs et que d’autre part, l’octroi à Motorola de mesures similaires pour l’utilisation par Apple des standards essential patents serait contraire au principe des Fair/Reasonable/Nondiscriminatory terms.Il va sans dire que l’enjeu pour le panel des juges fut grand, en ce que l’affaire était politiquement lourdement chargée et touchait au cœur même de la logique du brevetage américain.

Cette affaire, et bien d’autres encore, illustre la tendance actuelle dans la société de l’information à « sur-breveter » les inventions, empêchant ainsi la moindre collaboration compétitive. Il faut se poser la question de savoir s’il nous est véritablement bénéfique de breveter des choses aussi simples que, par exemple, la technologie « slide-to-unlock »…ne serait-il pas en effet plus utile de laisser au brevet la fonction de couvrir une notion plus restrictive de la contrefaçon, afin de laisser le champ ouvert à l’innovation, de suivre la logique du « copier pour améliorer ? »
Bien sûr, il serait inconcevable d’instaurer un système à ce point libéral…il serait d’ailleurs inefficace en ce qu’il ne remplirait plus sa fonction première : la promotion de l’invention. Toutefois, il serait envisageable d’instaurer un intermédiaire, un système proportionnel où la rémunération et respecterait strictement sa fonction d’incitant.
L’équilibre entre ces deux tendances est donc fondamental, puisque perdre de vue l’objectif essentiel des droits de propriété intellectuelle revient à tuer la créativité.

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Inès Umurungi  
La société Apple est, en effet, impliquée dans plusieurs problématiques liées aux droits de propriété intellectuelle. Au travers du film "Jobs", j'ai pu relever deux affaires ayant donné lieu à des procès. La première est relative au droit de marque et elle a impliqué Apple Inc. et Apple Corps (entreprise fondée par les Beatles en 1968) dans une saga judiciaire…
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La société Apple est, en effet, impliquée dans plusieurs problématiques liées aux droits de propriété intellectuelle. Au travers du film “Jobs”, j’ai pu relever deux affaires ayant donné lieu à des procès. La première est relative au droit de marque et elle a impliqué Apple Inc. et Apple Corps (entreprise fondée par les Beatles en 1968) dans une saga judiciaire qui durera près de 30 ans. La seconde affaire tourne autour du droit d’auteur (copyright) d’Apple qui aurait été violé par Microsoft et HP.

L’affaire Apple Corps v Apple Computer débute en 1978 et prend fin en 2007. Ici, le problème juridique est de savoir si Apple Computer ne viole pas le droit de marque d’Apple Corps à partir du moment où on retrouve le même mot dans les deux marques. Est-ce le droit à la marque protège Apple Corps d’une façon telle qu’Apple Computer ne puisse exister avec ce nom? Si non, à quelles conditions ou plutôt quel montant Apple Computer doit verser à Apple Corps pour ce faire? Notons qu’au départ, Apple Computer ne s’intéressait pas au secteur musical. Mais en est-il toujours de même au jour où Apple Computer lancera Itunes et Ipod? Est-ce que Apple Corps n’aurait pas droit à une protection plus étendue de sa marque ? Steve Jobs aurait dit, au moment où il a eu l’idée de nommer son entreprise “Apple” que le mot “apple” n’appartenait pas aux Beatles. So where is the problem? De toute évidence, la question n’était pas si simple que ça puisqu’elle a donné lieu à plusieurs accords entre les deux sociétés et, en 2006, à un arrêt de la Hight Court of Justice du Royaume-Uni qui tranchera en faveur d’Apple Computer car l’accord entre Apple Corps et Apple Computer n’aurait pas été violé. En 2007, les “deux Apple” vont conclure un autre accord dont les termes exacts demeurent plus ou moins confidentiels…

Un conseil à prodiguer à des sociétés innovantes à ce sujet? Je leur dirais de faire très attention, lorsqu’elles choisissent une marque, à ce qu’elle soit suffisamment distincte des marques des autres entreprises. C’est, à mon sens, indispensable pour que la marque choisie puisse, effectivement, remplir sa fonction d’indication d’origine et sa fonction publicitaire de manière satisfaisante. Au surplus, cette vive attention peut éviter à ces entreprises des soucis. Par souci, je vise plus particulièrement les éventuels litiges judiciaires qui peuvent coûter cher en termes de frais de justice et en termes de temps. Je vise également les éventuels arrangements ou accords qui pourraient aussi se révéler onéreux. Cette attention doit être d’autant plus vive en ce qui concerne une entreprise innovante car ce type d’entreprise sera peut-être (si ce n’est sûrement) amenée, au cours de sa vie, à travailler dans différents secteurs. L’exemple d’Apple Inc. est parlant: d’ordinateur personnel, la société va également développer des ordinateurs professionnels, des tablettes et va se lancer dans la musique via Itunes et les Ipod. D’ailleurs, c’est cette dernière innovation qui remettra en cause l’accord conclu entre Apple Corps et Apple Computer en 1991 et qui mènera à l’arrêt de la Hight Court of Justice! Il est donc très important de choisir une marque suffisamment polyvalente et “utilisable” dans différents secteurs sans d’éventuels problèmes juridico-juduciaires.

La seconde affaire relève plutôt du copyright (ou droit d’auteur en droit continental). En effet, en 1988, Apple Computer a introduit une action contre Microsoft et HP car ces derniers auraient copié l’interface utilisateur du Macintosh et du Lisa et l’auraient utilisé, sans autorisation, dans leurs produits respectifs (le Microsoft Windows et le HP’s NewWave). La question était donc de savoir si Microsoft et HP avaient oui ou non copié et utilisé, sans autorisation, une oeuvre de l’esprit originale de la société Apple Computer. En 1994, la Cour d’appel rendra un arrêt dans cette affaire Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corporation and Hewlett-Packard Co. où elle donne raison à Microsoft et à HP car Apple ne pouvait obtenir une protection semblable à celle du brevet pour une idée d’interface graphique en vertu “du droit d’auteur”. Apple et Microsoft vont tout de même conclure, en 1997, un accord dans lequel il est prévu que Microsoft achète des actions d’Apple et par lequel les 2 sociétés entrent dans une relation de licences de brevets croisées.

A mon avis, il est important pour une société innovante de bien protéger ses droits, ses créations via les régimes juridiques adéquats pour s’assurer une meilleure protection à ses oeuvres et, ainsi, augmenter sa sécurité juridique en cas de litige.

Inès Umurungi

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gilles feryn  
Apple Corps contre Apple Computer Il s’agit d’un procès entre Apple Corps (un conglomérat de plusieurs sociétés créé par les Beatles) et Apple Computer (la société informatique de Jobs) concernant une violation du droit des marques. La première société étant antérieure à la seconde, Apple Corps attaque Apple Computer pour violation de marque commerciale. Il y a accord, où Apple Corps…
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Apple Corps contre Apple Computer

Il s’agit d’un procès entre Apple Corps (un conglomérat de plusieurs
sociétés créé par les Beatles) et Apple Computer (la société informatique
de Jobs) concernant une violation du droit des marques. La première
société étant antérieure à la seconde, Apple Corps attaque Apple
Computer pour violation de marque commerciale. Il y a accord, où Apple
Corps autorise Apple Computer à utiliser le nom Apple et un logo en forme
de pomme, tandis que les 2 sociétés s’engagent à ne pas entrer dans les
marchés de l’autre (marché de la musique pour l’une, de l’informatique
pour l’autre).

Au début des années 90, Apple Computer dote ses ordinateurs de
fonctions de lecture et de création de musique. Nouveau procès, et nouvel
accord ou Apple obtient le droit d’utiliser son nom pour des produits ou
des services permettant de reproduire, lire ou délivrer du contenu musical
numérique, mais a interdiction de distribuer ou de vendre des supports
physiques tels que des CD

Dans les années 2000, Apple Computer lance l’Ipod, et l’Itune Music Store
(vente de musique en ligne), rompant ainsi l’accord selon Apple Corps. La
Haute court de justice de Londre décide cependant en 2006 qu’il n’y a pas
de violation des accords. L’usage de la marque Apple étant utilisé en
association avec le magasin de musique en ligne, pas la musique, du
coup, cela ne contrevient pas à l’accord. La décision n’est pas acceptée
par Apple Corps, qui veut faire appel.

En 2007 enfin, les 2 firmes se mettent à nouveau d’accord, et Apple Inc
(ex Apple Computer) rachète la marque « Apple » et licencie à Apple Corp.

A chacun de ces accords, Apple a du débourser énormément d’argent. On
voit que la possession d’une marque est un atout stratégique majeur pour
une entreprise. L’antériorité de la marque de la société des Beatles leur a
permis d’obtenir beaucoup d’argent. Tandis que cette marque était une
épine dans le pied d’Apple Computer qui désirait étendre son marché à
l’industrie musicale et qui trouvait toujours son homonyme sur sa route,
quand bien même sa propre marque était plus connue du grand public.
Avec l’accord de 2007, Apple a donc désormais le champ libre pour utiliser
sa marque dans le marché musical.

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François Tamigneaux  
**Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corp., 35 F.3d 1435 (9th Cir. 1994) En 1985, un accord avait été trouvé entre les deux géants de l’informatique “Apple” et “Microsoft” pour permettre à ce dernier d’exploiter une licence accordée par Apple concernant l’interface graphique d’utilisateur du système d’exploitation Windows 1.0. Cette licence portait sur l’autorisation de poursuivre le marketing du système d’exploitation Windows…
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**Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corp., 35 F.3d 1435 (9th Cir. 1994)

En 1985, un accord avait été trouvé entre les deux géants de l’informatique “Apple” et “Microsoft” pour permettre à ce dernier d’exploiter une licence accordée par Apple concernant l’interface graphique d’utilisateur du système d’exploitation Windows 1.0. Cette licence portait sur l’autorisation de poursuivre le marketing du système d’exploitation Windows 1.0 et ses dérivés et de contracter des licences avec d’autres entreprises par rapport à son système.

Par après, Microsoft sortit deux nouvelles versions de son système d’exploitation (Windows 2.0 et 3.0) pour lesquelles Apple estimait que Microsoft avait dépassé les limites de leur licence. En effet, Apple déclara que certaines modifications de l’interface des nouvelles versions de Microsoft étaient semblables à des caractéristiques des systèmes d’exploitation d’Apple (fenêtres qu’on peut déplacer, agrandir ou réduire en taille, faire fusionner, barres de menus déroulante etc.). Apple insistait sur le fait que ce n’était pas chaque élément pris individuellement qui importait mais leur association de façon globale. De plus, Apple poursuivi aussi Hewlett-Packard pour le même genre de motifs. En effet, ils les poursuivirent car ils estimaient que l’icône représentant une poubelle afin de supprimer des fichiers, qui était présente dans le système d’exploitation NewWave de HP, était une copie de celle d’Apple. En résumé, Apple poursuivi Microsoft et HP pour « violation du droit d’auteur » et poursuivi aussi Microsoft pour « rupture de contrat ».

Au final, Apple verra sa plainte et appel rejeté par la Cour. En effet, sur 189 éléments listés par Apple comme étant de la violation de droit d’auteur, 179 seront reconnus comme faisant partie du périmètre de la licence accordée en 1985. Les dix derniers seront reconnus comme ne pouvant être recopiés soit parce qu’ils ne sont pas original à Apple ou parce qu’ils constituent la seule façon d’exprimer une idée. Le Cour déclara même qu’il faut réaliser une comparaison d’identité virtuelle entre les outils et que, si celle-ci révèle des systèmes d’exploitation virtuellement identiques, la violation pourra être acceptée.

**Apple Corps Ltd v. Apple Computer, Inc., [2006] EWHC 996 (Ch)

Depuis 1978, plusieurs batailles juridiques éclatèrent entre d’une part, Apple Corps qui est la maison de disque du célèbre groupe de musique « The Beatles » et qui détient les droits des musiques de ce groupe, et d’autre part, Apple Computer qui est le producteur d’ordinateurs. Ces deux groupes ont finis par établir un accord portant sur la manière d’utilisation du mot « Apple » et du logo. De plus, l’accord portait aussi sur la non-entrée dans le marché des ordinateurs pour Apple Corps et de la non-entrée dans le marché de la musique pour Apple Computer.

En 2003, Apple Corps poursuit Apple Computer en justice pour rupture de contrat. En effet, ce dernier a lancé son programme informatique « Itunes Music Store » qui consiste en un juke-box informatisé permettant le téléchargement légal et la lecture de musique digitalisée. A travers ce programme, Apple Corps estimait que l’utilisation du nom et du logo par Apple Computer dans le domaine musical était contraire à l’accord qu’ils avaient passé.

Finalement, le juge désigné pour cette affaire rejeta la plainte d’Apple Corps. Effectivement, celui-ci interpréta l’accord passé comme empêchant Apple Computer de faire utilisation de son logo et nom pour la vente de contenu musical (« music content ») détenu par l’entreprise elle-même mais pas celui détenu par les autres. Apple Computer ne digitalisant que de la musique dont les droits sont détenus par diverses maisons de disque, le juge a estimé qu’ils ne rompaient pas le contrat établit.

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Alain Strowel

Merci — mais attention quand même à l’orthographe et la formulation (et votre conclusion sur Apple v. Microsoft contient une coquille!). Quel conseil à donner?

Thibaud Hecq  
Apple vs Creative technology Il s’agit d’une affaire de violation de brevet. En 2005, Creative (qui est un important concurrent d’Apple et de son ipod sur le marché des baladeurs MP3 avec la gamme Zen) attaque Apple en justice pour avoir violé son brevet déposé à l’office américain des brevets et tente d’obtenir le retrait du marché américan de l’Ipod…
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Apple vs Creative technology

Il s’agit d’une affaire de violation de brevet. En 2005, Creative (qui est un important concurrent d’Apple et de son ipod sur le marché des baladeurs MP3 avec la gamme Zen) attaque Apple en justice pour avoir violé son brevet déposé à l’office américain des brevets et tente d’obtenir le retrait du marché américan de l’Ipod et dépose deux plaintes. Le brevet en question décrit une «une technologie d’interface de navigation dans une liste de fichiers MP3 ». Il s’agit d’une méthode reprise par bon nombre de fabricants, dont Apple. Apple contre-attaque immédiatement et accuse Creative de violer 4 de ces brevets, alors qu’il négociait avec créative dans le cadre de la première affaire.

Face à l’ampleur que prenait l’affaire, et à un brevet difficilement attaquable, Apple préfère cependant retenter de négocier avec son concurrent et il est mis fin au poursuites : Apple versera 100 millions de dollar pour utiliser la technologie de Creative sur ses propres lecteurs.

Il semblerait que cette affaire aie par ailleurs contribué à la prolifération des dépôts de brevets chez Apple ( source : http://www.latribune.fr/technos-medias/electronique/20121009trib000723776/le-jour-ou-steve-jobs-decida-de-breveter-tout-l-iphone.html ). Suite à cette défaite, Jobs aurait donné la consigne de faire breveter toute innovation qui sortirait de chez Apple et qui serait légalement brevetable, quitte à ne s’en servir que dans un but défensif, pour empêcher les concurrent de déposer le même brevet.

Cette prolifération de brevets qui ont menés à ce qu’on connaît actuellement sous le nom de « guerre des brevets », « buissons de brevets » et autre « patent trolls ». Vu le nombre de brevets sur des innovations souvent mineures (le brevet de Créative ne protège qu’une forme de classement qui n’est pas en soi révolutionnaire), les brevets bloquent l’innovation, on ne peut rien inventer sans enfreindre une multitude de brevet, et cela mène les sociétés à s’attaquer les unes les autres en justice.

Déjà dans le cas de cette affaire on voit que dès qu’Apple a été attaquée, la société a riposté avec ses propres brevets. Cela démontre l’importance que ceux-ci ont actuellement dans les relations entre entreprises, que ça soit comme moyen de défense ou d’attaque, pour éviter de devoir payer des licences à un concurrent ou pour attaquer ses concurrents et leur soutirer de l’argent. Tant que la matière des brevet demeurera tel qu’elle est aujourd’hui, une entreprise basée sur l’innovation sera tentée d’adopter une telle stratégie de dépôt de brevet systématique, pour éviter de se retrouver dans la situation qu’à connu Apple dans cette affaire.

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Justine Drèze  
Décrivez deux problèmes de DPI rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011)? Dans le film « Jobs », il est fait référence à un litige qui a eu lieu entre Apple et Microsoft à propos des droits d’auteurs d’Apple sur l’interface utilisateur du Macintosh. Apple avait accordé une licence à Microsoft sur une partie de…
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Décrivez deux problèmes de DPI rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011)?

Dans le film « Jobs », il est fait référence à un litige qui a eu lieu entre Apple et Microsoft à propos des droits d’auteurs d’Apple sur l’interface utilisateur du Macintosh.

Apple avait accordé une licence à Microsoft sur une partie de son interface graphique pour Windows 1.0. C’est lorsque Windows 2.0 est sorti qu’Apple a introduit une action contre Microsoft en 1988, l’accusant d’avoir volé son logiciel, notamment les fenêtres, la souris, les menus déroulant, les icônes… Commence alors une longue saga judiciaire entre Apple et Microsoft.

Selon Apple, le « look and feel » du système d’exploitation de Macintosh était protégé par le droit d’auteur lorsque tous les éléments de l’interface étaient pris ensembles. La Cour a décidé que ces éléments avaient été en partie donnés en licence à Microsoft dans l’accord concernant Windows 1.0 et que ceux qui n’avaient pas été donnés en licence n’étaient pas protégeables par le droit d’auteur, soit parce qu’ils n’étaient pas originaux, soit parce qu’ils constituaient la seule manière d’exprimer une idée particulière (les idées n’étant pas protégées par le droit d’auteur). La demande d’Apple a donc été rejetée.

En 1994, la décision a été en appel, mais Apple a de nouveau perdu.

C’est finalement un accord de grande envergure qui a mis fin au litige entre les deux entreprises dans lequel Microsoft a acheté des actions sans droit de vote à Apple en 1997.

L’enseignement que l’on peut tirer de cette affaire, c’est qu’il vaut mieux négocier directement un accord ou un partenariat, notamment par des licences, plutôt que de se lancer dans des procès qui durent des années. La menace d’une procédure judiciaire bloque en effet la concurrence et donc l’innovation.

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Camille Vanholder  
QUESTION 1 Décrivez deux problèmes de droit de la propriété intellectuelle rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011) ? Le film « Jobs » les aborde. Le film retrace la carrière de Steve Jobs, qui est l’un des fondateurs d’Apple. Grand passionné de l’électronique, il a voulu changer le monde par l’informatique. Avec l’aide d’un…
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QUESTION 1 Décrivez deux problèmes de droit de la propriété intellectuelle rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011) ? Le film « Jobs » les aborde.

Le film retrace la carrière de Steve Jobs, qui est l’un des fondateurs d’Apple. Grand passionné de l’électronique, il a voulu changer le monde par l’informatique. Avec l’aide d’un ami (Steve Wosniak), il met sur le marché le premier ordinateur personnel. Ils créent une entreprise de micro-ordinateurs, appelée « Apple Inc. ». Ils lancent tout d’abord un premier micro-ordinateur (Apple I), mais celui-ci visait un public assez restreint, notamment les personnes dotées de connaissances particulières en informatique. Ensuite, Steve Jobs veut en faire un objet de consommation de masse afin de pouvoir atteindre le grand public. C’est alors que l’ « Apple II » fait son apparition. Mais sous la pression de son grand concurrent IBM, Steve Jobs a l’ambition d’innover (IBM ayant également créé son premier micro-ordinateur inspiré du « Apple II »). Pour se faire, il lance le Macintosh. Il s’agit d’un ordinateur facilement utilisable et doté d’un système d’exploitation. « Apple Inc. » croit alors être arrivé au sommet, mais ignore que des dangers le guettent…

Un premier problème abordé par le film « Jobs » est celui du nom de la marque « Apple Inc. ». Il s’agit donc d’une atteinte au droit de marque.

En effet, dans le début film, lorsque Steve Jobs et Steve Wosniak créent l’ « l’Apple I » en 1976, ils cherchent à le vendre… Mais pour ce faire, il leur faut un nom à donner à leur société. Steve Jobs propose « Apple Computer » car c’est un nom qui « ne s’oublie pas facilement, qui est évident, que les gens se disent merde il m’en faut un » (extrait du film « Jobs ») et aussi car « Apple » représente le fruit de la création. « Apple » c’est simple et sophistiqué. Mais immédiatement, Steve Wosniak demande à Jobs s’il a pensé à « Apple Records » qui est une société détenue par les Beatles depuis 1969. Jobs rétorque que le mot « Apple » ne leur appartient pas. Malgré le fait que Wosniak ne trouve pas cela fair-play, il accepte le nom choisi par Jobs. Celui-ci, pour le rassurer, lui dit que s’ils trouvent mieux plus tard, ils changeront. Aujourd’hui, on ne peut que constater qu’ils n’ont pas trouvé mieux, mais surtout que Jobs avait raison : « Apple » est sur toutes les lèvres.

Cependant, on peut se demander si Steve Jobs avait également raison quand il affirme que le mot « Apple » n’appartient pas aux Beatles ?

Pour rappel, en droit de marque, pour que le signe (verbal, visuel, figuratif ou complexe) soit protégé, celui-ci se doit d’être distinctif (pas « Apple » pour un vendeur de pomme), licite et disponible. Dans notre cas, il y a surtout lieu de s’interroger quand à la disponibilité du signe. En effet, « Apple Corps » est une marque créée en 1968, qui comporte différentes divisions dont « Apple Records » qui est une maison de disque dont le logo est une pomme (en hommage à René Magritte). Ce n’est que plus tard, en 1976, que Steve Jobs crée « Apple Computer », qui deviendra par la suite « Apple Inc. ». Par conséquent, Apple Corps dépose une plainte contre Apple Computer pour atteinte à la marque commerciale. Un accord (1981) est finalement trouvé entre les deux parties: en échange d’une somme d’argent, « Apple Corps » s’engage à ne pas entrer dans le marché de l’ordinateur. Quant à l’entreprise informatique « Apple Computer », celle-ci peut utiliser le nom et logo de la pomme sous réserve de ne pas entrer dans le monde de la musique. Cet accord ne résolu pas les choses car d’autres procès vont suivre…

En 1989, « Apple Computer » s’étant lancé dans l’audio, « Apple Corps » est mécontent de l’usage que celui-ci fait de sa marque. Dès lors, il assigne à nouveau ce dernier en justice. Le procès n’ira cependant pas jusqu’au terme puisqu’en 1991 les deux parties arrivent à un accord après 100 jours de plaidoirie.

En 2001, Apple Computer crée son premier baladeur numérique : l’iPod. Afin de pouvoir fournir l’appareil en musique, la firme lance l’iTunes Music Store (site qui vend de la musique en ligne). Apple Computer entre donc véritablement dans le domaine de la musique… En 2003, considérant cela comme une nouvelle rupture de l’accord, une nouvelle action en justice est introduite.

