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Je suis plutôt du côté optimiste pour plusieurs raisons.
D’abord, comme vous le faites remarquer, l’essor des tablettes numériques est tel qu’on ne peut négliger l’importance des versions numériques des journaux traditionnels – moi-même, je suis abonné au Soir en ligne. Le prix d’un abonnement numérique est moindre que celui de la version papier mais un journal tiré à moins d’exemplaires coutera forcément moins cher. Et la qualité des journaux en ligne et (sans doute volontairement) moyenne ; si on veut un accès à des informations bien rédigées, il faut acheter les journaux. Je pense que les gens ne s’y tromperont pas.
En ce qui concerne les affaires de Google (et d’Apple), c’est plus délicat parce que du côté des géants de la Silicon Valley, on essaye de faire un maximum de profits alors que les éditeurs cherchent à limiter les pertes. Faute de terrain d’entente, il faudra très certainement légiférer comme cela est prévu en Allemagne et à priori en France (où un modérateur vient d’être nommé pour arranger les affaires entre Google et les éditeurs français mais François Hollande a laissé entendre que l’Assemblée adoptera une loi pour taxer Google si cela s’avérait nécessaire). Si on légifère pour répartir les revenus engendrés par la presse en ligne équitablement, je ne pense pas qu’on se dirige vers une énorme perte d’argent des éditeurs.
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Du côté optimiste, on peut se dire que les être humains ont toujours fini par s’habituer à tout, c’est là une de leur grande qualité: leur capacité d’adaptation. Par conséquent peut être bien que dans un certain nombre d’années, la majorité de la population aura perdu cette habitude de lire son journal papier le matin, et sera définitivement passé aux tablettes numériques.
Du côté pessimiste, et d’après ce qu’on peut avoir comme écho, il paraît difficile de penser que les revenus du numérique finiront par compenser les pertes sur le papier. Il me semble qu’énormément de personnes (dont moi-même) sont attachées à la version papier de l’information. Ce sera, selon moi, beaucoup plus difficile que ce que les optimistes pensent, de faire complètement passer l’information du papier au numérique. Les résistances se font et se feront fort sentir.
Heureux de lire cela venant d’une jeune personne comme vous!
Vous auriez pu creuser davantage la question de l’utilité d’un droit nouveau — ou d’une taxe nouvelle?
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Le numérique prend de plus en plus en d’ampleur dans le monde de la presse. La presse papier coute cher aux éditeurs et certains d’entre eux ont d’ores et déjà pris la décision d’abandonner leur version papier pour se consacrer entièrement au numérique (exemple France Soir). Cependant, les diverses tentatives mises en oeuvre pour améliorer la rentabilité de la presse numérique ont échoué. En effet, si les visites des sites sont importantes, les bénéfices publicitaires ne suffisent pas pour rentabiliser ce modèle numérique. C’est le cas du site Rue89 qui a tenté de produire un mensuel imprimé composé de ses articles numériques. Il a finalement abandonné le projet pour se rabattre vers les tablettes numériques.
La presse se trouve actuellement entre deux tendances (le vent tourne !) : la société n’est pas encore prête à passer entièrement à la presse numérique (et ne le sera pas avant quelques temps) mais la presse écrite ne se suffit plus à elle-même. Les éditeurs doivent donc jouer sur les deux tableaux et trouver le bon équilibre.
En France, l’idée d’un droit voisin du droit d’auteur au profit des éditeurs vient d’émerger. Le patron de Google (Eric Schmidt) a d’ailleurs rencontré récemment François Hollande pour discuter de la problématique . Avant cette rencontre, «Google avait menacé de ne plus référencer les médias français s’il devait s’acquitter de droits voisins, sorte de prolongation des droits d’auteur, lors de l’utilisation indirecte de leurs contenus». «De leur côté, les éditeurs français avaient jugé inadmissible que Google utilise les articles de presse gratuitement pour ponctionner le marché publicitaire français sans rémunérer les créateurs de contenus» (http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/rencontre-hollande-google-les-editeurs-de-presse-saluent-une-avancee_1181460.html). François Hollande a invité Google à négocier avec les éditeurs de presse mais précise que si une solution n’est pas trouvée dans les mois qui suivent, la création d’une loi «sur les portails agrégateurs d’information pour respecter la propriété intellectuelle sur les contenus de presse, et la mise en place d’une taxe sur les ordinateurs, tablettes et outils informatiques» (http://www.itespresso.fr/taxe-google-francois-hollande-loi-allemande-58332.html) seront envisagées.