Qu’ont alors décidé les juges anglais ?

Dans l’affaire Apple Corps Ltd v. Apple Computer, Inc., (2006) EWHC 996 (Ch), le problème concerne l’usage du mot et du logo Apple dans le secteur de la musique. Le Juge E. Mann rejette la demande d’ « Apple Corps » en se basant sur une des clauses de l’accord de 1991 : « The parties acknowledge that certain goods and services within the Apple Computer Field of Use are capable of delivering content within the Apple Corps Field of Use. In such case, even though Apple Corps shall have the exclusive right to use or authorize others to use the Apple Corps Marks on or in connection with content within subsection 1.3(i) or (ii), Apple Computers shall have the exclusive right to use or authorize others to use the Apple Computer Marks on or in connection with goods or services within subsection 1.2 (such as software, hardware or broadcasting services) used to reproduce, run, play or otherwise deliver such content provided it shall not use or authorize others to use the Apple Computer Marks on or in connection with physical media delivering pre-recorded content within subsection 1.3(i) or (ii) (such as a compact disc of the Rolling Stones music). » (Apple Corps Ltd v. Apple Computer, Inc., (2006) EWHC 996 (Ch)). La clause ne couvre pas l’Itunes Music store puisque l’accord de 1991 donnait une exclusivité à « Apple Corps » pour vendre sa propre musique tandis qu’ici l’Itunes Music Store permet de vendre la music d’autres personnes et non de la musique détenue par la société « Apple Inc. » elle-même. Le Juge rejette également d’autres arguments invoqués par « Apple Corps » au motif que les utilisations faites de la marque par « Apple Inc. » étaient en lien avec cet Itunes Music Store.

Un accord final est intervenu en 2007, « Apple Computer » va racheter la marque « Apple Corps », et lui octroie en contrepartie une licence pour les secteurs qui lui sont indispensables pour l’exercice de son activité.

(Sources : http://itlaw.wikia.com/wiki/Apple_Corp_v._Apple_Computer et http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Corps_v._Apple_Computer)


Un deuxième problème que fait apparaître le film « Jobs » concerne le droit de brevet et le droit d’auteur. Ou plus largement la protection des logiciels.

Après avoir abordé le lancement du Macintosh en 1984, le film fait également référence à un autre litige impliquant « Apple Inc. » et son fondateur. En effet, quelque temps après le lancement du Mac, Steve Jobs découvre que Microsoft a copié l’interface utilisée dans le Mac et dans le Lisa. Sous le coup de la colère, Jobs demande à ce qu’on lui passe Bill Gates au téléphone et l’accuse d’avoir volé son logiciel et lui promet de le « poursuivre pour chaque petits cents que le vol lui aura rapporté et qu’il en fait une affaire personnelle et que jamais il ne touchera un dollar dont il a déjà touché 90 cents » (extrait du film « Jobs »). Puisque Microsoft a fait en moins cher une copie du Mac et que J. Sculley avait augmenté le prix du Macintosh pour préserver les profits de la société, le Mac devient rapidement un produit qui n’est pas rentable et qui s’écroule face à des sociétés comme IBM. Le Conseil d’administration, reprochant à Steve Jobs d’avoir surévalué le marché et d’avoir trainé pour mettre au point son produit, finira par le mettre à la porte.

Jobs avait-il raison et la société « Apple Inc. » a-t-elle vraiment assigné en justice Microsoft ?

Apple Inc. avait, pour la création de Windows 1.0., consenti à Microsoft une licence pour l’utilisation de certains logiciels. Cependant, lors de la mise en place de Windows 2.0 et 3.0, « Apple Inc. » assigne Microsoft en justice car la société estime que Microsoft a utilisé certaines composantes (GUI elements : graphical user interface) de l’interface du Macintosh et de Lisa alors que celles-ci n’étaient pas prévues dans la licence. S’en suit alors une longue saga judiciaire. (Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corp., 35F.3d 1435 (9th Cir. 1994))

L’argument principal d’Apple se base sur le droit d’auteur et sur la théorie du « look and feel ». Concrètement, Apple va soutenir qu’il faut regarder l’ensemble des deux interfaces et se demander si on avait l’impression qu’il y avait copie. La « district court », à laquelle « Apple Inc. » s’adresse, ne retint pas cette théorie. Bien au contraire, celle-ci liste les GUI elements qu’on retrouve dans l’interface plutôt que de la considérer comme un tout. La Cour décide alors que sur les 189 éléments identifiés, 179 avaient été donnés en licence à Microsoft et que les 10 restant ne pouvaient pas être protégés par le droit d’auteur (car pour rappel: ne peut consister en une œuvre littéraire et artistique, une simple idée ou quelque chose qui ne serait pas original). « Apple Inc. » perd le procès puisque la Cour réfute son argument et préfère celui de la liste des éléments.

« Apple Inc. », mécontent, fait appel de la décision devant la « circuit court » (The Ninth Circuit Court of Appeals). La Circuit Court renvoie ensuite la décision pour des questions de frais d’avocat mais affirme le jugement de la Cour du district en ce qui concerne le refus de la « look and feel theory » : « almost all the similarities spring either from the license or from basic ideas and their obvious expression… illicit copying could occur only if the works as a whole are virtually identical » (Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corp., 35F.3d 1435 (9th Cir. 1994).

La district court se base, quant à elle, sur la différence entre l’idée et l’expression ou la forme ainsi que sur la condition de l’originalité. Selon elle, il n’y a pas de violation du droit d’auteur puisqu’ « Apple Inc. » ne peut prétendre à un tel droit, étant donné que les fameux éléments repris par Microsoft n’étaient pas des expressions ou la mise en forme d’idées mais bien des idées (comme les fenêtres ou les icônes). Microsoft obtient donc gain de cause.

En 1997, Microsoft et « Apple Inc. » vont faire un accord (a patent cross-licensing agreement) dans lequel Microsoft accepte de développer Microsoft Office pour les Macintosh et « Apple Inc. » promit d’utiliser Internet exploreur comme navigateur.

(Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corporation)

Au regard de ces deux affaires, on pourrait en tirer certains enseignements…

Concernant l’affaire « Apple Corps v. Apple Computer » et donc le droit de marque, il s’agit de ne pas être aussi « prétentieux » que S. Jobs. Bien qu’ « Apple Inc. » ait obtenu gain de cause dans l’affaire exprimée ci-dessus, il vaut toujours mieux éviter un procès qui pourrait faire perdre de l’argent à une société (pensons au coût des avocats) et ternir son image. Le conseil juridique que cette affaire nous enseigne est avant tout de bien s’assurer de choisir, lors de la création d’une marque, un signe qui ne soit pas susceptible d’entrainer des problèmes. On peut également conseiller à une société comme « Apple Corps » d’être très attentive aux termes employés dans un accord concernant l’usage d’une marque. En effet, la technologie avance vite et les possibilités qu’elle offre sont toujours de plus en plus vastes.

Quant au plagiat par Microsoft de l’interface d’ « Apple Inc. », peut-être les juges auraient-ils pu trancher en faveur d’ « Apple Inc. » et accepter son argument du « look and feel ». Mais le problème d’un tel argument est qu’il conduirait à ce que la protection du droit d’auteur soit alors élargie de manière excessive. On retiendra, à contrario, l’analyse de la « district court » qui distingue bien les idées des expressions. On conseillera à une société de faire attention à cette distinction. Il faut également, et comme pour l’affaire « Apple Corps v. Apple Computer », être extrêmement attentif à la rédaction d’un contrat de licence. Il aurait peut-être été plus avantageux pour Apple de déposer un brevet sur cette interface parce que la protection conférée par un brevet est plus étendue. Par contre, un désavantage du brevet est que son dépôt entraine un certain coût d’acquisition (qui est nul ou quasi nul pour le droit d’auteur). La question des logiciels informatiques continue ainsi à poser problème… Est-ce du droit d’auteur ou du droit de brevet ?

Camille Vanholder
Hélène Cambresier

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Léonie Salawa  
L'une des affaires les plus retentissantes de la vie juridique d'Apple concerne cette saga inachevée l'opposant au géant Coréen, Samsung. Une cinquantaine de procès ont été intentés à travers le monde (Corée du Sud, États-Unis, Royaume-Uni, Japon, etc.). L'enjeu est de taille: le design des smartphones et tablettes produits par Samsung est ici remis en question. Apple intenta en 2011 les…
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L’une des affaires les plus retentissantes de la vie juridique d’Apple concerne cette saga inachevée l’opposant au géant Coréen, Samsung. Une cinquantaine de procès ont été intentés à travers le monde (Corée du Sud, États-Unis, Royaume-Uni, Japon, etc.). L’enjeu est de taille: le design des smartphones et tablettes produits par Samsung est ici remis en question.

Apple intenta en 2011 les premiers procès contre Samsung pour violation de ses brevets de conception obtenus en 2007. La plainte d’Apple consiste en ce que de nombreux téléphones et tablettes Samsung portent atteinte à ses droits de propriété intellectuelle: brevets, marque, interface utilisateur et style.

La contre-attaque de Samsung ne tarda pas, Apple fut à son tour poursuivi en justice pour atteinte à des brevets.

S’en suivent alors des affaires complexes et techniques, auxquelles il n’est pas aisé d’apporter une solution. Rien n’est évident en matière de propriété intellectuelle, les faits sont souvent sujets à discussion et interprétations divergentes. D’une cour à l’autre, les décisions des juges ne coincident pas forcément, étant peut-être plus favorables à Samsung en Asie et à Apple aux États-Unis. (1)

C’est véritablement d’une guerre des brevets dont nous sommes les témoins, chaque “participant” essayant de mettre des bâtons dans les roues du concurrent, ennemi ultime. “C’est bien une question de maintien à moyen/long terme de l’avantage concurrentiel”. Dès lors, on peut s’interroger sur la capacité des jeunes entreprises à développer de nouveaux produits: l’innovation est effectivement ralentie du fait de cette “course aux procès” qui permet aux grandes entreprises de maintenir leur avantage et de cloisonner davantage le marché. (2)

C’est une triste dérive. Les droits brandis par certaines entreprises sont au départ conçus afin de les protéger mais sont finalement pervertis et utilisés afin de contraindre ceux qui ne les détiennent pas. Il ne s’agit pas d’un outil d’exclusion mais de protection. Malheureusement, les individus ont tendance à abuser de leur pouvoir plutôt que de l’utiliser à bon escient.

Références:

(1) http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Inc._v._Samsung_Electronics_Co.,_Ltd.

(2) Pour aller plus loin: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/615311-apple-contre-samsung-un-proces-dont-l-objectif-n-a-jamais-trompe-personne.html

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Delaey Thibault  
Dans le film Jobs sorti en 2013, deux des nombreux contentieux relatifs aux droits intellectuels durant la vie d’Apple sont rapidement abordés. 1) Le litige opposant « Apple corps » (plus connu sous le nom d’« Apple records ») et la société dont Steve Jobs est un des fondateurs « Apple Inc. » est un litige s’étalant sur plusieurs années…
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Dans le film Jobs sorti en 2013, deux des nombreux contentieux relatifs aux droits intellectuels durant la vie d’Apple sont rapidement abordés.

1) Le litige opposant « Apple corps » (plus connu sous le nom d’« Apple records ») et la société dont Steve Jobs est un des fondateurs « Apple Inc. » est un litige s’étalant sur plusieurs années concernant la propriété de la marque commerciale.

« La marque est un signe qui peut servir à distinguer les produits d’une entreprise, c’est-à-dire suivant la jurisprudence de la Cour, que ce signe doit posséder ou avoir acquis une individualité telle qu’il est propre à distinguer ce produit de produits similaires et à l’identifier à suffisance comme provenant d’une entreprise déterminée » (Burberrys c/ Bossi, C.J. Benelux, aff. A 90/4 du 16 décembre 1991, C.J. Benelux – Jurisp. 1990, p. 16, attendu 17.)

La marque « Apple » est porteuse d’une réputation, d’une valeur indépendamment des produits auxquelles elle est attachée. Cette valeur, grandissante d’année en année, a fait l’objet de réclamation et s’est soldée, par plusieurs accords consistant pour Apple Inc. à verser une somme d’argent à Apple records.
Le raisonnement est donc de dire qu’Apple Inc. tire indûment profit de la renommée antérieure de la marque Apple records et de demander ainsi des dédommagements.
Des transactions ont été conclues entre les deux parties dans lesquelles Apple records autorise l’utilisation de la marque par Apple à condition de ne pas entrer dans le marché de la musique. Cette condition posera postérieurement problème et sera de nouveau à l’origine des litiges entres les deux marques « à la pomme ».

2) Le deuxième litige mis en évidence dans le film est celui opposant Apple à Microsoft concernant le droit d’auteur portant sur l’interface graphique Mac.
Apple perdu son procès sur la base d’une licence qui avait été préalablement octroyée à Microsoft. L’United States Court of Appeals for the Ninth Circuit jugea également qu’”Apple cannot get patent-like protection for the idea of a graphical user interface, or the idea of a desktop metaphor [under copyright law]…” (cité dans http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corp.#cite_note-courtopinion-2, consulté le 12 février 2014).

Dans le premier litige, on perçoit toute l’importance de se renseigner correctement sur les éventuelles marques pré-existantes. Afin de s’éviter de lourdes sanctions, le plus souvent financières, il peut être plus intéressant de conclure une licence autorisant l’utilisation de la marque ou plus simplement éviter l’usage d’une telle marque.
Dans le second litige, la décision de la Cour est intéressante, l’interface graphique utilisateur ou la « métaphore du bureau » ne peuvent pas être protégées à, elles seules, par le droit d’auteur.

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Jessica Lemer  
L'affaire de propriété intellectuelle pensée à partir du film "Jobs" est celle qui a opposé Apple Corps et Apple Computer Inc. Apple Corps fut fondée par les Beatles en 1968, tandis qu'Apple Computer fut fondée respectivement par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne en 1976. Entre 1978 et 2007, plusieurs contentieux ont opposé les deux firmes :…
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L’affaire de propriété intellectuelle pensée à partir du film “Jobs” est celle qui a opposé Apple Corps et Apple Computer Inc. Apple Corps fut fondée par les Beatles en 1968, tandis qu’Apple Computer fut fondée respectivement par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne en 1976. Entre 1978 et 2007, plusieurs contentieux ont opposé les deux firmes : ils avaient pour objet la marque commerciale Apple.
En 1978, une première plainte est déposée par Apple Corps invoquant la violation par Apple Computer de la marque commerciale Apple. Un premier accord est conclu, en vertu duquel Apple Corps autorise Apple Computer à utiliser le nom Apple ainsi que son logo de la forme d’une pomme. Apple Computer s’engage également à ne pas s’immiscer dans le marché de la musique et ainsi de se restreindre au marché des ordinateurs et des services qui y sont liés, tandis qu’Apple Corps s’engage quant à elle à ne pas entrer dans le marché des ordinateurs.
En 1991, un deuxième accord est conclu, et fait suite à l’initiative d’Apple d’équiper ses ordinateurs de capacités d’enregistrement audio. Apple Computer obtient le droit d’utiliser le nom d’Apple pour des produits ou des services permettant de lire, de reproduire, ou de délivrer du contenu musical numérique, tout en étant interdit de distribuer ou de vendre des supports physiques, tels que des CD’s. Apple Corps conserve quant à elle son droit d’usage du nom Apple pour tout travail artistique, dont le caractère principal est musical.
Enfin, en 2003, Apple Computer lance l’iTunes Music Store, signant de ce fait son entrée dans le monde musical. Apple Corps invoque en conséquence la violation de l’accord antérieurement conclu.
Le procès s’est tenu à Londres en 2006 devant le juge unique de la Haute cour de justice britannique. Le juge a considéré, dans le cas d’espèce, que l’usage du logo d’Apple était juste et présentait une corrélation raisonnable avec le service presté. Cet usage n’impliquait en ce sens aucune association additionnelle avec un travail créatif en lui-même.
En 2007, un accord final est conclu entre les deux firmes, accord qui met fin au procès les opposant. Cet accord prévoit qu’Apple Computer (devenu Apple Inc.) devient propriétaire de toutes les marques liées au nom “Apple” et licencie à Apple Corps celles qui lui sont nécessaires pour l’exercice de ses activités.
Une des fonctions de la marque (propriété industrielle) est de permettre l’identification et la distinction des produits et des services. Elle confère également un monopole d’exploitation du signe. En cas de licence d’utilisation d’un nom qui est aussi une marque commerciale, la distinction des produits et des services doit pouvoir être maintenue (cas d’espèce), afin d’éviter une éventuelle confusion dans le chef du consommateur (circuit économique visé).

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Frankie Picron  
Parmi les litiges, je trouve celui de Apple vs. Samsung particulièrement intéressant parce qu’ils ont enclenché une sorte de « guerre internationale ». Guerre parce qu’ils se battent depuis des années et elle est loin d'être terminée. Internationale parce que le litige l’est (USA, Corée du sud, Japon,etc). Je propose d'attirer l'attention sur d'un jugement rendu en 2012 par…
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Parmi les litiges, je trouve celui de Apple vs. Samsung particulièrement intéressant parce qu’ils ont enclenché une sorte de « guerre internationale ». Guerre parce qu’ils se battent depuis des années et elle est loin d’être terminée. Internationale parce que le litige l’est (USA, Corée du sud, Japon,etc).

Je propose d’attirer l’attention sur d’un jugement rendu en 2012 par la Cour de San José, Californie, qui a traité de cette affaire Samsung/Apple. Vous pouvez le voir sur http://breese.blogs.com/files/apple_samsung.pdf

Ce qui est remarquable, ce n’est pas le montant de dommages/intérêts inhabituellement élevé. C’est davantage le débat de l’obligation des propriétaires de droits intellectuels à breveter de manière raisonnable et non discriminatoire ( RAND ) pour éviter tout abus qui m’intéresse. Les avis sont différents sur le caractère raisonnable des licences de brevets essentiels. (Voir http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20120911trib000718851/affaire-applesamsung-quelles-consequences-sur-le-droit-des-brevets.html).

Cela pose la question de la facilité avec laquelle il est possible de déposer un brevet. Du coup, les entreprises déposent de plus en plus de brevets sur à peu près n’importe quoi. Ce qui peut faire déborder les offices de dépôt par cette charge terrible de travail et qui n’ont plus le temps ni les moyens de procéder à un examen approfondi des demandes et des antériorités. Ça peut être problématique pour l’innovation car ces « patents thicket » font dresser une sorte de barrière à l’entrée sur le marché de la technologie qu’ils exploitent. Les nouveaux entrants sont découragés à l’idée de perdre du temps à contourner les technologies brevetées pour développer leur propre technologie. Cette logique s’applique aussi pour les concurrents car l’innovation est ralentie par le temps consacré pour contourner les brevets des autres.

Cela pourrait avoir de conséquences sur la valorisation et exploitation des brevets aux USA si les juges se mettent à durcir ses jugements, à être plus stricts dans le domaine de la violation des brevets. Si cela arrive, la valeur d’un brevet peut diminuer. Comme les brevets sont moins protégés, les entreprises pourront modifier la manière d’appréhender les brevets et auront moins envie de déposer n’importe quoi après avoir fait la balance « cout du dépôt / bénéfice des actions en réparation » et ne déposeront que des brevets utiles/ nécessaires. Ils perdront l’avantage dans les négociations et devront revoir leur stratégie. En effet, à l‘heure actuelle, avoir déposé beaucoup de brevets donne un signal aux négociateurs. Ils auront aussi plus de mal d’avoir un avantage (lead time) sur les concurrents grâce à leur droit exclusif d’exploitation. Mais en contrepartie, on encourage l’innovation.

Malgré cette guerre, il faut souligner que ces rivaux ont toujours tenté de négocier avant chaque procès. Et qu’ils peuvent bien travailler ensemble car c’est dans l’intérêt de ces deux entreprises.Par exemple, Apple fait appel à Samsung pour que les coréens leur fournissent les processeurs ( Puces A8 … ).

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Alain Strowel

Merci beaucoup, c’est effectivement un sujet de préoccupation dont on reparlera. (Je ne suis pas sûr de vous comprendre quand vous parlez de: “l’obligation des propriétaires de droits intellectuels à breveter de manière raisonnable et non discriminatoire ( RAND ) . Il s’agit d’une obligation d’accorder une licence F/RAND).

Alice Demazy  
Il ressort du film Jobs deux problématiques importantes. A l’occasion de divers passages, il nous a été possible de relever l’importance du design pour la marque Apple ainsi que les questions que posent les vols de programmes et logiciels informatiques. Apple accorde une importance primordiale à l’aspect esthétique de ses différents produits. A tel point que le département…
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Il ressort du film Jobs deux problématiques importantes. A l’occasion de divers passages, il nous a été possible de relever l’importance du design pour la marque Apple ainsi que les questions que posent les vols de programmes et logiciels informatiques.

Apple accorde une importance primordiale à l’aspect esthétique de ses différents produits. A tel point que le département artistique se voit attribuer un budget quasi illimité et est réellement indépendant des autres services (Inside Apple: How America’s Most Admired–and Secretive–Company Really Works, by Adam Lashinsky) . Ce mode de fonctionnement fait transparaitre la volonté de Steve Jobs de voir le produit comme un ensemble parfaitement fini. Dans cette optique, il est dès lors cohérent d’octroyer aux designers une place centrale. Force est de constater qu’Apple a notamment construit sa notoriété grâce à l’esthétique de ses appareils. Dans notre société de consommation, l’aspect visuel du produit est élément avec lequel il faut jouer. Dès lors, les entreprises doivent aussi être innovantes quant au “graphisme” à donner à leurs produits. Au vu des enjeux que l’esthétique peut présenter, il est indispensable de protéger au mieux les designs. Une affaire entre Apple et Samsung illustre bien la problématique. Estimant que la tablette de l’entreprise sud-coréenne était trop semblable à la sienne, Apple a intenté une action en Allemagne en présentant ce qu’elle avait préalablement enregistré. Le juge allemand a donné gain de cause à Apple et a interdit la vente de la tablette Galaxy 7.7 en Allemagne. Il est à noter qu’un dessin ou modèle enregistré au niveau européen sera protégé pendant 5 ans et pourra être prolongé à quatre reprises. S’il n’a pas fait l’objet d’un enregistrement sera protégé pendant 3 ans à compter de la première divulgation au public.

Le problème que pose le vol de technologie est bien illustré dans le film Jobs. En 1985, le père d’Apple demande à Microsoft de Gates de fabriquer des programmes informatiques. Gates est dès lors introduit chez Apple et il est fort à parier qu’il sera mieux informé de ce qui se fait chez Apple. Aucune licence n’ayant été déposée, Gates intègre l’interface créée par Apple tout en mettant au point Windows. Jobs décide de modifier l’accord qui avait été établi préalablement, arguant qu’il ne vaut mieux pas fournir les divers programmes avec le Macintosh. Sans avertir Gates, Apple intègrera à l’ordinateur ses propres programmes . On voit à travers cette confrontation Apple-Microsoft (qui durera jusqu’en 1997) qu’il est important que des brevets protègent les divers programmes et logiciels créés. Ainsi, confronté plus récemment à un vol de technologie, Apple a pu cette fois se défendre et réclamer à Samsung des dommages et intérêts. Apple avait effectivement posé différents brevets. Ces derniers ont été violés par l’entreprise sud-coréenne. Les deux compagnies ont récemment décidé d’entamer une médiation ce 19 février afin de trouver un accord amiable et d’ainsi éviter un nouveau procès prévu pour mars . On comprend aisément la démarche puisqu’un procès aux Etats-Unis coutent extrêmement cher, et ce même avant qu’il ait commencé . Etant donné la durée des procédures, bon nombre d’entre elles sont sujettes à des transactions (95 %) . Au vu de l’énorme contentieux qu’occupent les brevets Outre-Atlantique et du nombre de sièges sociaux que le territoire compte, l’Europe souhaite s’inspirer un peu plus de la pratique américaine . Au niveau des actions européennes, il apparait que l’Allemagne reçoit les faveurs des détenteurs de brevets souhaitant introduire une action en contrefaçon .

Bien que les brevets n’exemptent pas d’éventuels procès ou vols, ils présentent néanmoins l’intérêt de créer des instruments qui pourront être invoqués et qui protègeront les inventions. A l’heure actuelle, il est évident que les enjeux touchant aux brevets sont considérables puisqu’ils permettent notamment d’entrer dans des processus de négociation. Il est donc également indispensable de s’informer sur ce qui a pu être déposé.

Sources : LEROUXI. et BOURGUET F., Litiges de contrefaçon de brevets : Une étude comparative des systèmes juridictionnels, Paris, La Documentation française, 2006.
MacQueen H., Waelde C., Graeme L. et Brown A., Contemporary intellectual property : law and Policy, New-York, Oxford university press, 2008.
http://thenextweb.com/apple/2012/01/24/this-is-how-apples-top-secret-product-development-process-works/#!u6fcu (11 février 2014).
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/09/09/apple-obtient-l-interdiction-d-une-tablette-samsung-en-allemagne_1570081_651865.html (11 février 2014).
http://ichbiah.online.fr/extraits/divers/jobs-gates.htm (11 février 2014).
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0203231556533-guerre-des-brevets-apple-et-samsung-vont-tenter-une-nouvelle-mediation-641685.php (11 février 2014).

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Lippens Tiffanie  

« Pouvez-vous relater une ou deux affaires ayant donné lieu à des procès? Merci de bien cerner en quelques mots la question juridique mais aussi de mettre en lumière la “morale de ces histoires” pour la conduite d’une société innovante ».

Une affaire a particulièrement attiré notre attention : il s’agit de l’affaire Apple Corps v Apple Computer ayant entraîné de nombreux litiges.

Le litige

La dénomination “Apple Computer” choisie par Steve Jobs s’est vue confrontée à la société “Apple Corps” pour des problèmes relatifs au droit des marques.
Une première entente sur le plan juridique a été possible entre les deux sociétés en 1981 : Apple Computer versait 80.000 dollars à l’entreprise des Beatles en échange de quoi elle pouvait utiliser le nom “Apple” et à condition toutefois de s’engager à ne pas se lancer dans le marché de la musique pour ne entrer en concurrence avec Apple Corps.
L’entente fut cependant violée, en 1991, par l’équipement des ordinateurs Apple de systèmes d’enregistrements audio, de systèmes de connexion, d’instruments et de fonctions de lectures de musiques. A la suite d’un deuxième litige, un deuxième terrain d’entente fut trouvé : 26,5 millions de dollars furent versés à Apple Corps en échange du droit pour Apple Computer d’utiliser la dénomination “Apple” pour lire, reproduire ou délivrer de la musique, sans toutefois la commercialiser ou la distribuer.
Lorsqu’en 2001 et en 2003, Steve Jobs lança l’iPod et l’iTunes Music Store, sa société rencontra un troisième conflit avec Apple Corps en raison de la commercialisation du contenu musical. Une plainte fut donc déposée par Apple Corps contre Apple Computer pour rupture d’accord et le procès se déroula devant la Haute Cour de justice à Londres en 2006. Le juge anglais donna raison à Apple Computer estimant qu’il n’y avait aucune rupture d’accord. Apple Corps, insatisfait de la décision, interjeta appel plus tard dans l’année.
Une solution fut finalement trouvée : Apple Computer (devenu entre temps Apple Inc.) devint titulaire du droit de la marque Apple et octroya les licences nécessaires à Apple Corps pour son activité.
Apple Computer a également rencontré d’autres litiges similaires en droit des marques : notamment avec la Victoria School of Business and Technology; ainsi qu’avec Woolworths dont les logos représentaient des pommes.

Les marques

La marque a une fonction d’indication de l’origine du produit ou du service et permet ainsi de certifier au consommateur la provenance de celui-ci. L’avantage principal de l’enregistrement d’une marque pour son titulaire est le droit d’usage exclusif qui en découle sur un territoire ou une période limitée. Ce droit exclusif revenait, en principe, à Apple Corps et aurait du être respecté par Apple Computer. De nombreuses plaintes en contrefaçon ont été déposées par la société Apple Corps à l’encontre d’Apple Computer. Ces deux entreprises sont toutefois, la plupart du temps, parvenues à trouver un terrain d’entente, selon nous, en raison de la position sur le marché et du capital notable d’Apple Computer.
Une marque peut être cédée, vendue, mise en gage à une banque ou encore octroyée en licence à ceux qui voudraient en faire usage. C’est ce qu’il s’est ironiquement passé après 2006 lorsqu’Apple Computer est devenu propriétaire de la marque et qu’il a attribué à Apple Corps les licences dont ils avaient besoin.

Conseils

Sur base des critères donnés par le SPF économie, nous conseillerions à toute nouvelle entreprise, d’entamer avant toute chose une procédure en plusieurs étapes.
D’une part, il est primordial de bien identifier l’objet que vous désirez protéger par le droit de la marque ainsi que le signe s’y rattachant.
D’autre part il faut veiller à remplir les conditions de protection qui sont la distinctivité, la disponibilité relative, la licéité et les conditions de dépôt et d’enregistrement. Si toutes ces conditions sont remplies, vous vous assurez une sécurité en termes de litiges éventuels, ce qui peut s’avérer vital quand on lance son entreprise et qu’on ne dispose pas des moyens dont dispose Apple.
Enfin, il est important que vous choisissiez de manière réfléchie le lieu où vous désirez que votre marque soit protégée (Benelux, UE ou procédure internationale).

Chloé Goffinet, Tiffanie Lippens, Catherine Thiry

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Clément Chaumont  
Comme illustré très clairement dans le film, le chemin à parcourir afin de créer une société telle qu’Apple et de la faire prospérer est parsemé de nombreuses embûches. Celles-ci sont non seulement d’ordre technique, financière ou relationnel, mais elles peuvent également être d’ordre juridique. En effet, à chaque stade de la création et du fonctionnement d’une société, des obstacles juridiques…
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Comme illustré très clairement dans le film, le chemin à parcourir afin de créer une société telle qu’Apple et de la faire prospérer est parsemé de nombreuses embûches. Celles-ci sont non seulement d’ordre technique, financière ou relationnel, mais elles peuvent également être d’ordre juridique. En effet, à chaque stade de la création et du fonctionnement d’une société, des obstacles juridiques font irruption, à charge pour les créateurs, gérants ou administrateurs de composer avec ceux-ci afin d’éviter tout litige. Nous pouvons citer, par exemple, la protection des marques qui veut qu’une société embryonnaire ne puisse choisir une dénomination qui aurait pour effet de provoquer une confusion avec celle d’une autre société, le droit des brevets qui a pour avantage de protéger les innovations techniques d’une société ou encore le droit d’auteur qui confère une protection aux créations artistiques réalisées au sein de la société. Une entreprise de l’ampleur, de la popularité et de l’échelle d’Apple fut évidemment confrontée à de très nombreux litiges relatifs à sa propriété intellectuelle et l’est encore aujourd’hui. La société à la pomme est de plus connue comme étant une compagnie qui fait valoir ses droits intellectuels plus souvent qu’à son tour. Effectivement, les affaires dans lesquelles Apple a été demandeur ou défendeur sont légion et certaines font office, encore aujourd’hui, de jurisprudence aux États-Unis dans le domaine des droits de la propriété intellectuelle.

Le litige que l’on peut voir brièvement apparaître dans le film et qui a le don de faire sortir Steve Jobs de ses gonds est la célèbre affaire Apple Computer, Inc. v. Microsoft Corp.
En effet, selon la compagnie à la pomme, qui venait de sortir son Macintosh, le design du nouveau Windows 2.0 constituait une violation du droit de propriété intellectuelle d’Apple en ce qu’il était trop ressemblant avec les éléments graphiques de leur dernier bijou.
Ils plaidèrent effectivement que l’ensemble du système du Macintosh était protégé par le droit d’auteur et que cet ensemble était plus important que chaque élément pris séparément. Apple s’est défendu par cet argument car l’entreprise avait, au moment de la sortie du Windows 1.0, accepté de concéder une licence à Microsoft pour certains éléments de son interface. Or, sur les 189 éléments sur lesquels Apple s’est basé pour porter plainte contre Microsoft, 179 étaient compris dans cette licence. La Cour ayant jugé les dix restants comme non protégeables par le droit d’auteur en ce qu’ils étaient le seul moyen d’exprimer une idée particulière, Apple fut débouté et n’obtint pas gain de cause en appel.

Ce que l’on peut retenir de cette intéressante affaire est que ce qu’Apple appelait le « look and feel », c’est-à-dire l’utilisation générale du système d’exploitation n’a pas été retenu comme un élément protégeable par la Cour. En effet, celle-ci a rappelé que l’expression des idées était bel et bien protégée par le droit d’auteur mais non pas les idées en elle-même. C’est pourquoi elle débouta Apple qui clamait que l’idée des fenêtres, icônes ou encore leur manipulation était protégée par le droit d’auteur.

Il est aussi intéressant de souligner la décision de la Cour qui a refusé d’octroyer une protection à des éléments qui sont le seul moyen d’exprimer une idée particulière. Selon nous, il est important que certaines choses ne puissent se voir couvertes par le droit d’auteur, qu’elles restent dans le « domaine public ». En effet, à l’ère d’une industrialisation et d’une appropriation à outrance, il est plutôt bon que certains éléments soient encore susceptibles d’être utilisés par tout un chacun sans devoir toujours se poser la question de l’existence d’une éventuelle protection juridique. Il est clair que cela peut permettre à des sociétés débutantes de se lancer en utilisant des éléments de base qui appartiennent à tous. Après, nous estimons également capital que les moyens de production, les créations innovantes soient protégées afin que le génie humain et l’esprit d’entreprendre soient encouragés. Cet esprit d’entreprise, de toujours vouloir aller plus loin se retrouve chez Steve Jobs, presque de manière maladive, raison pour laquelle il restera à jamais une icône, un exemple de personne qui a fait avancer le monde de la technologie de manière exponentielle. Esprit sur lequel chaque jeune entrepreneur devrait prendre exemple, en faisant néanmoins attention de ne pas tomber dans l’excès comme ce fut le cas de Steve Jobs.

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Anissa Belkhazri  
Le démêlé judiciaire relatif à la propriété intellectuelle soulevé dans le film « Jobs » est la violation des droits d’auteur d’Apple par Microsoft. A la lumière de la jurisprudence, la question des interfaces graphiques retiendra notre attention dans la suite des développements. Apple détenait un droit d’auteur sur son interface utilisateur graphique développée pour le « Lisa » et le…
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Le démêlé judiciaire relatif à la propriété intellectuelle soulevé dans le film « Jobs » est la violation des droits d’auteur d’Apple par Microsoft. A la lumière de la jurisprudence, la question des interfaces graphiques retiendra notre attention dans la suite des développements.

Apple détenait un droit d’auteur sur son interface utilisateur graphique développée pour le « Lisa » et le Macintosh. Lors de la commercialisation du Windows 1.0, il s’est avéré que Microsoft avait violé ce droit d’auteur en s’appropriant l’interface utilisateur graphique du Macintosh d’Apple. Suite à une plainte de ce dernier, les deux géants se sont accordés (Accord de 1985) sur l’octroi d’une licence de cette interface utilisateur graphique à Microsoft. Au moment de la mise en vente de Windows 2.03, Apple a considéré que cette version dépassait les limites de la licence et a estimé que son droit d’auteur avait été violé. Il a intenté une action en justice contre Microsoft. En première instance, la demande faite en justice d’Apple a été rejetée. L’entreprise se pourvoit alors en appel.

Dans le cas d’espèce, pour pouvoir répondre à ce pourvoi, la cour d’appel a décidé d’examiner chaque élément isolément (Apple Computer Inc. v Microsoft Corp. 35 F.3d 1435 (9th Cir. 1994)). L’entreprise n’a pas partagé cette vision et a plaidé plutôt pour une comparaison du tout plutôt qu’une comparaison de chaque élément pris à part. Dans sa défense, Apple a invoqué la notion du « look and feel » ou l’interface utilisateur graphique qui fait référence au programme tel qu’il apparait aux utilisateurs à l’écran, par exemple, les fenêtres et les icônes (A comprehensive current analysis of software look and feel protection-Part I, Computer Law & Security Review, Volume 11, Issue 6, Nov.–Dec. 1995, p. 304-317). Selon lui, pour pouvoir arriver à la conclusion d’une violation de son droit d’auteur, il faut analyser l’œuvre dans son ensemble. Apple fut également débouté en appel.

Depuis lors, les droits d’auteur relatifs au software se sont considérablement développés, tant aux USA que dans l’Union européenne. Les logiciels d’ordinateur sont considérés comme étant des œuvres littéraires et artistiques protégés par le droit d’auteur pour autant qu’ils soient originaux. Cette assimilation implique une difficulté particulière, à savoir le champ de cette protection (B. Docquir, Les programmes d’ordinateur et le droit, I.R.D.I, 2013, p. 143).

Au sein de l’UE, la directive 2009/24/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 concernant la protection juridique des programmes d’ordinateur confère un droit d’auteur pour autant que l’œuvre de l’auteur soit originale. Cette directive protège l’expression des idées relatives aux interfaces, mais exclut les idées et principes à la base de ces interfaces (P. Samuelson, The past, present and future of software interoperability rules in the European Union and Unites States, European Intellectual property review, p. 232).

La Cour de justice de l’Union européenne est récemment intervenue pour apporter des éclaircissements en ce qui concerne « la copie des éléments dits « non littéraux » d’un programme d’ordinateur, à savoir ceux autres que le code proprement dit, en vue de créer des programmes « clones » sans avoir eu accès au code source ni au code objet du programme premier » (B. Docquir, Les programmes d’ordinateur et le droit, I.R.D.I, 2013, p. 142). Dans le cas SAS Institute Inc. contre World Programming Ltd, la CJUE a dû se prononcer quant à l’application des droits d’auteur aux interfaces. Dans sa jurisprudence, elle invoque l’importance des logiciels d’ordinateur dans le développement de nombreux secteurs. En effet, dans le but de ne pas entraver l’innovation, elle ne permet pas la monopolisation des idées. Effectivement, l’esprit de la directive est double, d’une part, il y a une volonté du législateur européen d’inclure dans le champ de protection l’expression des interfaces et d’autre part, la détermination de promouvoir le progrès technologique. Cependant, la CJUE décida d’interpréter l’interopérabilité énoncée dans la directive de manière abstraite. « Conformément à l’article 1er, paragraphe 1, de la directive 91/250, les programmes d’ordinateur sont protégés par le droit d’auteur en tant qu’œuvres littéraires au sens de la convention de Berne. Le paragraphe 2 de cet article étend une telle protection à toutes les formes d’expression d’un programme d’ordinateur. Il précise, néanmoins, que les idées et les principes à la base de quelque élément que ce soit d’un programme d’ordinateur, y compris ceux qui sont à la base de ses interfaces, ne sont pas protégés par le droit d’auteur en vertu de ladite directive » (CJUE (Grande chambre) n° C-406/10, 2 mai 2012 (SAS Institute)).

Avec le développement des logiciels, la législation et la jurisprudence ont dû trouver un compromis entre la protection des droits d’auteur et la liberté permettant aux idées innovantes de progresser.

En ce qui concerne la « moralité » au sein d’une société innovante, nous pensons que dans un monde où l’éthique dans les affaires prend une place de plus en plus grande, la violation des droits d’auteur par une entreprise pourrait entacher son image de marque. Aujourd’hui, l’enjeu est d’être innovant dans le but de contribuer à la croissance et apporter une pierre à l’édifice de la connaissance et non pas essayer de s’approprier le fruit du travail de recherche et développement d’une autre firme.

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Alain Strowel

Bonnes sources récentes, on en reparlera d’ailleurs de SAS Institute — mais vous vous êtes un peu éloignée du film. C’est un parti pris

Pochet Samuel  
Vers la fin du film « Jobs », une scène met en lumière un différent ayant opposé Apple à Microsoft concernant l’utilisation par ce dernier d’un système d’exploitation (Windows) constituant, selon Steve Jobs, une copie parfaite du logiciel utilisé par Apple sur ses Macintosh. Le contexte est le suivant : le système d’exploitation incorporé dans les machines Macintosh et Lisa utilise…
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Vers la fin du film « Jobs », une scène met en lumière un différent ayant opposé Apple à Microsoft concernant l’utilisation par ce dernier d’un système d’exploitation (Windows) constituant, selon Steve Jobs, une copie parfaite du logiciel utilisé par Apple sur ses Macintosh.

Le contexte est le suivant : le système d’exploitation incorporé dans les machines Macintosh et Lisa utilise une interface graphique (« graphical user interface » ou GUI).
En 1985, Apple a concédé une licence d’utilisation de certains éléments de son interface graphique à Microsoft pour le développement de Windows 1.0 (il s’agissait de licences croisées puisque Microsoft a également concédé une licence à Apple).

Cependant, l’ajout dans Windows 2.03 par Microsoft d’autres caractéristiques se trouvant dans l’interface graphique du Macintosh a déclenché une saga juridique ayant débuté en 1989 pour se terminer en 1994. Cette saga est principalement focalisée sur le champ d’application de la licence concédée par Apple : est-ce que les caractéristiques des logiciels Windows 2.03 et 3.0 rentrent dans le champ d’application de la licence concernant Windows 1.0 ? Dans le cas contraire, est-ce que les caractéristiques de l’interface graphique d’Apple sont protégées par le droit d’auteur ?

Apple a soumis dans l’affaire Apple II (25 juillet 1989) 189 éléments similaires (selon Apple) à son interface graphique dont, notamment, le design et l’apparence des boites de dialogue, le design et l’apparence des menus, etc.

Dans l’affaire Apple V (7 aout 1992), la District Court de Californie a estimé que la majorité des caractéristiques de Windows tombaient dans le champ d’application de la licence de 1985. Concernant les éléments ne tombant pas dans le champ d’application, elle a estimé qu’ils n’étaient pas protégeables par le droit d’auteur soit parce que les éléments graphiques étaient de simples idées (en vertu de la dichotomie idée/expression, seule l’expression peut faire l’objet d’une protection), soit étaient des composants purement fonctionnels du logiciel, soit étaient dépourvu d’originalité.

L’exception (codifiée dans le 17 U.S.C. §102 (b)) en raison de la fonctionnalité est intéressante car elle peut s’appliquer à de nombreuses caractéristiques liées aux interfaces graphiques. Elle est appelée « merger » ou encore « scenes a faire doctrine » et signifie qu’il n’y a pratiquement qu’une façon d’exprimer une idée.
Par exemple, la District Court a décidé que l’animation permettant de faire glisser les icones sur l’interface graphique est un procédé fonctionnel indispensable à l’idée de manipuler les icones par une souris (point 1039 de la décision). La juridiction ajoute que seule l’expression artistique dans le déplacement de l’icône peut être protégée (comme par exemple le changement d’apparence de l’icône lors de son déplacement).

Suite à cette décision, Apple est allé en appel devant la Court of Appeals (décision du 19 septembre 1994) et cette dernière a confirmé la décision de la District Court permettant à Microsoft de produire, sur la base de la licence de 1985, des logiciels similaires à celui se trouvant sur le Macintosh d’Apple.

Il est à noter que pendant cette saga, la société Xerox (qui a développé les GUI dont Apple s’est inspiré) a introduit un procès à l’encontre d’Apple pour des raisons similaires ayant poussé Apple à agir contre Microsoft. Mais celle-ci a été déboutée pour des raisons de délais de procédure. La question relative à la violation par Apple du droit d’auteur de Xerox n’a donc pas été tranchée.

En conclusion, cette jurisprudence américaine met en lumière la difficulté pour le créateur d’un logiciel de la préserver sous toutes ses facettes à travers le droit d’auteur. En effet, chacun des éléments du logiciel passent sous la loupe de la juridiction afin de déterminer le caractère protégeable ou non de l’élément envisagé.
Dans ces conditions, il est alors conseillé aux créateurs de logiciels de faire preuve d’une originalité manifeste afin de se mettre sous la protection du droit d’auteur mais, on l’a vu, l’exception fonctionnelle est un problème difficilement soluble sous l’angle des multiples caractéristiques des logiciels…

http://itlaw.wikia.com/wiki/Apple_v._Microsoft#cite_ref-2
http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corporation
http://www.newmaconline.com/tech-giant-showdown-microsoft-vs-apple_2010-06-02/
http://www.freibrun.com/articles/articl12.htm
– Apple II (25 juillet 1989) :
http://scholar.google.com/scholar_case?case=13104543942193384920&q=35+F.3d+1435&hl=en&as_sdt=2006
– Apple V (7 aout 1992) :
http://scholar.google.com/scholar_case?case=6384807454437464040&q=35+F.3d+1435&hl=en&as_sdt=2006
– Court of appeals (19 septembre 1994) :
http://scholar.google.com/scholar_case?case=17794375458513139314&q=35+F.3d+1435&hl=en&as_sdt=2002

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Alizee Stappers  
Apple Computer, Inc. V. Microsoft Corporation (1994) Dans le film « Jobs », est notamment relatée une éventuelle copie du « GUI » (graphical user interface) d’Apple, réalisée par Microsoft. Sur quel droit se base Apple pour poursuivre Microsoft devant les juridictions américaines ? Le droit d’auteur (copyright infringement). Cependant, Apple avait donné en licence certaines parties de son « GUI »…
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Apple Computer, Inc. V. Microsoft Corporation (1994)

Dans le film « Jobs », est notamment relatée une éventuelle copie du « GUI » (graphical user interface) d’Apple, réalisée par Microsoft.