Les Allemands ont déjà été un peu plus loin «puisque le gouvernement allemand a récemment établi un projet de loi visant à davantage protéger de Google la propriété intellectuelle des éditeurs de presse sur Internet». «Ce projet de loi stipule en effet que les moteurs de recherche, dont Google, devront reverser à ces médias en ligne des commissions échange de l’indexation de leurs contenus sur Google news» (http://www.itespresso.fr/taxe-google-francois-hollande-loi-allemande-58332.html).
En Belgique, les éditeurs de presse ont été en justice. Copiepresse c. Google : la Cour d’appel de Bruxelles a condamné Google à retirer de sa section «Google news» les articles et les photographies publiés dans la presse. Mais le problème est le même qu’à l’étranger : Google menace les éditeurs et les sites de presse de ne plus les référencer… La solution serait peut-être, à l’instar de la France, de permettre à Google et eux éditeurs de presse de négocier un arrangement et, si les négociations n’aboutissent pas, d’envisager une loi instaurant une taxe au profit des éditeurs.
Show lessMerci pour ces nouvelles sources qui complètent le bref tour d’horizon.
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Le gouvernement allemand a depuis août 2012 adopté un projet de loi qui, si il est voté par le parlement début 2013, instaurera un système de rémunération des patrons de presse en fonction de l’utilisation faite par Google des articles de presse disponibles sur les différents sites d’information.
Les patrons estiment en effet, qu’il y a utilisation de données pour lesquelles ils investissent et qu’ils doivent donc pouvoir toucher un bénéfice de l’utilisation qui en est faite.
Notons qu’ils ne sont pas les auteurs de ces articles : ils n’ont donc aucun droit d’auteur sur ceux-ci étant donné qu’un droit d’auteur est un droit qui découle de l’originalité de la création. L’objectif ici serait de protéger l’investissement des patrons de presse qui permet de rendre accessible les articles sur le net. Le but de la « Lex Google » serait donc de « réformer » le droit de la propriété intellectuelle en instaurant un droit voisin qui protègerait l’investissement des patrons de presse lésés.
La presse allemande le souligne elle-même : le gros dilemme à résoudre (à savoir commment véritablement faire de l’argent avec l’information sur Internet) ne sera pas réglé par l’imposition de ce nouveau droit voisin. (Berliner Zeitung).
Ce projet de loi est critiqué non seulement car il n’apporte par de réponse au problème, mais aussi dans la mesure où il pourrait porter atteinte à la liberté d’information. Sachant tout de même que la version finale qui attend de passer à la discussion au Bundestag, est une version plus qu’épurée par rapport au tout premier projet.
La France a elle aussi décidé de venir en aide aux grands patrons. Par contre on est, chez les français, plus partisan d’une solution négociée. François Hollande aurait prié le géant de l’internet et les patrons de presse de bien vouloir se retrouver autour de la table.
Là aussi, les grands patrons voulaient une modification du droit de la propriété intellectuelle et la création, comme en Allemagne, d’un droit voisin, spécialement adapté aux besoin de l’internet. Ce à quoi la Ministre française s’est fortement opposée, préférant la négociation. Notons tout de même que Google a menacé de supprimé toute référence à des sites d’information français sur son moteur de recherche.
Personnellement, j’ai du mal à me faire une opinion sur le sujet. Notre société est en perpétuelle évolution, et le droit, organe indispensable au maintien d’un statut quo entre la multitude d’intérêts en présence, se doit aussi de s’adapter.