Sur quel droit se base Apple pour poursuivre Microsoft devant les juridictions américaines ? Le droit d’auteur (copyright infringement). Cependant, Apple avait donné en licence certaines parties de son « GUI » à Microsoft pour son usage dans la version Windows 1.0. Le problème est survenu lorsque Microsoft lança la deuxième et la troisième version de Windows où il dépassa la licence accordée par Apple.

Devant la Cour d’appel (9th Circuit), Apple avança comme argument que le « look and feel » du système opérateur de Macintosh, pris dans son ensemble, était protégé par le droit d’auteur. De plus, chaque élément individuel de l’interface n’était pas aussi important que tous ces éléments pris dans leur ensemble.

Toutefois, la Cour décida de regarder les éléments individuellement et que 179 des 189 éléments listés par Apple avaient déjà été donnés en licence à Microsoft. Quant aux 10 restants, ceux-ci ne pouvaient pas faire l’objet d’un copyright (car ils ne sont pas « originaires » d’Apple ou qu’ils étaient le seul moyen d’exprimer une idée).

Dans le jugement, la District Cour estima qu’il fallait une identité virtuelle entre Windows et Macintosh pour pouvoir prouver que le droit d’auteur avait été enfreint. Selon Apple, cette vision était trop étroite.

Décidant d’aller en appel devant la Ninth Circuit Court of Appeals, Apple contesta l’approche de la Circuit Court, basée uniquement les éléments « individuels » du « GUI ».

Malchance pour Apple, la Cour d’appel confirma le jugement (« almost all the similarities spring either from the license or from basic ideas and their obvious expression… illicit copying could occur only if the words as a whole are virtually identical »).

A titre d’observations, nous pouvons noter que le procès devant les juridictions américaines relevait plutôt du domaine contractuel que des droits sur la propriété intellectuelle, et ce à cause de la licence donnée par Apple à Microsoft.

De plus, la Cour refuse d’établir un précédent concernant un droit d’auteur sur le « look and feel ».

Quelles leçons Apple devrait en tirer ? Etant donné qu’à l’époque il s’agissait d’un domaine particulièrement innovant, Apple aurait du faire preuve d’une très grande prudence lorsque celle-ci donna en licence une partie de son « GUI ». Elle aurait pu éventuellement essayer de déduire de la jurisprudence antérieure quelle aurait été la position des juridictions américaines, mais avec beaucoup d’incertitudes. La position la plus sage, sans doute, aurait été de stipuler explicitement dans la licence qu’Apple n’attribuait pas de licence pour les futures versions de Windows (2, 3), et conserverait ainsi son copyright (ou bien, Apple pourrait décider de renouveler à chaque fois la licence).

Rappelons qu’en matière de technologies, la jurisprudence évolue avec celles-ci et reste relativement instable. Il faut donc se prémunir au maximum contre les potentielles atteintes aux droits sur la propriété intellectuelle, veiller à ce que les droits soient “solides” (càd, ne pas être aisément contestables).

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Valentin Debelder, Catherine Deliège et Aurélie Van Oost  
Premier problème Le premier problème de propriété intellectuelle rencontré par Apple Inc. concerne les poursuites intentées contre Microsoft en 1988. Apple Inc. reprochait à Microsoft d’avoir enfreint ses droits d’auteur sur les interfaces graphiques créées par Apple. En 1984, Apple Inc. avait, en effet, développé un système de manipulation de l’écran via notamment une souris, des onglets ou encore un…
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Premier problème

Le premier problème de propriété intellectuelle rencontré par Apple Inc. concerne les poursuites intentées contre Microsoft en 1988. Apple Inc. reprochait à Microsoft d’avoir enfreint ses droits d’auteur sur les interfaces graphiques créées par Apple.

En 1984, Apple Inc. avait, en effet, développé un système de manipulation de l’écran via notamment une souris, des onglets ou encore un menu déroulant, concepts alors nouveaux en informatique. La question débattue était celle de savoir, si Apple Inc. détenait un droit d’auteur sur cette création.

Microsoft était, en effet, accusé d’avoir copié le concept développé par Apple, lui-même accusé d’avoir volé l’idée à Xeros.
Le raisonnement de la Cour fût le suivant : il n’y a pas de protection des droits intellectuels sur une idée graphique et les plaintes d’Apple ont été majoritairement déboutées.

Une telle conception a été traduite chez nous dans les Accords Internationaux sur la Protection des Droits Intellectuels (ADPIC) dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce. Son article 9, 2 nous dit : « La protection du droit d’auteur s’étendra aux expressions et non aux idées, procédures, méthodes de fonctionnement ou concepts mathématiques en tant que tels ».

Ne peut-on néanmoins pas en penser que cette conception restreinte des droits intellectuels sur les créations graphiques par la Cour américaine et par l’ADPIC est injuste ?

Deuxième problème

Un second problème apparaît en avril 2011 alors qu’Apple a sorti l’iPhone et l’iPad, Samsung lance les produits de la gamme « Galaxy », produits similaires à ceux développés par l’entreprise américaine.

Une plainte est alors déposée par Apple pour contrefaçon des brevets, dessins et marques ainsi que pour concurrence déloyale. S’ensuit une guerre entre les deux entreprises pourtant partenaires (Samsung produit, en effet, les composantes des produits Apple).

Il convient de noter que le droit de la concurrence est invoqué dans le cadre d’un litige en propriété intellectuelle. Apple estimait les recettes perdues sur cette base à près de 2,5 milliards de dollars.

En aout 2012, la Cour fédérale du district de la Californie a condamné Samsung pour la violation de la quasi-totalité des brevets et dessins ainsi que pour concurrence déloyale pour un montant de plus d’un milliard de dollars de dommages et intérêts.

Samsung a fait appel de cette décision dont le montant de la condamnation a été revu à la baisse.

Conclusion

En conclusion, il est important pour une société de protéger ses créations. Toutefois, même protégées, ces dernières ne sont pas à l’abri d’une contrefaçon. C’est ce qui ressort de l’affaire Apple c. Samsung.

Cependant, le fait de demander à une société tierce (en l’occurrence, Samsung) de produire les composantes de ses produits accroit le risque de contrefaçon. En effet, toute la politique de production d’Apple se base sur une sous-traitance.

Notre avis est donc qu’il faut faire attention en utilisant cette pratique de sous-traitance, bien qu’elle permette de limiter le risque économique lié à la production. Néanmoins, il faut noter qu’un contrat rédigé de façon adéquate pourrait pallier à ce risque de contrefaçon.

Valentin Debelder, Catherine Deliège et Aurélie Van Oost.

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Alain Strowel

Réponse efficace, bien. (Je n’ai pas compris: “le fait de demander à une société tierce (en l’occurrence, Samsung) de produire les composantes de ses produits accroit le risque de contrefaçon.”?)

Neisen Gladys  
J’ai décidé de relater les faits concernant l’affaire Apple Corp. (compagnie fondée par les Beatles) contre Apple computer (compagnie informatique) devenue Apple Inc. concernant le litige portant sur la propriété de la marque commerciale « Apple ». Le logo de la compagnie créée par les Beatles était représenté par une pomme Granny Smith et ce, en hommage au…
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J’ai décidé de relater les faits concernant l’affaire Apple Corp. (compagnie fondée par les Beatles) contre Apple computer (compagnie informatique) devenue Apple Inc. concernant le litige portant sur la propriété de la marque commerciale « Apple ».

Le logo de la compagnie créée par les Beatles était représenté par une pomme Granny Smith et ce, en hommage au tableau de René Magritte acquis par Paul McCartney. De l’autre coté, Apple computer fut Crée par Steve Jobs et Steve Wosniack. Ils utilisèrent aussi comme logo une pomme et comme nom « Apple ».

En 1978, Apple Corp. porte plainte contre Apple computer pour violation de marque commerciale. Ils trouvent finalement un accord selon lequel Apple Corp. permet à Apple computer d’utiliser le nom « Apple » et le logo de la forme d’une pomme. Apple computer s’engage à ne pas entrer dans le marché de la musique et se contenter du marché des ordinateurs. Afin d’éviter que le consommateurs puisse confondre ces deux compagnies, qui finalement n’ont aucun lien l’une avec l’autre.

En 1986, Apple Computer commence à équiper ses ordinateurs de nouvelles capacités liées à la musique. Conséquence, Apple Corp. le poursuit en justice pour infraction à l’accord convenu auparavant. Un nouvel accord est alors conclut entre les deux parties. En contrepartie d’une certaine somme d’argent, Apple computer obtient le droit d’utiliser son nom pour des produits ou service permettant de reproduire, lire ou délivrer du contenu musical numérique sans pouvoir néanmoins vendre des supports physiques ( CD). Les Beatles quant à eux conservent leur droit d’usage du nom Apple.

En 2001, Apple Computer. lance un site de vente de musique en ligne ( Itunes) . Apple Corp. Y voit une rupture d’accord et porte plainte contre Apple Computer. Le juge donne raison à Apple Computer vu qu’aucune violation d’accord n’a été démontrée étant donné que la marque a été utilisée en rapport avec le logiciel et non avec la musique fournie par le service. Apple Corp. Amènera l’affaire devant la cour d’appel.

En 2007, un accord final a été conclut entre les deux compagnies. Apple Computer ( Inc.) devient propriétaire de la marque « Apple » et licencie à Apple Corp. Ce qui lui est nécessaire pour exercer son activité.

Commentaires:

Les deux compagnies ont conclues un accord de coexistence de marques pour éviter les conflits qu’il pouvait exister du fait qu’elles possédaient une marque similaire et ce, même si celle-ci portait sur des produits ou service différents. En effet, Apple computer avait le droit exclusif d’utiliser sa marque sur le marché des ordinateurs à l’exclusion du marché de la musique qui était l’exclusivité d’Apple Corp. Un problème est survenu lorsqu’Apple Computer a crée le magasin Itunes. N’y avait-il pas là un empiètement sur les droits exclusifs reconnus à Apple Corp. ? Et donc une violation de l’accord de coexistence ? bien sur que si et c’est là que se situe tout le problème. En effet, cet empiètement a fait que Apple Computer se retrouvait aussi sur le marché de la musique, il y avait donc une même marque pour un même marché. Le souci majeur dans ce genre de situation c’est que les consommateurs ne parviennent plus à distinguer les produits/services provenant finalement de deux compagnies différentes. Ils les voient tous comme provenant d’une seule et même entreprise.

Quelle est la leçon à tirer de cette affaire ?

Afin d’éviter tout conflit, je pense qu’il est préférable d’avoir son propre logo, sa propre marque. Pour ce faire, il faut s’assurer qu’il n’en existe pas une identique sur le marché pour un produit similaire. C’est à dire qu’elle ne soit ni déjà enregistrée ni déjà utilisé sur le marché. Avoir une marque / logo original évite pas mal de soucis de propriété intellectuels. L’idéal est de se renseigner et de faire un choix sur base des résultats de nos recherches.

Une autre possibilité est d’obtenir une licence de marque de la part du titulaire de celle-ci ou encore acquérir une marque suite à la cession de celle-ci par son titulaire si notre volonté est de disposer d’une marque qui existe déjà.

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Mélanie Joseph  
Analyse du Film « Jobs » Sorti en 2013, peu après la mort de son héros, le film « Jobs » retrace l’ascension fulgurante de la société Apple Inc. grâce à la conception visionnaire de son créateur, Steve Jobs. Le juriste averti peut y repérer certaines problématiques de droit de la propriété intellectuelle auxquelles l’entreprise a été confrontée. L’analyse suivante porte…
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Analyse du Film « Jobs »
Sorti en 2013, peu après la mort de son héros, le film « Jobs » retrace l’ascension fulgurante de la société Apple Inc. grâce à la conception visionnaire de son créateur, Steve Jobs. Le juriste averti peut y repérer certaines problématiques de droit de la propriété intellectuelle auxquelles l’entreprise a été confrontée. L’analyse suivante porte sur le commentaire général de deux d’entre elles.

La guerre des pommes
Dans le film, avant même la création de leur société, les deux compères Steve Jobs et Steve Wozniak se trouvent confrontés au difficile choix du nom commercial de leur future entreprise. Ca sera « Apple Computer », un nom qui, dans le film, est directement associé par Steve Wozniak au « Apple Records » des Beatles. De fait, Apple Records, créée en 1968 par les Beatles dans le domaine de l’industrie du disque, utilise déjà un nom et un logo similaires à ceux choisis par Apple Computer Inc. Il s’ensuit une action intentée en 1978 par Apple Records pour violation de ses droits sur la marque commerciale « Apple ». En 1981, Apple Inc. s’engage, dans un accord conclu avec Apple Corps, à maintenir ses activités hors du champ de l’industrie musicale. Apple Corps poursuivit néanmoins à plusieurs reprises son adversaire pour violation de cette convention jusqu’en 2007 où survient un accord définitif.
Cette saga judiciaire illustre l’importance, lors de la création d’une société, du choix de la de sa dénomination sociale et de ses éventuelles marques. Une marque choisie devra ainsi être licite, disponible et distincte de toute autre marque pour éviter de créer une quelconque confusion entre elles.

Le choc des géants
Une autre scène du film fait écho à un conflit de propriété intellectuelle entre Apple Computer Inc. et Microsoft : Steve Jobs, hors de lui, accuse Bill Gates de lui avoir volé l’interface graphique du Macintosh. Ses menaces de poursuites sont mises à exécution, ce qui marque le début d’une saga judiciaire entre les deux géants de l’informatique. Etant donné que les programmes d’ordinateur sont considérés comme des œuvres littéraires, le litige évoqué dans le film porte sur les droits d’auteur d’Apple sur l’interface. Dans la scène du film, Steve Jobs ne supporte pas que Microsoft réalise le moindre profit grâce au vol du logiciel dont il est le créateur. Il revendique la titularité du droit d’auteur, un droit qui lui confère de manière exclusive les droits d’exploitation et les droits à rémunération.

L’accusation de plagiat contre Microsoft se soldera définitivement par la perte du procès par Apple en 1994. La Cour mit notamment en évidence une des limites du droit d’auteur, en précisant que “Apple cannot get patent-like protection for the idea of a graphical user interface, or the idea of a desktop metaphor [under copyright law]…”.
Lorsque Apple, alors en proie à de grosses difficultés financières, menaça Microsoft de nouvelles poursuites judiciaires, les deux entreprises finirent par conclure un accord en 1997 marquant la fin d’années de conflit acharné.

Conclusion
L’analyse du film « Jobs » sous l’angle des droits de propriété intellectuelle nous permet de mesurer l’impact économique considérable de ces derniers. Le choix d’une marque et la protection du droit intellectuel relatif aux logiciels sont fortement réglementés tant au niveau national que communautaire, international ou du Benelux.

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Alessio Vicinzino  
Le choix fait par les fondateurs de la « marque à la pomme » quant au nom à donner à la nouvelle société a été l’un de premiers éléments controverses, sinon le premier, qui ont porté Apple à se voir poursuivre dans des procès relatifs à la violation des droits intellectuels. En effet, le nom choisi fut « Apple Computer »,…
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Le choix fait par les fondateurs de la « marque à la pomme » quant au nom à donner à la nouvelle société a été l’un de premiers éléments controverses, sinon le premier, qui ont porté Apple à se voir poursuivre dans des procès relatifs à la violation des droits intellectuels.
En effet, le nom choisi fut « Apple Computer », et le logo une pomme croquée mais Jobs & Co. n’avaient pas pris (suffisamment) en compte les Beatles et leur « Apple records », qui avaient quant a eux comme logo une pomme Granny Smit. En effet, un an après la constitution de la société, Apple Computer a été poursuivi en justice par la holding Apple Corps pour violation de la marque commerciale. Ceci fut la première d’une longue bataille entre le deux sociétés : ce première affaire s’est résolu avec un accord entre les parties ou ils ont convenu que Apple Computer pouvait continuer a utiliser le nom et le logo à condition que la société n’entre pas, en particulier, dans le marche de la musique. Encore trois fois, entre 1986 et 2006, Apple Corps a poursuivi Apple Computer devant la justice pour violation des accords intervenus entre les parties, toutes les affaires touchaient plus ou moins le domaine musical (« MIDI », « Chimes » and « iTunes ») .
Ce dernier, (l’affaire Apple Corps Ltd v. Apple Computer, INC, [2006] EWHC 996 (Ch)) a vu les parties se confronter devant la High Court britannique, qui a conclu que dans le cas d’espèce n’avait pas été démontrée aucune violation de l’accord de la part de Apple Computer.
Ce fut avec le dénouement de 2007, quand Apple Computer, désormais devenu Apple Inc., est devenu titulaire de toutes les marques « Apple » et a cédé en licence à Apple Corps les marques nécessaires pour exercer ses activités que la bataille a pris fin. Selon les informations disponibles aujourd’hui, tous les accords avec Apple Corps ont couté beaucoup d’argent à la firme de Cupertino. Certes, aujourd’hui une société qui veut innover a tout l’intérêt à éviter de violer une marque commerciale car le couts qui ça peut engendrer ne sont pas négligeables et pourraient porter à un échec du projet, voir la faillite de la même société, si cela n’a pas un pouvoir financier important derrière elle.
Le problème juridique rencontré par Apple Inc. est celui de la violation de la marque.
La marque a une double fonction : l’identification de l’origine des produits et des services d’une entreprise et celle de la promotion de ces produits et services.
La marque doit rencontrer trois conditions pour que soit valide : distinctivité, licéité et disponibilité.
Aujourd’hui plusieurs niveaux de protection de la marque sont prévus : Il est possible de protéger la marque au niveau national dans son propre État ; Il est possible de protéger la marque au niveau de l’Union européenne, avec une protection unitaire dans tous les États membres de l’Union ; Il est possible aussi une protection au niveau international, avec la Convention de Paris de 1883 ainsi que avec l’arrangement et le protocole de Madrid, respectivement de 1891 et 1893 ; sans oublier les possibilités de protection entre certains États, comme la protection prévu par la Convention Benelux.

Une deuxième affaire est celui qui a vu Apple Computer, Inc. contre Microsoft Corporation (35 F, 3d 1435 [9th Cir. 1994]). Dans cette affaire c’est Apple qui a poursuivi Microsoft en justice pour la violation présumé du droit d’auteur. Apple avait donné en licence certaines parties de son interface graphique à Microsoft, qui avait ensuite apporté des modifications dans l’aspect de sa propre interface dans le développement de son système d’exploitation. Or, la licence était pour le seul Windows 1.0, alors que Microsoft a utilisé l’interface graphique licencié dans Windows 2.0, en rajoutant certains éléments. Apple a soutenu que l’interface graphique devait être prise en compte dans son ensemble et que les éléments pris singulièrement étaient moins importants. La Cour a tranché que des 189 éléments de l’interface graphique 179 avaient été licencié à Microsoft et que 10 n’étaient pas susceptibles de tomber sur le chapeau de protection du droit d’auteur d’Apple car non originaux ou que ne constituaient une idée en soi mais la seule voie possible pour l’exprimer.

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Pitropakis Mariange  
Les droits intellectuels peuvent être divisés en deux branches principales. D’une part, la « propriété industrielle », se composant de deux espèces de droits : les droits sur les signes distinctifs ainsi que les droits sur les créations nouvelles. D’autre part, la « propriété littéraire et artistique » s’organisant principalement, quant à elle, autour du droit d’auteur. Au travers du film…
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Les droits intellectuels peuvent être divisés en deux branches principales. D’une part, la « propriété industrielle », se composant de deux espèces de droits : les droits sur les signes distinctifs ainsi que les droits sur les créations nouvelles. D’autre part, la « propriété littéraire et artistique » s’organisant principalement, quant à elle, autour du droit d’auteur.

Au travers du film « Steve Jobs », retraçant la vie du cofondateur d’Apple Inc., nous tâcherons d’apporter un éclairage sur une des problématiques relatives aux droits intellectuels évoquée à cette occasion et susceptible d’être rencontrée par toute personne désireuse de créer et développer une société : le droit des marques.

Avant même l’accomplissement des formalités relatives à toute création de société, le choix du nom de cette dernière constitue un préalable obligé. A cet égard, et ceci afin d’éviter l’écueil rencontré par Steve Jobs, il est important de rappeler que tant la dénomination sociale, le nom commercial voire la marque d’une société doivent être, en principe, différents de ceux de toutes autres sociétés (voy. notamment l’art. 65 du Code des sociétés à propos de la dénomination sociale ainsi que les art. 2.2 à 2.4 de la Convention Benelux en matière de propriété intellectuelle (ci-après CBPI) relatifs à la disponibilité de la marque). Toutefois, s’agissant de droits sur les signes distinctifs, ceux-ci ne possèdent pas un caractère absolu. Raison pour laquelle, une même marque pourrait éventuellement être utilisée par deux sociétés dès lors que leurs produits respectifs ne peuvent être confondus.

Notons également que la protection conférée par le droit des marques est accordée selon des modalités différentes selon qu’il s’agit d’une marque Benelux, communautaire ou internationale. Ainsi, outre les conditions de fond de distinctivité, licéité et de disponibilité, le droit à la marque Benelux s’acquiert par l’enregistrement de celle-ci
auprès de l’Office Benelux de la Propriété intellectuelle (établi à La Haye aux Pays-Bas), selon les conditions fixées à l’art. 2.5 1) de la CBPI. S’agissant d’une marque communautaire, les formalités relatives à la procédure d’obtention de la marque doivent être accomplies, soit auprès de l’Office pour l’Harmonisation dans le marché intérieur sis à Alicante (Espagne), soit auprès du service national de la propriété industrielle de chaque Etat membre. Le choix d’une marque internationale, quant à lui, obligera le titulaire d’une marque nationale à effectuer une demande d’enregistrement international auprès de l’Office de l’Etat d’origine en désignant les pays dans lesquels il souhaite obtenir une protection supplémentaire. Cette demande sera traitée par le Bureau international de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle dont le siège est à Genève, après vérification des conditions requises.
Qu’il s’agisse d’une marque Benelux, communautaire ou internationale, la durée de cet enregistrement est de 10 ans et peut être renouvelé, à la demande du déposant, pour des périodes de 10 ans également. En ce sens, la marque a une vocation perpétuelle.

Une fois la marque déposée, le droit de marque confère à son titulaire de nombreuses prérogatives lui permettant notamment d’agir en justice contre tout tiers lorsqu’il est porté atteinte à son droit. Ainsi, entre 1978 et 2007, la compagnie Apple Corps, fondée en 1968 par les Beatles et la compagnie Apple Computer, crée en 1978, se sont opposées au cours de plusieurs différends judiciaires relatifs à la propriété de la marque commerciale « Apple », toutes deux faisant, en outre, usage du même logo. Depuis 1981, de nombreux accords sont intervenus entre ces deux compagnies mais il faudra attendre 2007 pour qu’un accord final sur la violation de la marque commerciale mette fin au conflit. A ce jour, certains termes de l’accord demeurent confidentiels excepté le montant payé par Apple Inc. et estimé à cinq cents millions de dollars U.S..
Par conséquent, au vu de l’importance que revêt le caractère exclusif du droit des marques, tout fondateur de société ne peut qu’être appelé à la prudence sur le choix du nom commercial, voire de la marque.

(Les informations ont été puisées notamment dans le syllabus relatif au cours du Professeur Alain STROWEL, FUSL UCLouvain, année académique 2013-2014).

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Boldrin Stéphanie et Bejaji Nora  
La principale problématique relative aux droits intellectuels impliquant Apple est celle l'opposant à Microsoft. Apple va intenter un procès contre ce dernier car il estime qu'il a volé le logiciel qu'il avait créé. Il s'agit donc ici d'une question de brevet. Selon Apple, le logiciel dont Microsoft a fait utilisation est un logiciel qui a été breveté par Apple et,…
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La principale problématique relative aux droits intellectuels impliquant Apple est celle l’opposant à Microsoft. Apple va intenter un procès contre ce dernier car il estime qu’il a volé le logiciel qu’il avait créé. Il s’agit donc ici d’une question de brevet. Selon Apple, le logiciel dont Microsoft a fait utilisation est un logiciel qui a été breveté par Apple et, par conséquent, ce dernier dispose d’un monopole d’utilisation. Apple, titulaire du brevet, va introduire une action en contrefaçon dirigée contre un tiers qui aurait violé ce monopole qui a été conféré.

Apple a finalement perdu l’affaire en appel mais il a, par la suite, de nouveau menacé d’attaquer Microsoft et ce dernier a préféré éviter tout risque en concluant un règlement à l’amiable.
En l’espèce, la concurrence est très forte entre les deux sociétés et donc, il y a une course à celui qui développera la technologie la plus avancée. Si une société ne se montre pas assez innovante, sa chute peut être rapide et l’on comprend ainsi tout l’intérêt du brevet dans un cas tel que celui-ci. Apple apparait comme pionnière dans certains domaine et l’on peut imaginer la pression ressentie par Microsoft pour rester sur le marché.

La société Apple a également été impliquée dans trois affaires relatives à sa marque :

1) Violation du droit de propriété relatif à une marque commerciale par Apple computer. La société de droit anglais créée par les Beatles en 1968, Apple corps (active dans le domaine des enregistrements audio), dépose une plainte contre la société Apple Computer de droit américain pour violation de marque commerciale. Les deux marques sont dotées d’un logo consistant en une pomme. Le litige prend fin sur un règlement à l’amiable : un accord de non concurrence est conclu entre les deux sociétés ; Apple computer est autorisé à utiliser la marque Apple et le logo d’une pomme par Apple corps. Apple computer s’engage à ne pas se développer dans le domaine de l’audio, tandis qu’Apple corps ne cherchera pas à se développer dans le domaine des ordinateurs.

2) Violation de l’accord d’exploitation de la marque Apple dans l’accord de non concurrence par Apple computer. Apple computer ayant commencé à doter ses ordinateurs d’une capacité d’enregistrements audio, de lecture et de création de musique, est assignée en justice par Apple Corps pour violation de l’accord précédemment conclu par les deux sociétés. Le litige prend fin sur un règlement à l’amiable : Apple computer, contre une somme de 26.5 millions de $, a le droit d’utiliser sa marque pour la production d’ordinateurs capables de reproduire, lire ou délivrer du contenu musical numérique. Toutefois, interdiction lui est faite de distribuer des supports audio tels que des CDs. Apple corps conserve un droit absolu d’utilisation de la marque Apple pour tout travail artistique accompli ou à venir.

3) Violation de l’interdiction de distribution de musique contenue dans un accord de non concurrence, par Apple computer. Apple computer lance, en 2001, son premier lecteur musical : l’ipod. Pour l’alimenter, la société développe une plateforme internet permettant aux utilisateurs d’Ipod d’acheter de la musique. Apple Corps dépose plainte pour violation de l’accord conclu entre les deux sociétés devant les juridictions anglaises et américaines. Le litige est regroupé et soumis uniquement à la High Court of Justice de Londres. Celle-ci estime qu’aucune violation de l’accord de non concurrence par Apple computer n’a pu être démontrée. Apple Corps interjette appel devant la cour d’Appel et celle-ci confirme la décision de première instance.

Enfin, en 2007, un accord est conclu entre Apple Corps et Apple computer sur la violation de la marque commerciale. Apple Computer, devenue Apple Inc. devient propriétaire de toutes les marques liées au nom « Apple » et crée des licences pour celles qui lui seront nécessaires. Cet accord met fin au procès qui opposait les sociétés.

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Salières Julie  
La société Apple a fait couler beaucoup d’encres. En effet, cette société fait l’objet de nombreux procès. En 1978, la compagnie Apple Corps agit en justice contre la société Apple Computer Inc. devenue Apple Inc. par la suite. Le différend qui les oppose est une question de propriété et d’utilisation de marque déposée. La compagnie Apple Corps, fondée par les…
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La société Apple a fait couler beaucoup d’encres. En effet, cette société fait l’objet de nombreux procès. En 1978, la compagnie Apple Corps agit en justice contre la société Apple Computer Inc. devenue Apple Inc. par la suite. Le différend qui les oppose est une question de propriété et d’utilisation de marque déposée. La compagnie Apple Corps, fondée par les Beatles est une société dont l’objet principal est la musique tandis que la société Apple Computer Inc. est, comme son nom nom l’indique une entreprise d’informatique.
Le présent litige entre ces deux sociétés concerne donc le droit de marque qui est un droit d’occupation sur un signe. Ce droit permet donc à une entreprise d’occuper ce signe de manière exclusive. Au regard de cette définition, la société Apple Inc. n’aurait pas le droit d’utiliser ce signe, cependant le droit de marque est constitué de plusieurs limitations dont le principe de spécialité (voir infra.). En l’espèce, le litige porte les signes verbaux de la marque qui sont existants et ne sont pas des signes inventés.

Lorsqu’une entreprise dépose une marque, elle réfléchit bien aux impacts du signe choisi. En effet, la marque en elle-même remplit plusieurs fonctions. La première est celle de la qualité, c’est-à-dire que «du seul fait de l’apposition de telle marque sur tel produit, le public peut raisonnablement s’attendre à retrouver les mêmes qualités du produit que celles qu’il avait précédemment appréciées». La seconde fonction concerne le caractère publicitaire de la marque, c’est-à-dire que la marque permet la publicité en mettant un nom sur certaines qualités d’un produit. Enfin, il y a la fonction de l’investissement, la marque peut ainsi être également employée par son titulaire pour acquérir ou conserver une réputation susceptible d’attirer et de fidéliser des consommateurs.
Les Beatles ont choisi la marque Apple Corps en hommage au tableau de René Magritte. L’origine de la marque de Steve Jobs est quant à elle inconnue. Même si dans son film bibliographique, on fait justement référence à la société des Beatles.

L’objectif d’une marque est de réserver le monopole d’exploitation d’un signe à une entreprise particulière. Ainsi, seul le titulaire de la marque aura le droit de l’utiliser et d’interdire à des concurrents de désigner leurs produits ou services de la même manière. Cependant, il existe une limite à ce monopole. Effectivement, les marques sont soumises au principe de spécialité, c’est-à-dire qu’elle ne sont protégées que pour les types de produits ou de services pour lesquels elles sont utilisées à l’exception des marques renommées. Ainsi, tant que les produits et services fournis par Apple Computer Inc. différent de ceux fournis par Apple Corps, il n’y a pas de problème. A moins que l’on considère que la marque déposée par les Beatles est une marque renommée (voir infra.).

Le caractère distinctif doit être apprécié en tenant compte de deux aspects. Premièrement, le caractère distinctif doit avoir un lien avec les produits et services concernés. Cet aspect sera apprécié in concreto par le juge. Ainsi, dans cette affaire, on constate que les deux signes, même s’ils sont similaires sont bien des signes distinctifs. Cela n’aurait pas été le cas si un marchand de pomme avait repris le signe Apple !
Deuxièmement, le caractère distinctif du signe est apprécié au regard du public pertinent. Celui-ci dépend de la nature du produit ou service concerné par la marque demandée. Le public pertinent sera déterminé en plusieurs étapes. Il doit d’abord englober les acheteurs ou utilisateurs du produit ou service, ainsi que les personnes susceptibles d’être confronté au signe. Ensuite, il faut définir le degré d’attention de ce type de public quand il est susceptible d’acheter ce type de produit ou service. Ainsi, le degré d’attention du public quant à la marque sera plus important lors de l’achat d’un ordinateur que d’un cd. Enfin, le caractère distinctif doit être présent pour l’ensemble du public concerné par la marque. Il s’apprécie donc par rapport au consommateur moyen parlant la langue des éléments verbaux de la marque.

Enfin, avant de déposer une marque, il faut regarder la disponibilité de celle-ci. Un signe est disponible quand il ne fait pas déjà l’objet d’une appropriation privative par un droit de marque ou tout autre droit exclusif.
C’est au titulaire de droit antérieurs ou de la marque antérieure de faire la démarche pour agir en justice. En l’espèce c’est la société Apple Corps qui a agit en justice bien avant le délai de 5 ans autorisé pour les titulaires de marques antérieures.

L’indisponibilité peut être basée sur différents points. En l’espèce, on peut dire qu’elle pourrait être basée sur l’existence d’une marque renommée. Comme expliqué ci-dessus, un signe déjà utilisé par une marque renommée identique ou ressemblante peut être indisponible même pour des produits ou services non similaires à ceux de la marque renommée antérieure. C’est une dérogation au principe de spécialité.
Pour que cette exception soit applicable, la marque antérieure doit tout d’abord être renommée. Selon la CJCE, une marque renommée est une « marque connue d’une partie significative du public concerné par les produits ou services couverts par elle ».
Il ne faut donc pas que la marque soit connue du grand public, la connaissance par une portion importante de spécialistes auquel se destine la marque suffit pour qu’elle soit renommée.
De plus, il faut qu’il y ait un risque que la marque postérieure tire indûment profit, soit du caractère distinctif de la marque antérieure, soit de sa renommée, ou risquerait de porter préjudice au caractère distinctif ou à la renommée de la marque antérieure.
En l’occurrence, selon plusieurs décisions de justice, il en ressort que la marque Apple Corps est une marque renommée.
Pour nous, en tant que jeune, on pourrait considérer qu’il y a dilution vu qu’on a pas vraiment connu l’époque d’Apple Corps et des Beatles. Ainsi Apple Corps «ne serait plus en mesure de susciter une association immédiate avec les produits pour lesquels elle est enregistrée et employée». Apple Inc. porterait donc atteinte a cette marque.

En l’espèce, les deux sociétés ont trouvé un accord concernant l’utilisation de la marque. En effet, Apple Inc. devra rester en dehors de l’industrie musicale, Apple Corps gardant l’exclusivité dans ce domaine-là.
Par la suite, il y a eu plusieurs actions en justice à l’encontre d’Apple Inc. En effet, Apple Corps ira en justice à chaque fois qu’elle estimera qu’il y aura eu violation de l’accord par la société de Steve Jobs et Steve Wozniak. La plupart de ces procès seront résolus par des accords à l’amiable.

Afin d’éviter tous ces procès, il vaut mieux vérifier la disponibilité de la marque. Il faut donc regarder si la marque n’a pas déjà été enregistrée, utilisée par une autre entreprise pour commercialiser le même produit ou un produit similaire. De plus, lorsque vous décrirez votre marque, il faudra veiller à ce que celle-ci ne soit pas offensante, trompeuse ou immorale. En somme, qu’elle ne soit pas contraire à l’ordre public et aux bonnes moeurs.
Si Apple Inc. avait appliqué ces conseils, il aurait pu éviter de nombreux procès et s’étendre d’avantage sur le marché mais surtout plus rapidement.

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Alain Strowel

Merci pour vos réflexions intéressantes en droit des marques. Parler du principe de spécialité était une bonne idée.

Antoine Duvieusart  
Si la société Apple a été partie à de nombreux litiges, dont beaucoup relatifs à la propriété intellectuelle, on peut en retenir certains qui sont particulièrement intéressants. Ainsi, prenons d’abord les affaires « Apple Corps v. Apple Computer » (http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Corps_v._Apple_Computer). A plusieurs reprises, la société Apple Corps (fondée par les Beatles, active dans la distribution de musique) a…
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Si la société Apple a été partie à de nombreux litiges, dont beaucoup relatifs à la propriété intellectuelle, on peut en retenir certains qui sont particulièrement intéressants.
Ainsi, prenons d’abord les affaires « Apple Corps v. Apple Computer » (http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Corps_v._Apple_Computer). A plusieurs reprises, la société Apple Corps (fondée par les Beatles, active dans la distribution de musique) a poursuivi Apple Computer pour violation de sa marque déposée. Au cours des années, plusieurs accords ont été conclus entre les deux sociétés ; plus d’une fois, l’élargissement des activités d’Apple Computer a conduit Apple Corps à agir à nouveau, considérant que l’accord précédent avait été violé.
Dans leur ensemble, ces différends tournent autour de l’objectif et de la nature même d’une marque protégée. S’il est admissible que « le mot apple ne leur appartient pas » (voir le film Jobs), on constate que les différents accords ont pour but de limiter la confusion en s’assurant que chacun conserve et se limite à son propre domaine d’activité, et que Apple Corps n’acquiesce à l’usage du mot Apple qu’après avoir, entre autres, obtenu l’engagement d’Apple Computer de ne pas distribuer de la musique.
On constate donc que les marques évoluent. S’il n’était pas difficile pour Apple à ses débuts de s’en tenir aux ordinateurs, et de ne pas créer de confusion avec Apple Corps, il en a été autrement dès qu’il s’est agi d’intégrer des programmes de musique ou de commercialiser iTunes et l’iPod. Peut-être aurait il fallu s’abstenir d’utiliser la même marque pour les ordinateurs et pour la musique ? En l’espèce, la solution retenue à consister à attribuer à Apple Inc. l’ensemble des marques « Apple », et à conférer licences à Apple Corps pour les marques qu’ils utilisaient. Quoiqu’il en soit, l’évolution des affaires peut appeler à de nouvelles solutions, et à remettre en question celles trouvées auparavant.

Apple ne s’en est toutefois pas toujours sorti la tête si haute. Ainsi, dans l’affaire « Apple Computer Inc. v. Microsoft Corporation » (http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corporation), Apple a tenté de poursuivre Microsoft pour violation du copyright qu’elle estimait détenir sur l’aspect d’une interface d’utilisation graphique.
Dans cette affaire, Apple a insisté sur le fait que le caractère original de l’interface devait s’apprécier dans son ensemble, et non sur base des éléments individuels. Malgré cela, la cour ayant exigé qu’on puisse identifier un aspect « virtuellement identique », les différents éléments de l’interface ont pour la plupart considérés comme ne ressemblent pas assez ceux d’Apple pour être considérés comme des violations, si même ceux d’Apple avaient assez d’originalité pour faire l’objet d’un copyright.
Par la suite, les tentatives de poursuivre en appel ou à la Cour Suprême n’ont pas donné plus de résultats. Dès lors qu’Apple exigeait du juge qu’il se prononce sur l’aspect général de l’interface, il aurait sans doute fallu anticiper qu’il serait réticent à créer un précédent trop vague. Il semble qu’Apple aurait eu avantage à rechercher plutôt un accord avec son concurrent.

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Florian Poncin  
Confronté à la société Apple, la difficulté n'est pas tant de trouver une problématique impliquant la firme dans le domaine de la propriété intellectuelle, que de savoir de laquelle traiter. J'ai préféré me pencher avant tout sur une affaire relativement récente ayant mis en avant ce que les journalistes ont pu appeler la « propriété intellectuelle à géométrie variable » d'Apple. Entendons par…
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Confronté à la société Apple, la difficulté n’est pas tant de trouver une problématique impliquant la firme dans le domaine de la propriété intellectuelle, que de savoir de laquelle traiter.

J’ai préféré me pencher avant tout sur une affaire relativement récente ayant mis en avant ce que les journalistes ont pu appeler la « propriété intellectuelle à géométrie variable » d’Apple. Entendons par là, la fâcheuse tendance de la firme à la pomme à fustiger tout contrevenant à ses droits tout en hésitant pas à user des mêmes pratiques quand cela peut l’aider à accomplir ses propres objectifs.

En septembre 2012, la firme introduisit un nouveau type d’horloge dans ses appareils de la gamme Ipad. Le design, simple et fonctionnel, avait tout pour plaire si ce n’est qu’il appartenait déjà à la compagnie des chemins de fer de Suisse depuis de nombreuses années. La ressemblance plus que troublante entre les deux cadrans [Voyez les sources en fin d’article pour une illustration] intrigua les représentants de la société de transport suisse qui s’adressèrent à Apple. Le Washington post nous rapportait à cet égard les propos du porte-parole de la société helvète qui se disait honorée qu’une compagnie telle qu’Apple utilise leur horloge. Mais il n’en demeurait pas moins qu’une licence ne leur avait jamais été demandée et encore moins accordée. L’affaire fut pourtant pacifiquement réglée quelques mois plus tard lorsque la firme américaine accepta de verser la somme conséquente de 21 millions de dollars contre l’obtention d’une licence en bonne et due forme.

Ce cas permet de mettre en avant une caractéristique importante dans la vie des entreprises, à savoir : les apparences.
On constatera que le simple fait que la transaction ait eu lieu pourrait s’apparenter à un aveu de copie et d’utilisation illicites du design d’autrui par Apple. À n’en pas douter, la crainte d’une saga judiciaire longue et coûteuse aura pesée dans la balance. Certes, la somme versée aux chemins de fer suisses ne pourrait être qualifiée de modique, mais elle était selon toute vraisemblance préférable aux conséquences commerciales et publicitaires qui auraient pu naître d’une condamnation pour contrefaçon. Il suffit de songer que les Ipad représentent à eux seuls des millions d’utilisateurs et que la suppression de l’horloge litigieuse aurait pu sérieusement égratigner l’image de qualité et d’originalité que veut promouvoir la marque. En possédant finalement une licence légitime, la compagnie créée par Steve Jobs aura au moins pu sauver les apparences. Pour s’en convaincre, on pourra soulever que cet épisode, mettant pourtant en jeu des montants importants, aura été bien moins médiatisé que les affaires judiciaires confrontant la firme à d’autres géants de l’informatique comme Microsoft ou Samsung.

[Sources :

http://www.bfmtv.com/high-tech/apple-propriete-intellectuelle-a-geometrie-variable-380344.html

http://www.washingtonpost.com/business/technology/swiss-railway-company-says-apple-copied-its-clock-design-for-ipad-app/2012/09/21/db3c8426-0414-11e2-91e7-2962c74e7738_story.html

http://www.businessinsider.com/apple-licenses-swiss-clock-design-2012-10

Pour un aperçu des deux cadrans en cause: http://cdn.macrumors.com/article-new/2012/09/swissrailwayclock.jpg ]

La seconde affaire dont je souhaiterais succinctement traiter relève quant à elle du domaine des brevets. Il ne s’agit pas comme à l’habitude d’un problème de « patent trolls » ou de duel juridique entre entreprises, mais bien de respect des conditions élémentaires d’obtention de brevet.

On sait qu’en Belgique, mais aussi plus largement en Europe, la simple divulgation d’une invention avant une demande de brevet annihile toute chance d’en obtenir la protection par la suite. En effet, l’invention est alors considérée comme faisant partie de l’état de la technique antérieur, et à ce titre incompatible avec le critère de nouveauté.
Aux états-Unis, une période de grâce vient cependant tempérer cette exigence. Certes, la nouveauté reste également nécessaire pour l’obtention d’une protection par le droit des « patents » américains, mais l’inventeur dispose d’une période de douze mois après la création de son projet, au terme de laquelle il aura dû déposer une demande de brevet. Durant cet intervalle, l’inventeur aura eu tout le loisir de présenter au public son invention et d’en faire la publicité.

Steve Jobs ne se priva pas de le faire en janvier 2007, lorsqu’il organisa une présentation de l’Iphone OS devant caméras, photographes et journalistes. Bien mal lui en pris, car il sembla avoir oublié que si cette démonstration ne lui était guère dommageable sur le marché américain, les choses risquaient d’être bien différentes en Europe. C’est ainsi qu’en septembre 2013, la Bundespatentgericht (ou « Cour fédérale d’Allemagne en matière de brevets ») pris la décision de dénier à Apple la validité de son Brevet « EP2059868 » sur le territoire germanique. La raison invoquée par la cour ne peut que paraître logique aux yeux d’un juriste continental Européen : l’invention en cause ne satisfaisait pas au critère de nouveauté.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de cette bévue dont les conséquences judiciaires devaient se faire ressentir six ans plus tard.
D’un point de vue de stratégie commerciale, on ne peut que s’étonner que le patron de Apple et son armada de juristes n’aient pas penser à prendre des précautions avant de dévoiler un tel produit à la face du monde. On le sait, le marché allemand est d’une importance capitale dans l’économie européenne et mondiale. Se voir priver de protection sur un territoire aussi essentiel que celui de l’Allemagne fut, à n’en pas douter, un coup dur pour la firme de Steve Jobs.
D’un point de vue plus juridique, cette décision aura permis de souligner qu’en matière de propriété intellectuelle et singulièrement en matière de brevets, le caractère international des enjeux ne peut plus aujourd’hui être ignoré.

Au vue de cette affaire, on constatera que même les plus grandes entreprises ne sont pas à l’abri d’une erreur ou d’une maladresse dans le domaine de la propriété intellectuelle. Plus que se complexifier, le sujet s’internationalise chaque jour davantage et il n’est pas toujours simple de penser à chaque système juridique particulier. Il sera opportun pour les compagnies désireuses de sauvegarder leurs intérêts d’éviter les pièges de la précipitation menant souvent, comme en l’espèce, à « se tirer une balle dans le pied ».

[Sources :

http://www.macg.co/2013/09/un-brevet-dapple-invalid%C3%A9-%C3%A0-cause-dune-d%C3%A9monstration-de-steve-jobs-72840

http://www.fosspatents.com/2013/09/video-of-steve-jobss-iphone.html

http://www.zdnet.com/apple-bounce-back-patent-declared-invalid-in-germany-thanks-to-steve-jobs-video-7000021332/

Pour un extrait révélateur de l’optimise mal placé de Steve Jobs lors de cette conférence, voyez : http://www.youtube.com/watch?v=8JZBLjxPBUU

Pour la présentation complète du produit par Steve Jobs, voyez : http://www.youtube.com/watch?v=Etyt4osHgX0
Le brevet en litige portait sur la possibilité offerte par l’écran d’agrandir et de rétrécir des images par simple pression des doigts, comme vous pourrez le voir à 33:40 dans cette vidéo.