Un service, ne reste un service que si il permet de faire gagner de l’argent à l’investisseur: si les pertes dues à la presse papier ne sont plus compensées par les revenus d’une version en ligne, il est évident qu’une solution s’impose pour garantir l’accès à l’information. Cette solution existe, et je suis convaincue que l’ingéniosité du législateur finira bien par la trouver.
Maintenant, savoir si celle demandée par les patrons de presse est la bonne, ça reste à voir. Vu l’évolution des technologies, il est normal que de nouveaux droits apparaissent. Cependant, n’est-il pas un peu dangereux de donner autant de pouvoir à des patrons de presse qui ne sont même pas les auteurs des articles qu’ils mettent en ligne ? Face à un problème légèrement similaire dans le future, pourrons nous, encore une fois, créer un nouveau droit ?
Le droit à vocation à la généralité et à l’abstraction. Une règle assez générale et abstraite pour s’appliquer à différentes situations, tout en étant assez précise pour s’appliquer de façon différenciée lorsque les situations l’exigent. La création d’un nouveau droit risque d’éffriter l’ordre juridique et d’ouvrir la porte à des demandes de réformes législatives venant de secteurs divers et variés. Au grand dam des étudiants en droit qui ne sauront plus où donner de la tête.
Pour ce qui est de la procédure, je penche donc plus du côté français : une négociation permettra peut-être de trouver une solution de compromis, répondant vraiment au problème de rentabilité, sans créer de nouveau droit et sans se mettre à dos la grande puissance du net.
Sources:
http://www.ecrans.fr/L-Allemagne-tate-le-terrain-de-la,15437.html
http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20121029trib000727862/lex-google-francois-hollande-menace-google-d-une-loi.html
http://www.latribune.fr/technos-medias/20121026trib000727376/lex-google-eric-schmidt-sera-a-paris-lundi.html
http://www.journalismes.info/La-Taxe-Google-l-ecran-qui-occulte-les-privations-de-libertes-de-la-Lex-Google_a4091.html
http://www.berliner-zeitung.de/digital/lex-google-oder-das-ende-der-gratiskultur,10808718,17000340.html
http://www.epochtimes.de/-lex-google-auf-zeitungskongress-umstritten-990769.html
http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/freedom-of-expression/freedom-of-information/
Notons que l’ironie veut que j’utilise Google et ses documents “en cache” pour rédiger ce texte.
Show lessBien, bonne recherche!
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La presse est en crise et cherche des causes de cette crise. Google est vu par les éditeurs comme une des grandes causes des pertes de chiffre d’affaire des éditeurs. La presse papier est de moins en moins lue par les lecteurs et la presse voit diminuer son chiffre d’affaire depuis quelques années. Pourtant, le nombre d’utilisateurs qui lisent la presse sur internet n’est pas du tout négligeable.
Concernant la question de savoir si les revenus obtenus par la presse en ligne peuvent compenser les pertes sur les revenus obtenus par la presse papier, j’aimerais donner une réponse qui se rapproche d’un point de vue optimiste, sans pour autant prétendre que toutes les pertes sur la presse papier seront compensées par la presse en ligne.
Concernant la presse papier avant que la presse en ligne devienne tellement importante, les journaux en général, n’avaient pas spécialement besoin de publicité faite par un intermédiaire pour atteindre les lecteurs. Avant que les journaux en ligne deviennent aussi populaires qu’aujourd’hui, la plupart des lecteurs de journaux lisaient les journaux parce qu’ils voulaient les lire et non parce qu’ils y sont incités par l’un ou l’autre intermédiaire. Les journaux pouvaient bien attirer des lecteurs (ou peut-être faut-t-il plutôt dire des acheteurs dans ce cas) supplémentaires en organisant par exemple une possibilité d’acquérir des collections (par exemple une collection peluches de Disney) en collectionnant les timbres qui se trouvent dans le journal pendant un certain nombre de semaines. La presse papier a donc la possibilité de faire de la publicité en organisant des actions pour attirer des lecteurs.