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Alain Strowel

Excellent! Vous avez fait preuve d’originalité en choisissant ces deux péripéties, c’est très intéressant! Belle recherche (très bien les liens) et présentation des enjeux. Bravo!

Moreaux Pierre-Alexandre  
Première problématique La marque de Apple Computer a été créée en 1976 et avait une très forte connotation avec la marque Apple Corps Limited. Cette dernière était la marque d'une compagnie de disques fondée en 1969. Ce genre de ressemblance peut se révéler assez problématique. En effet, l'usage d'une marque identique ou ressemblante pour des produits identiques ou similaires est considéré comme…
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Première problématique

La marque de Apple Computer a été créée en 1976 et avait une très forte connotation avec la marque Apple Corps Limited. Cette dernière était la marque d’une compagnie de disques fondée en 1969.

Ce genre de ressemblance peut se révéler assez problématique. En effet, l’usage d’une marque identique ou ressemblante pour des produits identiques ou similaires est considéré comme une atteinte à la marque qui est antérieure. Ces ressemblances apportent un risque de confusion dans l’esprit du public qui pourrait venir à penser que les produits des deux entreprises proviennent en fait de la même entreprise ou d’entreprises liées économiquement.

Ce genre de confusion est grave car cela porte atteinte à l’élément distinctif qui caractérise la marque et qui permet de pouvoir distinguer les produits ou services de la société qu’elle représente.

À première vue, Apple Computer se spécialisant dans l’informatique et Apple Corps dans la musique, il semblait ne pas y avoir de problèmes.

Cependant, afin d’éviter tout conflit, les deux compagnies ont passé un accord en 1981 définissant comment et dans quelles circonstances chaque partie pouvait utiliser son nom et son logo et ce, afin qu’elles restent bien distinctes l’une de l’autre.

En 1989, Apple Corps Limited estima que Apple Computer avait violé l’accord et la poursuivit en justice. Cependant, il n’y eut pas de jugement car les parties firent un accord avant la fin du procès.

Dans cet accord, il était prévu que Apple Computer puisse utiliser sa marque pour les produits et services portant sur l’informatique. Apple Computer ne pouvait par contre utiliser sa marque sur des équipements informatique adaptés spécifiquement pour l’enregistrement et reproduction de musique et ainsi que sur des services en relations à la musique.

Mais en 2003, Apple Computer ouvrit le site Itunes, une plateforme de musique où l’on peut télécharger des titres musicaux légalement. Sur ce site, les utilisateurs pouvaient voir le logo de la marque Apple Computer.

Apple Corps estima que cet acte était une violation de l’accord établi en 1991. Apple Corps estima que Apple Computer utilisait sa marque en association avec le domaine musical et décida de porter l’affaire en justice.

Le juge décida de faire passer à Apple Computer un test de distinction afin de voir si le consommateur normal ( quelqu’un de raisonnablement informé et raisonnablement observateur) pouvait penser que Apple Computer avait un lien avec le monde musical.

Le juge estima que la marque n’avait pas de lien avec la musique. En effet, en voyant la marque, le consommateur normal ne voit comme lien entre Apple et la musique que l’élément de vente. N’ayant donc qu’un lien avec la vente, le juge déclara qu’on ne peut pas conclure qu’Apple Computer utilisait sa marque sur des services et produits en relation avec la musique. Il jugea que Apple Computer n’avait pas violé l’accord établi avec Apple Corps.

A partir de cette problématique, je conseillerai donc à une nouvelle entreprise de se renseigner sur les marques déjà présentes sur le marché et distribuant des produits et services similaires afin d’éviter de créer une marque qui existerait déjà.

2ème problématique

Apple avait donné en licence quelques uns de ses éléments d’interface graphique à la société Microsoft.

Pour rappel, la licence est l’autorisation d’utilisation de son oeuvre à un licencié. Contrairement à la cession, l’auteur conserve les droits sur son oeuvre. Sans cette autorisation, l’utilisation violerait le droit d’auteur.

Mais par la suite, Microsoft ajouta d’autres éléments de l’interface graphique graphique d’Apple pour créer ses nouveaux ordinateurs Windows. C’est à ce moment qu’Apple agit en justice.

En 1988, Apple Inc. poursuivit en justice Microsoft et Hewlett-Packard afin de leur interdire d’utiliser des éléments de son interface graphique. Selon Apple, Microsoft avait porté atteinte à son droit d’auteur car les éléments d’interface étaient des oeuvres originales protégées par ce droit d’auteur.

Pour être protégé par le droit d’auteur, il faut que l’oeuvre ait été mise en forme (que ce ne soit pas une simple idée) et qu’elle soit originale. L’originalité est définie comme étant une création intellectuelle de l’auteur sur laquelle celui-ci a pu déployer le minimum de fantaisie inhérente à toute création littéraire ou artistique, en échappant aux contraintes de la technique.

Apple proclamait que Microsoft avait utilisé 189 éléments de son interface graphique mais la Cour estima que 179 avaient été donnés légalement en licence à Microsoft. Pour les dix restants, la Cour estima que ceux-ci ne pouvaient être protégés le droit d’auteur. Ils n’étaient pas originaux et constituaient la seule solution pour exprimer une idée.

Apple tenta de se défendre en disant que même si ces éléments n’étaient pas originaux, leur mise en commun formait un tout qui lui, était protégé par le droit d’auteur. La Cour ne retint pas cette interprétation répondant qu’il fallait que les éléments en eux-mêmes devaient être protégés par le droit d’auteur.

Sans l’originalité et l’absence de création, Microsoft pouvait donc bien utiliser tous ces éléments d’interface qui n’étaient pas protégés par le droit d’auteur. Apple perdit donc le procès.

À partir de cette problématique, je conseillerai donc à une nouvelle entreprise d’analyser au préalable si ses créations sont bien protégées par le droit d’auteur et de bien prévoir les impacts futurs que peuvent engendrer les licences.

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ADJAHI Vanessa  
Le film Steve Jobs met en exergue 2 problématiques de propriété intellectuelle que la société Apple a rencontrée dans le cours de l’exercice de son activité. Section 1. La marque commerciale La marque est un signe permettant à un acteur économique de distinguer ses produits et/ou services de ceux de ses concurrents. Le droit des marques confère à son titulaire,…
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Le film Steve Jobs met en exergue 2 problématiques de propriété intellectuelle que la société Apple a rencontrée dans le cours de l’exercice de son activité.

Section 1. La marque commerciale

La marque est un signe permettant à un acteur économique de distinguer ses produits et/ou services de ceux de ses concurrents. Le droit des marques confère à son titulaire, un droit exclusif d’exploitation de ce signe pour les types de produits ou services qu’il accompagne.

Dans certains pays, comme les États-Unis, le simple usage d’un signe à titre de marque confère à une entreprise un monopole sur l’exploitation de ce signe en relation avec les produits ou services auxquels il se rapporte. Les concurrents ne peuvent donc utiliser ce signe pour le même type de produits ou de services.
Il y a eu un contentieux entre Apple Corps et Apple computer (devenue Apple Inc.). Apple Corps est une compagnie fondée par les Beatles en 1968. Toutes deux se sont opposées de 1978 à 2007 au cours de différends judiciaires concernant la propriété de la marque commerciale « Apple ».

Les Beatles créent, en janvier 1968, leur compagnie Apple Corps, composée de plusieurs divisions dont la maison de disques Apple Records. Son nom comme son logo (représentant une pomme Granny Smith) sont un hommage au tableau de René Magritte « Ceci n’est pas une pomme » acquis par Paul McCartney. Apple Computer, quant à elle, est créée le 1er avril 1976 par Steve Jobs, Steve Wozniak et Ronald Wayne, puis constituée sous forme de société le 3 avril 1977. Contrairement à Apple Corps, l’origine du nom de la firme californienne est incertaine. Certains affirment que Steve Jobs a trouvé ce nom parce qu’il était dans sa phase pomme de son régime.

En 1978, Apple Corps dépose une plainte contre Apple Computer pour violation de marque commerciale. Un accord entre les deux parties est finalement trouvé en 1981, la firme californienne payant à la maison de disques des Beatles une somme. Parmi les conditions de l’accord, se trouve l’autorisation donnée par Apple Corps à Apple Computer d’utiliser le nom Apple et un logo de la forme d’une pomme. En contrepartie, la firme californienne s’engage à ne pas entrer dans le marché de la musique et de se restreindre au marché des ordinateurs et aux services qui y sont liés ; de son côté, Apple Corps s’engage à ne pas entrer dans le marché des ordinateurs.

À partir de 1986, Apple Computer commence à équiper ses ordinateurs de capacités d’enregistrement audio et de lecture. En 1988, l’Apple MIDI Interface fait son apparition, permettant de relier des instruments de musique aux Macintosh. Conséquence directe de ces nouvelles capacités liées à la musique, Apple Corps poursuit à nouveau Apple Computer en 1989. Ces appareils sont alors accusés par la maison des Beatles d’enfreindre l’accord passé quelques années auparavant. Un nouvel accord est finalement conclu entre les deux parties en octobre 1991 par lequel Apple Computer obtient le droit d’utiliser son nom pour des produits ou des services permettant de reproduire, lire ou délivrer du contenu musical numérique, mais avec l’interdiction de distribuer ou de vendre des supports physiques tels que des CD. Les Beatles, pour leur part, conservent leur droit d’usage du nom Apple, peu importe la manière dont sont utilisées leurs chansons, et ce pour tout travail artistique, existant ou à venir, dont le caractère principal est musical

En octobre 2001, Apple Computer lance son premier baladeur numérique, l’iPod. Afin de l’alimenter en contenu, la firme californienne lance en 2003 l’iTunes Music Store, un site de vente de musique en ligne, signant une réelle entrée d’Apple Computer dans le monde de la musique. Voyant là une rupture d’accord, Apple Corps porte plainte contre Apple Computer d’une part auprès de l’United States District Court de Californie du Nord et d’autre part auprès de la Haute Cour de justice à Londres. Les deux procès sont joints.
Le juge va donner raison à Apple computer parce qu’Apple Corps restait en défaut de démonter la violation de l’accord. Un appel sera formé mais Apple Corps sera débouté.

En 2007, les deux sociétés ont trouvé un accord sur la violation de la marque commerciale. Apple Computer, devenue Apple Inc. depuis le mois de janvier précédent, devient propriétaire de toutes les marques liées au nom « Apple » et licencie en retour à Apple Corps celles qui lui sont nécessaires pour exercer son activité. Apple Inc. peut ainsi continuer à utiliser son nom et son logo sur iTunes et l’iTunes Store.

Section 2. La licence des programmes

Apple a initié un procès contre Microsoft pour avoir recopier son système d’exploitation du Macintosh. Le but du procès était d’interdire à Microsoft le droit d’utiliser des éléments graphiques de l’interface du Macintosh.

Apple défendait que «le look and feel » du système opérant du Macintosh pris dans son ensemble étaient protégées par des droits d’auteurs. Les éléments qui composent cette apparence pris individuellement n’étaient pas de grande importance. Apple avait listé 189 éléments sur lesquels elle estimait qu’il y avait une violation de ses droits par Windows. La Cour va considérer que 179 de ses éléments avaient été donnés en licence à Windows pour Windows 1.0 et que les 10 autres éléments n’étaient pas susceptible d’être protégés par un droit d’auteur, soit parce que ce n’était pas des idées originelles d’Apple, soit parce que c’était la seule manière d’exprimer une idée (The idea–expression divide or idea–expression dichotomy limits the scope of copyright protection by differentiating an idea from the expression or manifestation of that idea).
La Cour va exiger d’Apple qu’elle prouve une « identité virtuelle » entre Windows et le Macintosh pour établir la violation de ses droits d’auteur. Apple faillit à établir pareille identité en considérant que seule cette apparence (propre à leur marque) était suffisante. La société perd son procès en première instance. Apple introduit un appel devant la Cour d’appel qui va presque entièrement confirmé la décision du juge de première instance. La Cour dit « almost all the similarities spring either from the license or from basic ideas and their obvious expression… illicit copying could occur only if the works as a whole are virtually identical ».

L’affaire est renvoyée au juge de première instance qui va faire une analyse sur l’expression d’une idée et l’idée elle-même (sachant que seule l’expression d’une idée fait l’objet d’une protection en PI). La cour va identifier des idées (5) dans le chef d’Apple qui parce qu’elles sont des idées ne peuvent pas faire l’objet d’une protection.
Aussi tout l’enjeu de l’affaire est que beaucoup des éléments pour lesquels Apple clamait la violation de ses droits d’auteurs manquaient de la condition d’originalité. Apple avait de nombreuses licences qu’il tenait de Xeros et les droits d’auteur ne protègent que l’expression originelle. Apple va défendre alors l’idée selon laquelle c’est le système pris dans son ensemble qui était original et que le « look and feel » devait être protégé. La Cour va rejeter cet argument parce que les éléments qui composaient ce « look and feel » n’étaient pas originaux à Apple.

Remarques :

– L’affaire avait une dimension plus contractuelle que sur la protection des droits d’auteur. En effet les Cours se sont largement concentrées sur le contrat de licence entre Apple et Windows pour le développement de Windows 1. Cet élément a joué en la défaveur d’Apple. On voit ici l’intérêt des contrats dans la propriété intellectuelle, parce qu’ultimement ils peuvent s’opposer et servir de limites à un droit de propriété.

– Les cours n’ont pas fait droit à l’argument d’Apple, selon lequel le « look and feel » devait être protégé par des droits d’auteur. Les cours ont préféré éluder cette question pour procéder à une dissection des éléments. Une telle analyse aurait été sans précédent mais peut être apportait des questions nouvelles et délicates qu’il valait mieux ne pas aborder.

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Mitika Pirson  

http://news.cnet.com/8301-13579_3-57617045-37/apple-didnt-infringe-on-google-patent-appeals-court-says/
http://www.01net.com/editorial/601021/brevets-apple-relance-les-hostilites-contre-motorola-filiale-de-google/
– ://en.wikipedia.org/wiki/Motorola_Mobility_v._Apple_Inc.

Voici les sites internet en référence de ma publication. Je n’ai pas pu les inscrire dans la partie “website” ci-dessus puisque j’avais déjà publié mon texte une première fois en oubliant deux sites de référence.

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Delinte Jérémy  
Une première affaire de DPI impliquant Apple concerne le premier système d’exploitation grand public fourni par ce dernier, nommé Lisa. Apple est l’un des pionniers dans la création d’interfaces graphiques pour ordinateur grand public et avait autorisé (sous licence) Microsoft à utiliser certains éléments graphiques (fenêtre, apparence rectangulaire des fenêtres, etc.) d’Apple pour son premier système utilisant une interface graphique,…
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Une première affaire de DPI impliquant Apple concerne le premier système d’exploitation grand public fourni par ce dernier, nommé Lisa. Apple est l’un des pionniers dans la création d’interfaces graphiques pour ordinateur grand public et avait autorisé (sous licence) Microsoft à utiliser certains éléments graphiques (fenêtre, apparence rectangulaire des fenêtres, etc.) d’Apple pour son premier système utilisant une interface graphique, Windows 1.0. Cependant, pour la version suivante de son système, Microsoft a intégré sans l’autorisation d’Apple certaines nouveautés que l’on pouvait facilement retrouver dans le système suivant d’Apple, Macintosh GUI. C’est à partir de ce moment qu’Apple a poursuivi Microsoft devant les tribunaux pour atteinte au droit d’auteur car la licence ne s’appliquait que pour Windows 1.0.

Selon Apple, l’ensemble de l’interface graphique était vu comme un tout et était protégé par droit d’auteur, et c’est sur ce point qu’Apple a vu sa plainte refusée. Selon Microsoft, l’interface graphique vue comme un tout ne pouvait pas être protégé car c’est une idée trop générale. C’était également l’avis partagé par le tribunal qui a établi qu’Apple ne pouvait pas protéger l’idée générale d’interface graphique (vu comme un tout) mais seulement l’expression précise des éléments de celui-ci (forme des icônes par exemple).

L’affaire ne s’arrête pas là. A la base, c’est Xerox l’initiateur de cette idée d’interface graphique et c’est lors d’une visite de Steve Jobs dans les locaux de Xerox que l’idée a émergée chez Apple. Une plainte pour atteinte au droit d’auteur a aussi été introduite par Xerox contre Apple, sans succès.

Cette affaire montre qu’une idée trop générale ne peut être protégée. En effet, la création de Lisa n’a pas empêché Microsoft de fournir un système semblable ayant la même idée générale, c’est-à-dire un système d’exploitation utilisant une interface graphique. Les idées trop générales sont donc difficilement protégeable.

Sources:

http://www.nytimes.com/1989/12/15/business/company-news-xerox-sues-apple-computer-over-macintosh-copyright.html

http://www.nytimes.com/1990/03/24/business/most-of-xerox-s-suit-against-apple-barred.html

https://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corporation

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Hugues TENRET  
1978 – 1981 – 1988 : Attention ! Ne peut être reproduit. 1978 : Apple Corps Ltd contre Apple Computer : La marque comme vecteur de la promotion de la société La société Apple Computer a été constituée le 3 janvier 1977 et dès 1978, elle a connu le premier de ses longs déboires juridiques qui ont rythmé son existence. Ce…
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1978 – 1981 – 1988 : Attention ! Ne peut être reproduit.

1978 : Apple Corps Ltd contre Apple Computer : La marque comme vecteur de la promotion de la société

La société Apple Computer a été constituée le 3 janvier 1977 et dès 1978, elle a connu le premier de ses longs déboires juridiques qui ont rythmé son existence. Ce procès l’opposa à une firme, la société Apple Corps Ltd, qui représentait un autre grand symbole du XXème siècle, le célèbre groupe mythique des années 60, les Beatles.

Les célèbres musiciens ont en effet intenté un procès à la société informatique pour contrefaçon de marque, lui reprochant d’avoir copié son nom afin de profiter de sa notoriété pour développer sa propre image.

En 1981, Apple Computer signa un accord par lequel elle s’engagea à verser à la société Apple Corps Ltd la somme de 80.000,00 dollars et à ne plus utiliser la musique dans son activité, sous quelque forme que ce soit (http://www.businessweek.com/stories/2004-09-29/john-paul-george-ringo-dot-dot-dot-and-steve, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Apple#cite_note-3, http://newint.org/features/1990/10/05/weirdness/, http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Inc._litigation).

Deux noms identiques, deux logos identiques, il y avait vraiment de quoi semer la confusion d’autant plus que le litige qui a opposé ces deux sociétés ne s’est pas limité à cette première affaire et que les affaires suivantes les ont spécifiquement opposés à l’utilisation de musique en association avec les ordinateurs.

Il est bien difficile de faire ressortir une morale à cette histoire.

D’une part, la taille et la prospérité d’Apple Computer ne peuvent être dissociées des immenses risques qui ont été pris par Steve JOBS pour y parvenir.
Parmi ceux-ci, l’on peut incontestablement citer l’usurpation du nom d’une société qui, comme Apple Computer le fut ensuite, était inscrite internationalement dans la culture populaire.
D’autre part, comment peut-on donner crédit à ce qui pourrait s’apparenter à du vol. Toutefois, il convient de tenir compte que les droits immatériels sont des droits artificiels qui visent à récompenser la recherche ou la créativité mais qui, ce faisant, la freinent automatiquement.
Enfin, il semble qu’en ces matières touchant de près aux très grosses entreprises, de premier abord, l’honnêteté n’est pas forcément de mise et n’est pas non plus gage de pérennité.

Une société innovante se devra toutefois d’être extrêmement attentive non seulement à l’enregistrement antérieur d’autres produits mais également à ne pas commettre des actes de concurrence déloyale ou des agissements parasitaires dont le fondement est l’article 1382 du Code civil.

La firme « Yves-saint LAURENT » en a fait les frais en baptisant un parfum qu’il avait créé en utilisant la dénomination « Champagne ». Ce faisant, elle a profité de la notoriété de l’appellation litigieuse ( N.FERRY-MACCARIO, « L’action en concurrence déloyale et parasitaire », https://studies2.hec.fr/jahia/Jahia/cache/offonce/ferrymac/pid/533;jsessionid=00282DAD837E9C6DE59FBF7B234BD428).
L’agissement litigieux a ceci de particulier par rapport à la concurrence déloyale qu’il n’est pas nécessaire que le litige concerne deux sociétés concurrentes ( N.FERRY-MACCARIO, « L’action en concurrence déloyale et parasitaire », https://studies2.hec.fr/jahia/Jahia/cache/offonce/ferrymac/pid/533;jsessionid=00282DAD837E9C6DE59FBF7B234BD428).
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Un autre litige, jugé par la Cour d’appel de Paris le 11 mars 1998 (n° 96/0918), a mis en évidence un cas d’agissement parasitaire. Il s’agissait d’une maison de disques qui avait mis sur le marché un disque intitulé « Bienvenue au club » dans lequel était insérée une chanson chantée dans les fameux clubs de vacances. Toutefois, la société demanderesse fut déboutée de sa demande en raison du fondement erroné de celle-ci – la concurrence parasitaire – car il n’existait aucune concurrence entre les deux sociétés (Les faits constitutifs d’agissements parasitaires, http://www.concurrence-deloyale.info/faits-constitutifs-d-agissements-parasitaires.html)

1981 : Apple Computer contre Franklin : La première décision conférant une protection aux programmes d’ordinateurs

Dans l’affaire Apple contre Franklin, la société Franklin, également active dans la fabrication d’ordinateurs avait littéralement copié 14 programmes nécessaires au fonctionnement du système d’exploitation et les avait utilisés pour la fabrication de ses propres ordinateurs.
Apple poursuivit Franklin pour contrefaçon de droits d’auteur sur base de la loi de 1976 sur le droit d’auteur pour avoir copié 14 programmes, contrefaçon de brevets, concurrence déloyale et détournement.
En ce qui concerne l’allégation de contrefaçon de droits d’auteur, les arguments de Franklin étaient que les données contenues dans les programmes n’étaient pas susceptibles de bénéficier de la protection à titre de droits d’auteur.
La société Franklin se défendit en arguant que le code binaire utilisé pour élaborer les différents programmes n’était pas lisible par un humain et donc ne pouvait être considéré comme une œuvre littéraire.
Au premier degré, le juge de la « District Court » des Etats-Unis donna raison à Franklin car il ne put se prononcer sur le fait de savoir si un programme binaire représentait l’expression d’une idée (protégeable) ou l’idée (non protégeable).
La décision de la cour d’appel américaine, qui fut celle qui ouvrit définitivement la voie de la couverture des programmes d’ordinateurs en matière de droits d’auteur, donna finalement raison à Apple au motif qu’une série de codes binaires constitue une œuvre littéraire au sens de la loi sur le droit d’auteur (Andrew Beckerman-Rodau, Protecting computer software: after APPLE COMPUTER, INC. v. FRANKLIN COMPUTER CORP., 714 F.2d 1240 (3d Cir. 1983), Does copyright provide the best protection?, http://www.lawprofessor.org/publications/articles.html&articlename=temple).

1988 : Apple contre Microsoft et Hewlett Packard – L’interface graphique et les droits d’auteur (http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Computer,_Inc._v._Microsoft_Corporation)

Un autre procès portant sur la violation de droits d’auteur eut lieu qui s’étendit de 1988 à 1994. Celui-ci opposa Apple Computer aux sociétés Microsoft et Hewlett-Packard.

Apple Computer estimait que les deux sociétés précitées avaient violé le droit d’auteur protégeant l’interface graphique de ses ordinateurs Lisa et Macintosh.

La cour d’appel des Etats-Unis débouta Apple d’une part parce que Microsoft s’était vu conféré une licence d’exploitation sur la plupart des éléments constituant l’interface, que les autres éléments n’étaient pas protégeables car il s’agissait d’idées et non d’expressions et que l’interface vue « comme un tout » comme l’entendait Apple, ne pouvait bénéficier que d’une protection très légère et contre des copies identiques car l’idée de base de Apple ne pouvait être exprimée que de quelques manières différentes. Jugeant de la sorte, la Cour n’a pas voulu ouvrir la porte vers la reconnaissance large de la protection des interfaces graphiques vues « comme un tout ».

La protection des programmes d’ordinateur : Droits d’auteur, brevets ou concurrence déloyale

Si l’on considère que les programmes d’ordinateur méritent d’être protégés, faut-il alors se poser la question du mode d’action que l’on entendra utiliser pour parvenir à ses fins.

Les deux affaires ci-dessus illustrent la complexité du problème.

Récemment, la CJUE a également eu l’occasion de se prononcer sur différents cas.

Dans un arrêt du 22 décembre 2010 (Affaire c393/09) opposant BSA et le ministère de la culture tchèque, la Cour a décidé qu’une interface utilisateur graphique (GUI) ne pouvait bénéficier de la protection du droit d’auteur en vertu de l’article 1er, § 2 de la directive 91/250 au motif que la protection vise les formes d’expression qui permettent de reproduire le programme (Point 35 de l’arrêt) et donc pas des éléments qui permettent une interaction entre l’utilisateur et l’ordinateur afin d’exploiter les fonctionnalités de celui-ci (Points 40 et 41 de l’arrêt). Toutefois, cette interface, dit l’arrêt, pourrait profiter de la protection du droit d’auteur en vertu de la directive 2001/29 pourvu qu’elle constitue une création intellectuelle propre à son auteur (Point 46 de l’arrêt).

Dans un autre arrêt plus récent (C.J.U.E., 2 mai 2012, (SAS Institute Inc. Contre World Programming Ltd.), C-406/10, http://www.curia.europa.eu (10 février 2014)), La CJUE a décidé qu’en ce qui concerne les éléments d’un ordinateur, ni la fonctionnalité, ni le format de fichiers de données, ni le langage de programmation ne pouvait bénéficier de la protection à titre de droit d’auteur en vertu de la directive 91/250 (Point 39 de l’arrêt). En ce qui concerne la fonctionnalité, le motif en est que la protéger « reviendrait à offrir la possibilité de monopoliser les idées, au détriment du progrès technique et du développement industriel (Point 40 de l’arrêt) ». En ce qui concerne la fonctionnalité et le format de fichiers de données, ceux-ci permettent simplement à l’utilisateur d’exploiter certaines fonctions du programme (Point 42 de l’arrêt).

Il convient toutefois d’être attentif au fait que la copie de programmes ou d’éléments de programmes pourrait être combattue par le biais de la concurrence déloyale ou du comportement parasitaire (1382 au secours de la protection des fonctionnalités d’un logiciel, http://www.lepetitjuriste.fr/propriete-intellectuelle/propriete-industrielle/1382-au-secours-de-la-protection-des-fonctionnalites-dun-logiciel).

Dans un monde où les logiciels sont le centre nerveux d’une entreprise, il convient d’être attentif aux différents modes de protection physique de ce matériel mais également à ne pas outrepasser ses droits lors de l’utilisation de matériel de tiers.

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Gil Renard; Genthsy George  
1. Problématiques - Le premier problème auquel Apple est confronté en matière de propriété intellectuelle concerne le choix du nom, à savoir la marque de l’entreprise en devenir. En effet, en 1976, Steve Jobs propose la marque « Apple » comme le fruit. Ce choix a suscité un contentieux face à Apple Corps, société fondée par les Beattles en 1968 et faisant référence…
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1. Problématiques

– Le premier problème auquel Apple est confronté en matière de propriété intellectuelle concerne le choix du nom, à savoir la marque de l’entreprise en devenir. En effet, en 1976, Steve Jobs propose la marque « Apple » comme le fruit. Ce choix a suscité un contentieux face à Apple Corps, société fondée par les Beattles en 1968 et faisant référence au tableau de René Magritte « Ceci n’est pas une pomme ». Le litige est finalement résolu par un accord entre les deux sociétés selon lequel la société Apple Computer peut utiliser le nom moyennant le paiement d’une somme d’argent ainsi qu’un engagement à se limiter au marché des ordinateurs et des services qui y sont liés.

– Le deuxième problème concerne l’interface graphique de l’ordinateur développée par Apple. En 1994, l’entreprise entame des poursuites à l’encontre de Microsoft pour violation de droit d’auteur. En effet, Microsoft avait développé un système d’exploitation basé sur les principes du Macintosh, à savoir le chevauchement des fenêtres. Apple accuse Microsoft de plagier l’idée de ce type d’interface graphique imaginée par elle. Toutefois, Microsoft fut disculpé car la Cour a considéré que la protection offerte par les droits d’auteur n’englobait pas le chevauchement des fenêtres prévu par cette interface graphique.

2. Conseils

– Concernant le problème en droit des marques, on rappelle que pour être protégée une marque doit être distincte, licite et disponible. Or, dans le litige exposé, la marque choisie par Steve Jobs n’était pas disponible ou pas suffisamment distincte. Le nom « Apple » avait déjà été pris par Apple Corps. Il convient donc, en premier lieu, lors du lancement de la société et du choix de son nom, de vérifier si celui-ci est libre d’occupation et apte à être distingué d’autres marques. Il faut également veiller à déposer la marque afin qu’elle soit enregistrée.

– Concernant l’interface graphique, la Cour a jugé que le procédé de chevauchement des fenêtres n’était protégé par le droit d’auteur (copyright). Néanmoins, on pourrait conseiller à une entreprise innovante en matière de logiciel, de vérifier les éléments englobés par la protection des droits d’auteur et de tenter de déposer un brevet pour les éléments restants si ceux-ci respectent les conditions de protection, à savoir une nouveauté impliquant une activité inventive et susceptible d’être industrialisée.

Gil Renard
Genthsy George

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Julien Pétré  
One of the IP issue that can be infer from the biographical film « Jobs » is the conflict about the trademark between « Apple Inc. » and « Apple Corps ». In 1976, Steve Jobs and two partners created the nowadays worlwide brand « Apple computer » (that will become some years later « Apple inc. ») and the trademark ( name and logo) was registered at the USPTO…
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One of the IP issue that can be infer from the biographical film « Jobs » is the conflict about the trademark between « Apple Inc. » and « Apple Corps ».

In 1976, Steve Jobs and two partners created the nowadays worlwide brand « Apple computer » (that will become some years later « Apple inc. ») and the trademark ( name and logo) was registered at the USPTO in 1979. But in 1968, a company had already been set up by the Beatles and was bearing the same name and using the same logo. Thus, there is no difficulties to understand that it’s against the main purpose of the trademark if two companies can’t be distinguished from each others. Indeed, if it was possible to tolerate on the same market two companies with the same name and logo (or similar ones), there would be a huge risk of confusion for the consumers.

In 1978, « Apple Computer » was sued by « Apple Corps » for a trademark infrigement. Indeed, « Apple Corps » was already using the same denomination and logo than « Apple Computer » for 10 years.

But was « Apple Corps » entitled to sue « Apple Computer » for trademark infrigement ?

Indeed, two well known principles of trademark law are the principles of speciality and territoriality. According to these principles, a brand can prohibit the use of its mark and logo by any other competitor acting in the same commercial sphere as long as those ones are registered and used by the brand. The two brands had both registered the same names and (almost) the same logo’s on the same territories. « Apple Corps » was active in the music industry and « Apple Computer », as the name indicates it, in the computer industry, so apparently there were no basis for litigation if we consider the principle of speciality.

Unfortunately, no court never had the opportunity to deal with the issue because the two firms found an accord by which « Apple Corps » allows « Apple Computer » to use the name and logo against a remuneration of 80 000 $ and the engagement of « Apple Computer » not to enter the music industry.

So a question surely worth to be asked, why did « Apple Computer » accept a financial transaction if there was no chance for « Apple Corps » to win the case in front of a juge ? Can we apply here the adage that a bad deal is better than no deal at all (un mauvais accord vaut mieux qu’un bon procès) ?

Maybe « Apple Computer » was afraid of hearing a judge considering « Apple Corps » as a trademark with a reputation in view of the fact that, at that time, in 1978, The Beatles were top of the charts for more than 10 years !. Such a consideration would have involved that the name and logo ‘Apple’ to be unavailable for « Apple Computer » because there were already occupied by « Apple Corps ». A change of name and logo for « Apple Computer », a company whose the marketing strategy is based on simplicity, simplicity in the products, in their uses, but first of all in the name, would have been disastrous for the company ! The appreciation of the reputation of a trademark is in the hands of the judge, and the appreciaion could be changing from one judge to another what can be rather unpredictable. Therefore, a bad deal was surely better for « Apple Computer » than no deal at all, especially because a that time the company was focused on developping personal computers and not really focused in entering the music industry.

The second component of the saga took place in 1991 when « Apple Corps » sued « Apple Computer » for a violation of the precedent accord. Indeed, in 1986 « Apple Computer » became to put programs that allow the users of the Macintosh to play music. Once again the litigation was solved by an economic accord by which « Apple Computer » paid 26 millions US dollars to « Apple Corps » to be intitled to use their name and logo for products and services that allows to reproduce, read an deliver digital music. « Apple Computer » has also undertaken not to sell music on physical support such as CD’s.

In the end a litigation took place in 2006 just before a final accord in 2007. Indeed, in 2001 and 2003, « Apple Computer » launched its Ipod and its support programm Itunes which from the point of view of « Apple Corps » was a violation of the precedent accord. The trial took place in London and the Juge Justice Mann issued that there were no evidence of any violation of the precedent accord. « Apple Corps » appealed from the decision but a transaction between the two firms occured once again before a final decision. The final accord, that will allow « Apple Computer » (that changes its name in the meantime for « Apple Inc. ») to continue using its name and logo for Itunes and the Itunes Store, took place in 2007 and costs « Apple Inc. » about 500 millions US dollar. By that accord, « Apple Inc. » is today the owner of all the trademarks related to ‘Apple’ and has licensed what is necessary for « Apple Corps » continuing its economic activities.

In conclusion and based on the judicial saga between « Apple Inc. » and « Apple Corps », the best advice that can be given to inventors and new innovative business is to be carreful with the choice of their names on logo’s because it’s not always possible to find an agreement and more than a company have run out of business after a forced change of name and/or logo. Moreover, the trademark is an investment for a company as it is the first contact between a business and its potential consumers and therefore it cannot be neglected.

Sources :

http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_trademark_law
http://en.wikipedia.org/wiki/United_Kingdom_trade_mark_law
http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Corps_v_Apple_Computer
http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Inc._litigation
http://www.uspto.gov/

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Brasseur Guillaume  
Apple VS Apple. En mai 2006 fut rendu le jugement (EWHC 996 (Ch) Case n° HC03C02428) qui mit (presque) fin à la guerre entre Apple Computer (la compagnie de Steve Jobs qui prit son nom en 1977) et Apple Corps (lancée par les Beatles en 1968) concernant la marque Apple. Nous nous baserons sur ce jugement, qui retrace la saga juridique,…
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Apple VS Apple.

En mai 2006 fut rendu le jugement (EWHC 996 (Ch) Case n° HC03C02428) qui mit (presque) fin à la guerre entre Apple Computer (la compagnie de Steve Jobs qui prit son nom en 1977) et Apple Corps (lancée par les Beatles en 1968) concernant la marque Apple. Nous nous baserons sur ce jugement, qui retrace la saga juridique, pour développer la problématique de cette question de droit des marques.

Le jugement évoque tout d’abord les termes de l’accord passé entre les deux homonymes en 1981 lors de leur première confrontation sur ce point. Apple Computer avait alors obtenu le droit d’utiliser cette marque (le nom Apple ainsi que le logo d’une pomme) pour des activités de biens et services informatiques, mais pas pour des équipements informatiques spécifiquement adaptés pour l’enregistrement ou la reproduction de musique, ou des programmes liés à la musique. L’entreprise ne pouvait pas non plus utiliser cette marque pour des appareils permettant de synthétiser de la musique. Apple Corps pouvait pour sa part apposer la marque sur l’enregistrement de sons et de vidéos, mais ne pouvait pas l’utiliser pour tout ce qui touchait à l’informatique.
Cet accord de coexistence, fréquent entre deux entreprises se prévalant de marques semblables mais œuvrant dans des secteurs différents, permettait de définir des limites entre les domaines d’exploitation de chacune des deux sociétés. En effet, le droit des marques connaît deux grandes limitations. Le principe de territorialité, qui n’est pas pertinent ici puisque les deux Apple avaient enregistré leur marque dans les mêmes pays, mais surtout le principe de spécialité. Ce principe permet de protéger une marque seulement pour les produits et services auxquels elle se rapporte. Il était donc important que les domaines d’utilisation commerciale de chacune des entreprises soient distincts, afin d’éviter une collusion. En cas de superposition de domaines relevant de deux marques portant la même appellation, le droit des marques privilégie le principe d’antériorité. Cet accord (par lequel Apple Computer versait également 80.000$ à Corps) permit d’éviter l’affrontement juridique jusqu’en 1989.
A cette époque, les ordinateurs furent munis de systèmes permettant la lecture, la création et l’enregistrement de musique. La société des Beatles brandit alors l’accord de 1981 en criant au scandale. Selon les termes du jugement de mai 2006, l’accord intervenu en 1991 pour régler les différends entre les deux parties attribua plus de 26.000.000$ à Apple Corps et déplaça la frontière des domaines d’utilisation exclusive de chacun. Apple Computer se voyait reconnaître un champ d’utilisation plus vaste en ce qui concernait notamment les équipements et services. Cependant, les contenus musicaux restaient l’apanage d’Apple Corps.
C’est cette question des contenus musicaux qui est au cœur du débat qui fit rage lors du procès de mai 2006. En effet, le lancement de l’IPod en 2001 et celui de l’ITunes Music Store, permettant à Apple Computer de vendre de la musique en ligne, en 2003 semblait de prime abord violer la limite posée par l’accord de 1991. Apple Corps considérait que l’association du logo Apple dans l’ITMS qui est « on or in connection with music content », selon les termes de leur accord, est une violation de ce dernier. La société de Steve Jobs répliquait alors que le logo s’attachait au programme et non au contenu musical. Ce fut donc au juge de faire le travail minutieux d’observer chaque élément à chaque étape de l’utilisation de l’ITMS. Nous passerons les détails fastidieux qui permettent au juge de donner raison au final à la compagnie informatique. La société des Beatles forma appel de la décision. Cependant, c’est par un troisième, et sans doute dernier, accord entre les deux firmes en 2007 que se scella le litige avec la revente de la marque Apple dans son entièreté à la société de Steve Jobs pour la modique somme de 500.000.000$. Apple Corps reçu également en licence les marques nécessaires à la continuation de ses activités. Les termes exacts de cet arrangement sont bien entendu confidentiels.

Il est intéressant de se pencher sur cette saga juridique pour mettre en parallèle le droit des marques tel qu’il est enseigné en théorie, et ce qui est réellement mis en pratique. Devant les faits évoqués dans l’affaire de l’ITunes Music Store, on serait naturellement parti soit sur un cas de marques identiques ou ressemblantes déposées pour des produits ou services identiques ou similaires (article 8, §1er, b du Règlement européen 40/94 du 20 décembre 1993, ci-après RMC), soit sur une hypothèse où la marque postérieure tire indûment profit de la renommée de la marque antérieure ou lui porte préjudice, et ce même pour des produits ou services différents (article 8, §5 RMC).
Dans le premier cas, il faut tout d’abord voir si les marques sont identiques ou ressemblantes. Ici l’exercice est facile puisqu’il s’agit du même mot « Apple ». La question du logo est peut-être un peu plus discutable et prêtera éventuellement le flanc à l’interprétation du juge. Ensuite, il s’agit de déterminer si les produits ou services sur lesquels sont apposés la marque en question sont similaires. La jurisprudence de la CJCE définit cette notion ainsi : lorsqu’il existe entre eux « un lien suffisamment étroit pour que le public y apercevant une marque identique ou ressemblante puisse leur attribuer une origine commune ». La similarité est appréciée en fonction de la nature des produits, de leur destination, de leur utilisation, du lieu de vente ou des canaux de distribution des produits, ainsi que de leur caractère concurrent ou complémentaire. Vient enfin la notion de risque de confusion qui consiste pour le public à penser, en raison de la ressemblance entre les deux marques, que les produits proviennent de la même entreprise ou d’entreprises liées économiquement. Ce public est différent en fonction du produit. Le consommateur sera considéré comme peu attentif lorsqu’il s’agira de biscuits, mais bien plus lorsqu’il s’agira de l’achat d’une voiture par exemple. Dans ce cas-ci, le juge anglais définit le public référent comme un consommateur « reasonably well-informed and reasonably observant and circumspect ». Selon ces critères, il appartiendra au juge de voir si oui ou non la marque antérieure (à savoir Apple Corps) empêchait l’existence sur tel ou tel secteur (la musique en l’occurrence) de la marque ultérieure (ici Apple Computer).
Si l’on considère qu’Apple Corps est une marque renommée, l’on tombe dans une nouvelle hypothèse. Un signe déjà utilisé par une marque renommée identique ou ressemblante peut être indisponible même pour des produits ou services non similaires à ceux de la marque renommée antérieure, ce qui est une dérogation au principe de spécialité. Selon la CJCE, la marque renommée est la « marque connue d’une partie significative du public concerné par les produits ou services couverts par elle ». Les parts de marché, l’étendue de l’usage de la marque dans l’espace et le temps, l’ampleur des moyens destinés à la promotion de la marque,… sont autant de critères qui permettent de voir si l’on est en présence d’une marque renommée ou non. Si la renommée est avérée, il faudra déterminer s’il y a une atteinte à celle-ci. Trois hypothèses peuvent constituer une telle atteinte. En premier lieu la dilution qui se présente lorsque la marque antérieure n’est plus en mesure de susciter une association immédiate avec les produits pour lesquels elle est enregistrée et employée. Ensuite vient le ternissement caractérisé par le fait que les produits ou services visés par la marque ultérieure peuvent être ressentis par le public d’une manière telle que la force d’attraction de la marque antérieure s’en trouverait diminuée. Ce serait le cas si l’on nommait un produit WC « Chanel n°5 ». Enfin arrive le parasitisme où la marque postérieure tente de tirer indûment profit de la réputation ou des caractéristiques projetées par la marque renommée.
En l’occurrence, l’on se trouverait plutôt dans une situation de dilution car le terme « Apple » fait désormais plus vite penser à l’entreprise informatique qu’à la compagnie de disque, alors que ce n’était sans doute pas le cas au moment où Jobs a lancé sa société. Si Apple Corps était reconnu comme marque renommée, et que l’atteinte était confirmée par un juge, cela aurait mené à l’éviction de Apple Computer.
Ainsi, dans un cas comme dans l’autre, l’on serait arrivé à débouter l’une ou l’autre partie, selon l’appréciation des conditions propres aux limitations des marques ultérieures par le juge.

Cependant, interviennent dans la pratique ces accords de coexistence de marques. Ce sont sur ces accords que se disputent les deux entreprises et sur lesquels doivent statuer les juges. Et l’on se rend compte que le verdict de la cour anglaise n’est pas suffisant pour mettre fin aux frictions. La menace d’un appel, lorsque l’on sait que les frais de justice du procès en premier ressort s’élèvent à deux millions de livres sterling, pousse les deux Apples à s’entendre à nouveau, quitte à passer outre le droit tel qu’on l’enseigne. Ainsi, on pourrait s’étonner de voir le gagnant du procès débourser 500 millions de dollars pour obtenir la marque que le juge venait de lui reconnaître comme n’étant pas contraire à l’accord.

Et puisqu’il faut tirer une morale pour les innovateurs en herbe, elle serait que quel que soit le bien-fondé d’une action en droit de la propriété intellectuelle, la menace d’actions en justice en provenance de son adversaire, ainsi que son poids économique amènent souvent à des accords en monnaie sonnante et trébuchante plutôt qu’à la reconnaissance du droit lui-même.

Relevons en sus que Apple Corps suggéra à Apple Computer de se renommer « Peach » ou « Banana » si elle voulait continuer la création de produits musicaux. Mais cela aurait été moins intéressant à analyser.

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Pochet Nicolas  
Le film Jobs met en scène deux situations qui conduiront à des procès liés à la propriété intellectuelle. L'un en droit des marques, contre Apple Corps, maison de disque des Beatles ; l'autre en droit d'auteur contre Microsoft, qu'on ne présente plus. Les différends entre Apple Computers (plus tard Apple, plus tard Apple Inc.) et Apple Corps remonte au choix même du…
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Le film Jobs met en scène deux situations qui conduiront à des procès liés à la propriété intellectuelle. L’un en droit des marques, contre Apple Corps, maison de disque des Beatles ; l’autre en droit d’auteur contre Microsoft, qu’on ne présente plus.

Les différends entre Apple Computers (plus tard Apple, plus tard Apple Inc.) et Apple Corps remonte au choix même du mot « Apple » comme marque. Pour tout un tas de bonnes raisons le mot « Apple » était un bon choix pour une marque d’ordinateur en 1976 : drôle, devant « Atari » dans l’annuaire, l’idée du pêché originel, etc. Pourtant, Apple Corps, une autre entreprise utilisait aussi le mot « Apple ». Cette société appartenant aux Beatles tirait son nom d’un tableau du peintre Belge René Magritte dont le propriétaire était Paul McCartney.
En 1978, Apple Corps attaqua pour violation du droit des marques. Le procès n’alla pas jusqu’à son terme puisque les deux compagnies arrivèrent à un accord : Apple Computers paya une certaine somme à Apple Corps, et s’engagea à ne pas entrer dans l’industrie musicale.
En 1989, Apple Corps attaqua encore, pour violation de contrat. Apple Computers avait développé ses ordinateurs jusqu’à pouvoir enregistrer de la musique. Cela donna encore lieu à un accord.
En 1991, le même cas se reproduisit. L’accord fût plus important cette fois-ci et déboucha principalement sur l’interdiction pour Apple Computers de distribuer de la musique physique (CD, etc.) sous la marque Apple, tout en conservant le droit d’utiliser « Apple » pour tous ses autres services, y compris musicaux.
En 2003 un autre procès eu lieu, qui alla jusqu’à son terme cette fois. Cela correspondait au lancement de l’iTunes Store en ligne. Le juge se servit de l’accord du litige de 1991 pour conclure à l’invalidité de la prétention de Apple Corps.
Si les deux sociétés ont depuis réussi à aplanir (définitivement ?) leur différends, l’issue de procès est essentiellement basée sur le droit des contrats américains, et non sur le droit des marques.
Cette conclusion de la Cour aux USA rejoints l’enseignement belge et européen en droit des marques qui fait de la distinctivité une des conditions de protection de la marque. N’opérant pas exactement sur les mêmes marchés à l’origine (les ordinateurs et la musique), les deux marques à la pomme n’étaient que légèrement “confondables”. Le développements de l’informatique, des ordinateurs (et d’internet) ont pourtant progressivement amené un potentiel brouillage entre les deux marques, qui auraient pu en perdre leur distinctivité. Le procès et les accord entre eux ont réglé la question, mais qui sait si le développement futur d’Apple n’entraînera pas de nouveaux différends ?

Le second procès auquel le film fait référence est celui qui a opposé Apple à Microsoft à propos de droits d’auteurs. Démarré en 1988, la décision de la Cour d’Appel fût rendue en 1994.
Ce procès a été initié par Apple qui reprochait à Microsoft de reproduire des éléments similaires aux siens dans l’interface graphique de l’utilisateur. Apple réclamait la protection de l’ensemble de l’interface via le droit d’auteur. La Cour cependant insista sur chaque élément (icones) pris séparément. Ceux-ci durent être « disséqués » pour pouvoir en séparer l’idée de l’expression. L’idée en effet ne peut être protégeable, alors que sa concrétisation particulière peut l’être. Ayant déjà donné certains éléments en licence ou certains élément étant seulement le seul moyen d’exprimer l’idée, Apple perdit son procès. L’argument de la protection devant être accordé à l’ensemble bien que chaque éléments séparément ne puisse pas être protégés fût rejeté par la Cour, précisément parce que chaque partie n’était pas originale.
Basé sur le droit d’auteur américain, ce procès fait lui aussi référence au contrat (les licences passées par Apple).
On y retrouve cependant la doctrine développée en Belgique et en Europe : le droit d’auteur ne permet pas de protéger les idées, seulement leurs expressions concrètes, mises en forme. Il faut également que ces œuvres soient originales.
On pourrait ici critiquer la décision de ne pas protéger un ensemble d’éléments non protégeables individuellement (Ne pas confondre avec le droit des bases de données). En Europe, les conditions d’originalité et de mises en formes n’auraient-elles pas pu être remplies ? On aurait effectivement pu imaginer le contraire, et plaider que l’interface tout entière était « l’expression de l’effort intellectuel de l’auteur ». Mais cela n’aurait vraisemblablement rien changé au fait qu’Apple avait déjà licencié une majorité des icônes de son interface.

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Amédée von Moltke  
Question IPdigIP: décrivez deux problèmes de DPI rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011)? Pour répondre à cette question, nous avons décidé de suivre deux problématiques parmi les centaines, voir les milliers, auxquels Apple Inc. a du faire, fait et fera face : le droit d’auteur et la marque. Ainsi, dans un premier temps, nous…
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Question IPdigIP: décrivez deux problèmes de DPI rencontrés par Apple Inc. et son fondateur Steve Jobs (mort en 2011)?

Pour répondre à cette question, nous avons décidé de suivre deux problématiques parmi les centaines, voir les milliers, auxquels Apple Inc. a du faire, fait et fera face : le droit d’auteur et la marque.
Ainsi, dans un premier temps, nous décrirons la violation alléguée par Apple de ses droits d’auteur audiovisuels par Microsoft. Ensuite, nous aborderons le récent litige ayant opposé Apple Inc. à la société Proview Technology relatif à la marque « iPad » en Chine.

I. L’affaire Apple Computer Inc. c. Microsoft Corp : violation du droit d’auteur ?

Pour comprendre le problème qui s’est posé dans cette affaire, il convient de remonter quelque peu la ligne du temps.
En janvier 1984, Apple commercialise son « Macintosh », élevé par la critique au rang de chef d’œuvre technologique, notamment pour son interface utilisateur graphique –la souris en bits graphiques ainsi que des fenêtres et icones affichés sur un moniteur externe . Notons qu’il est intéressant de relever à ce stade que ces fameuses innovations furent, en réalité, puisées dans « l’Etoile », introduite en 1981 par la société Xerox.
En novembre 1985, Microsoft introduit son système d’opération « Windows », avec sa propre interface utilisateur largement inspirée du Macintosh, et ce, en raison d’une licence d’exploitation non exclusive qui lui avait été accordée par Apple. L’accord prévoyait en outre, qu’en échange du droit de pouvoir incorporer certains aspects de l’interface graphique du Macintosh dans son logiciel Windows, Microsoft poursuivrait le développement des logiciels « Word » et « Excel », tout deux essentiels à la stratégie d’Apple à l’époque. Par ailleurs, le contrat prévoyait le droit pour Microsoft de « sous-licencier » les droits qui lui avaient été accordé par Apple, chose qu’elle a fait, notamment, au bénéfice de Hewlett-Packard.
Fin 1987, Microsoft place la version 2.0 (puis 3.0 en 1990) de « Windows » sur le marché, s’inspirant plus clairement du « Mac » d’Apple et surtout, proposant aux utilisateurs une alternative moins coûteuse que son prédécesseur élitiste.

Le 17 mars 1988, la société Apple assigne Microsoft et Hewlett-Packard devant le juge fédéral de San Diego pour violation de ses droits d’auteur et pour violation de licence d’exploitation octroyée en 1985. Pour Apple, les sociétés Microsoft et Hewlett-Packard avaient outrepassées leurs droits respectifs, découlant de ladite licence d’exploitation, notamment quant à l’interface « look and feel » de son Macintosh.
Pour le tribunal, bien qu’Apple s’était largement inspiré des innovations de Xerox pour son Macintosh, de tels emprunts « ne prive pas des oeuvres d’Apple de leur présomption de validité du droit d’auteur ».
Cependant, celui-ci estima que plus de 90% du système d’opération « Windows » et plus de 60% de l’interface graphique « NewWave » d’Hewlett-Packard, ne violaient pas ladite licence d’exploitation.
Le juge s’est ensuite posé la question de savoir si la protection offerte par le droit d’auteur américain s’étendait aux aspects du Mac non couverts par l’accord de 1985. Un exemple parmi d’autre fut celui relatif aux différentes icones reproduites sur le moniteur externe. Le juge estima que ces icones, n’étant rien d’autres que des symboles graphiques matérialisant des idées génériques ou des éléments fonctionnels d’un logiciel informatique, n’étaient pas protégés par le droit d’auteur.
En définitive, sur la liste soumise subséquemment par Apple de cent quatre-vingt neufs similitudes entre son Macintosh et les interfaces graphiques de Windows et NewWave, le juge n’en retiendra que dix. Il en conclura que ces dix éléments ne pouvaient pas être protégés par le droit d’auteur.

On le voit, cette première affaire tourne autour de la problématique de la protection offerte par le droit d’auteur sur un programme informatique et sur l’interprétation du contrat de licence quant à l’étendue du des droits concédés par le titulaire du droit, qui plus est lorsque l’accord est non-exclusif.
Le droit d’auteur protège le programme informatique en ce qu’il représente « une suite d’instruction destinées à faire exécuter certaines fonctions à un ordinateur » . Cependant, la protection ne s’étend pas aux simples idées. En définitive, ce qui s’est avéré problématique in casu relevait de l’étendue de la protection quant à l’interface graphique elle-même.
Dans cette affaire, le tribunal a considéré que l’application du test classique de détermination d’une violation au droit d’auteur ne pouvait s’appliquer à l’espèce, et ce en raison de la nature purement fonctionnelle d’une interface graphique ou des éléments génériques qui y sont reproduits. Ce test impose au requérant d’apporter la preuve que l’œuvre contrefaite est « substantiellement similaire » à l’œuvre originale.
In casu, le juge estima qu’Apple devait prouver que les cent quatre-vingt neufs éléments soupçonnés repris dans Windows et NewWave étaient « virtuellement identique » aux éléments de l’interface du Mac. On le voit, le standard requis par le juge dans cette affaire était donc d’une sévérité plus accrue.

II. L’affaire Proview Technology c. Apple : le droit des marques et la cessation du droit

La seconde problématique que nous avons choisi d’aborder est relative au droit des marques dont la fonction essentielle est de désigner un produit permettant ainsi d’en garantir l’origine et la qualité tout au long du processus de fabrication-commercialisation-distribution, et de ce fait, prémunir tout risque de confusion dans l’esprit du consommateur moyen, raisonnablement avertit.
L’affaire Proview c. Apple Inc. s’inscrit dans une « guerre » plus large qui est celle des tablettes informatique. À l’origine de ce litige se trouve une plainte déposée par une société taïwanaise, Proview Technology, alléguant qu’Apple avait violé son droit sur la marque « iPad ».

Pour comprendre le problème qui s’est posé in casu, il convient de rappeler certains éléments factuels.
La société Proview est un holding basé à Hong Kong disposant de sept subsidiaires, dont une est localisée à Taiwan et une autre dans la province de Shenzhen. En 2000, Proview Taiwan et Proview Shenzen avaient réussi à faire enregistrer la marque IPAD, respectivement auprès des autorités taiwanaise et chinoise.
De toute évidence, il n’est pas contestable que ces enregistrements ont eu lieu avant la commercialisation de l’iPad d’Apple.
Le 17 décembre 2009, Apple et Proview Taiwan s’accordent pour la cession par cette dernière de toutes les marques IPAD, en ce compris celles enregistrées par Proview Shenzen. Cependant, lorsqu’Apple avait requis du bureau des marques chinoises qu’il modifie son registre pour faire constater le transfert de propriété, elle s’en était retrouvée déboutée. La raison de ce refus découlait de la non-exécution par Proview Shenzen du transfert des documents requis par l’autorité chinoise pour acter la cession dans ses registres.

On le voit, la problématique de l’espèce s’articule essentiellement autour d’un accord de cessions de marques et sur son contenu. Dans les faits, Proview Shenzen ne contestait pas l’existence ou la validité de la cession conclue par Apple et Proview Taiwan. Cependant, elle contestait le fait que l’accord incluait le transfert de propriété de la marque IPAD enregistrée en Chine.

En réalité, le litige peut sembler à tout le moins abusif si l’on considère que le groupe Proview était économiquement au bord de la rupture. L’assignation d’Apple en Chine et aux Etats-Unis témoigne, à n’en pas douter, d’une stratégie usitée par Proview dans le but de générer de la mauvaise publicité. En effet, notons qu’en 2009, Proview Taiwan cédait la marque IPAD pour la modique somme de 35.000£. En 2010, peu de temps après l’annonce de la commercialisation de l’iPad d’Apple, le groupe Proview introduisait ses actions judiciaires dans le but d’obtenir une somme supérieur à $10 millions.
En définitive, les deux parties ont résolu leur litige par le biais d’une médiation ayant débouché sur un accord de $60 millions.

Partant, cette affaire a mis en lumière une problématique relative au droit des marques quant à sa fonction essentielle mais également dans ses aspects plus économiques. En effet, on le sait, la marque a pour objet principal de désigner un produit ou un service via un ou plusieurs signes suffisamment distinctifs et susceptibles de représentation graphique. La marque a donc cette fonction essentielle de désignation et de distinction d’un produit ou d’un service d’une entreprise par rapport à ceux proposés par ses concurrents. Nous l’avons mentionné, elle garanti l’origine dudit produit ou service tout au long du processus de commercialisation et suppose une certaine qualité de celui-ci dans l’esprit du consommateur. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que la marque présente un aspect publicitaire en ce qu’elle permet d’attirer une clientèle. Au surplus, elle constitue un véritable actif pour l’entreprise titulaire du droit puisqu’elle peut faire l’objet d’une cession ou être donnée licence.
Ces deux derniers aspects sont clairement mis en lumière dans l’affaire décrite ci-dessus.
Apple s’était posée la question de la condition de disponibilité de la marque IPAD, avant de commercialiser son propre produit. Ainsi, elle avait pris les devant pour obtenir les droits sur la marque IPAD en vue d’éliminer le risque d’une action ultérieure en contrefaçon.
Pourquoi avoir opté pour un accord consécutif à une médiation plutôt que d’attendre la décision des juges ? La réponse tient probablement à la volonté d’Apple de minimiser l’impact médiatique de l’affaire et la mauvaise presse qu’elle aurait entrainée. Sur ce point, il convient de noter qu’Apple avait conclut la cession litigieuse par le biais d’une société spécialement crée pour l’opération (IPAD Ltd). Selon Proview, Apple, par le biais de cette société s’était volontairement engagée dans des activités frauduleuses dans le but d’acquérir les droits sur la marque IPAD. En effet, le groupe alléguait qu’elle ne savait pas qu’elle traitait avec la société Apple, auquel cas elle aurait revisiter sa position quant au montant de la cession.
On le voit, en pratique, lorsque l’on envisage la cession d’un droit intellectuel, il est primordial de rédiger un contrat clair et précis en tenant compte, dans la mesure du futur, des développements futurs

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Morgane Poppe  
A la vue du film «Jobs», plusieurs questions de droit de propriété intellectuelle peuvent apparaître. A) Au niveau de la question de la protection de l’invention (brevet plus particulièrement), on a plusieurs questions qui se posent. 1° Tout d’abord vers la minute 18, on peut observer que c’est Wozniak qui a inventé ce qui sera un système d’exploitation. C’est sur base de…
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A la vue du film «Jobs», plusieurs questions de droit de propriété intellectuelle peuvent apparaître.

A) Au niveau de la question de la protection de l’invention (brevet plus particulièrement), on a plusieurs questions qui se posent.
1° Tout d’abord vers la minute 18, on peut observer que c’est Wozniak qui a inventé ce qui sera un système d’exploitation. C’est sur base de cette invention que toute l’histoire d’Apple commence. Or Wozniak ne sera pas le seul titulaire (voir pas titulaire du tout?) des brevets qui auront été déposés par après sur cette invention et d’autres découlant de celle-ci. Cela permet de mettre en évidence la différence, en matière de brevet, entre l’inventeur et le titulaire du brevet. Il peut s’agir de deux personnes différentes. Cela ne veut pas dire que le rôle de l’inventeur est réduit à néant, il y a des nuances selon les pays. Par exemple pour le dépôt, aux USA,doit être effectué par ou avec l’autorisation de l’inventeur, celui-ci peut ensuite être rappelé dans le futur lors de la procédure et donc le titulaire a intérêt à rester en contact avec l’inventeur. Un autre exemple en Europe est le droit moral de l’inventeur qui a le droit d’être désigné (art. 61 CBE, aussi à l’art 4 ter CUP).

C’est une question minime car le film ne revient pas là-dessus mais se concentre plutôt sur les jeux de pouvoir et lors de l’entrée en bourse, sur la distribution des actions. Je ne sais donc pas réellement ce qu’il en a été de l’existence d’un brevet ou non sur cette première invention et de la titularité d’un éventuel brevet.

Le conseil qu’on pourrait donner est donc de toujours négocier le dépôt d’un brevet quant à la titularité ou à la co-titularité mais aussi à la relation entre le ou les titulaires et l’inventeur. En effet, l’inventeur reste toujours titulaire de son moral à être désigné qui est aliénable. Sur ces questions de titularité il faut être attentif lors de l’achat d’une société et/ou d’un brevet ou d’une prise de licence. En effet, un litige sur la titularité d’un brevet peut lui faire perdre toute sa valeur d’où l’importance de la due diligence dans ce genre de transaction. De plus, il vaut parfois mieux qu’une entreprise soit titulaire seule (même si par exemple elle ne peut pas être déposant aux USA) qu’une co-titularité entre différentes personnes du fait de la divergence des régimes de co-titularité entre les pays (chaque pays appliquant ses propres règles de droit des brevets).

2° Lorsque Jobs est évincé de Apple Inc., il crée NeXT qui sera ensuite racheté par Apple (+- à 1h38 dans le film). En matière de propriété intellectuelle, cela est intéressant quand on sait qu’alors Apple était en très mauvaise situation financière et que la société a su remonter la pente grâce à des produits développés à partir des innovations de NeXT (+- à 1h51-52 du film). En effet, on imagine que quand Apple Inc. a racheté NeXT, le rachat a eu lieu intégralement et donc avec le capital intellectuel (en ce compris, le capital humain, l’actif intellectuel et la propriété intellectuelle). En achetant NeXT, il n’y a pas eu l’achat «que» d’une société mais aussi l’achat de capital intellectuel (car on ne dit pas dans le film si on a utilisé de l’actif intellectuel ou de la propriété intellectuelle de NeXT. Dans les deux cas, cela n’aurait pas été possible pour Apple si elle n’avait pas racheté cette société).

Le conseil à une entreprise en la matière est le fait qu’il est parfois – sur le long terme -plus intéressant de racheter une société dans son ensemble que de prendre des licences ou de racheter des brevets. C’est un calcul à effectuer au cas par cas mais qui peut se relever intéressant d’un point de vue financier. De plus, détenir des brevets en plus permet d’être plus fort dans les relations avec les concurrents car cela donne une force de frappe dans les négociations (IP as bargaining chips).

B) Ensuite, on a une question qui se pose très tôt dans le film (+- 20e minute) quant au droit des marques. En effet, lorsque Jobs et Wozniak cherchent un nom à leur future société, Jobs propose «Apple (Computer)». C’est alors que Wozniak se pose la question de savoir s’ils ont le droit d’utiliser Apple comme nom sachant que la compagnie des Beatles s’appelle «Apple Corps» (dont est surtout connue «Apple Records» qui est mentionnée dans le film). Ce sujet n’est ensuite plus évoqué dans le film mais il s’agit tout de même d’un contentieux juridique qui a duré quasiment trente ans en matière de marque commerciale. On peut supposer ici qu’il s’agit d’un litige sur la marque verbale (et non sur la marque figurative).

Toujours en cette matière, on peut penser que vu qu’une marque est enregistrée pour une ou plusieurs «classe(s)» (sauf exception quand acquisition d’une certaine renommée), il ne devait pas y avoir litiges entre la marque des Beatles qui concernait principalement le domaine musical et la marque Apple Computer qui s’intéressait au secteur informatique. Cependant, cela a pu poser problème quand Apple (Computer) Inc. a investi le domaine «musical» avec Itunes notamment.

Une entreprise a souvent intérêt à faire enregistrer sa marque et à utiliser toutes les classes dans lesquelles elle est active afin de bénéficier de la meilleure protection possible. Quant la renommée d’une marque est telle, comme pour Apple Inc depuis quelques années, il est judicieux d’invoquer également l’exception de la renommée pour ne pas avoir de limitation à la protection de la marque. Cependant, afin d’éviter tout litige inutile, il est toujours intéressant, lorsque l’on souhaite créer une entreprise/industrie/marque d’étudier le marché pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque de confusion avec la marque d’un concurrent (à moins de vouloir consciemment créer la confusion ou de jouir de la renommée d’une autre marque, aux risques et périls d’un futur litige en droit des marques mais aussi en droit des pratiques du marché et de la concurrence, et d’une très bonne défense)

C) Enfin, on peut évoquer la question – elle aussi laissée en suspens dans le film – des logiciels informatiques et de leur protection. En effet, Jobs estime que Bill Gates lui a volé son logiciel (à +- 1h21). On se pose donc la question de savoir si un logiciel informatique est susceptible d’être protégé par le droit de la propriété intellectuelle, et dans la positive par lequel ? Est-ce un droit d’auteur, un brevet ou un droit sui generis ? En tous cas, le film émet la possibilité d’une licence donnée sur un logiciel informatique quand Jobs parle de «prélever 90cents sur chaque dollar» gagné par Bill Gates. On peut donc penser à des royalties découlant d’un contrat de licence.

A l’heure actuelle, il est possible de protéger un logiciel informatique notamment par le droit d’auteur (en Belgique). Le droit d’auteur protège certains aspects d’un logiciel informatique s’il répond aux conditions de protection et est alors assimilé à une oeuvre littéraire (Directive européenne du 14mai 1991 concernant la protection juridique des programmes d’ordinateur et transposée en droit belge par la loi du 30 juin 1994). Formellement, les programmes informatiques sont exclus de la protection par le droit des brevets (art. 3, § 1er, 3e LBI). Cependant, on pourrait breveter une invention qui intègre un logiciel et répond aux conditions de brevetabilité. Sur base du droit d’auteur, il n’y a pas de démarches à effectuer par l’entreprise ou le créateur d’un logiciel informatique étant donné que la protection possible est celle du droit d’auteur qui ne demande aucune formalité d’enregistrement ou de dépôt. On peut se poser la question de savoir s’il serait nécessaire d’étendre la brevetabilité aux logiciels informatiques. Il faudrait tout d’abord que le logiciel réponde aux conditions de brevetabilité mais la protection par le droit d’auteur ne suffit-elle pas aux entreprises ? En effet, le brevet a un coût tant au dépôt que pour le maintien de ce brevet dans le temps là où le droit d’auteur n’exige aucun dépôt ni enregistrement et n’a pas besoin non plus d’un paiement périodique pour être maintenu dans le temps. De plus, la protection conférée par le droit d’auteur est plus longue en durée que celle offerte par le brevet. Il faut mettre en balance les avantages et les inconvénients de ces deux droits. L’avantage du brevet est la preuve de la date de priorité (PCT) ou la date de dépôt en cas de contrefaçon dans le futur avec un droit à revendiquer. Là où pour le droit d’auteur, il faut confectionner ses propres preuves quant à l’antériorité de votre logiciel (pratiques de l’ enveloppe Soleau en France et son équivalent au Benelux i-DEPOT). Cependant, le droit des brevets n’exclut pas tout litige en matière d’antériorité non plus (d’où l’importance entre autre des «cahiers de laboratoires»).

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Alain Strowel

Bien reçu à temps. Des réflexions intéressantes (notamment sur le brevet et NeXT), merci! On reviendra sur la question des brevets sur logiciels au cours (là je ne partage pas vos remarques).

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