Pour la presse en ligne, c’est une autre histoire. Les sites des rédacteurs de journaux sont visités très souvent par des lecteurs qui ont trouvé le titre d’un article qui leur semble intéressant sur un site de recherche, comme par exemple Google. Plusieurs articles en ligne (par exemple http://www.lefigaro.fr/hightech/2012/10/29/01007-20121029ARTFIG00573-google-et-la-presse-les-cles-du-debat.php et http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20121029trib000727732/google-contre-les-editeurs-de-presse-au-bal-des-hypocrites.html) indiquent que la presse en ligne a besoin de Google. Si quelqu’un fait des recherches sur Google et que Google insère dans les résultats de recherche un titre intéressant d’un article de presse, il y a une chance que la personne qui effectue des recherches va lire l’article de presse (en entier ou diagonalement).
Par le faite que Google cite les articles, la presse en ligne atteint un grand nombre de lecteurs, dont une partie ne rechercherait pas de leur propre initiative cet article qui se trouve sur les sites des éditeurs.
Même si, par une loi ou par des accords entre Google et les groupes d’éditeurs de journaux, on parvient à une redistribution des bénéfices de la presse en ligne, cette redistribution ne permettra probablement pas à recouvrir les pertes de la presse papier. La presse en ligne a besoin d’un intermédiaire, ici Google. Pour la presse papier, les éditeurs ont moins besoin de publicité faire par des intermédiaires. Il semble donc logique que les éditeurs ne vont pas se voir attribuer tous les bénéfices de la presse en ligne.
Si une solution est trouvée pour redistribuer d’une façon ou d’une autre les bénéfices de la presse en ligne, les éditeurs de journaux pourront parvenir à couvrir une partie des pertes de la presse papier mais cette redistribution ne permettra pas à recouvrir la totalité de ces pertes.
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La presse sur internet est un marché tout à fait spécifique, qu’on a encore du mal à situer aujourd’hui. L’information numérique pose beaucoup de questions, surtout au niveau de son financement. Les éditeurs européens luttent contre la puissante entreprise Google et encouragent fortement leurs gouvernements respectifs à créer une nouvelle taxe. Celle-ci aurait pour but d’interdire les référencements non rémunérés d’articles de presse effectués par les différents moteurs de recherche, dont l’éminent Google. Selon les éditeurs de presse, ce nouveau droit voisin permettrait d’assurer la pérennité de la société de l’information et de garantir la qualité des informations disponibles sur internet.
Il me paraît légitime pour les éditeurs d’exiger une contrepartie si Google utilise leurs articles de presse. Cependant, en renvoyant le visiteur au site de l’éditeur correspondant à l’article référencié, il me semble que Google les rémunère en nature. Notons que plusieurs milliards de clics sont redirigés par Google vers les sites des éditeurs de presse. Google contribue donc fortement à l’audience de ces différents sites. Ce service de renvoi rémunère en quelque sorte les éditeurs pour l’utilisation de leurs articles.
Selon moi, les éditeurs cherchent par cette taxe à combler les pertes financières subies dans la presse papier. Ils espèrent par ce droit voisin combler leur déficit, au lieu d’assurer, comme ils l’avancent, la qualité de leurs informations. Ils devraient plutôt essayer de s’adapter à cette nouvelle société de l’information, qui prend place désormais sur internet.
Ce nouveau droit voisin, que les gouvernements allemands, français et italiens s’apprêtent sérieusement à mettre en place, va me semble-t-il apporter des effets négatifs au lieu de rencontrer les objectifs souhaités. En effet, Google, au lieu de payer une telle taxe, risque de ne plus référencer dans son moteur de recherche les différents éditeurs concernés par cette taxe. Ceci anéantira considérablement l’audience des sites de ces éditeurs, et par conséquent fera chuter leurs revenus publicitaires. Au lieu de renforcer la position des éditeurs, cette taxe ne fera que renforcer la position de Google. La presse est déjà dépendante de Google au niveau de l’audience, si elle le devient en outre au niveau économique, Google deviendra le grand et ultime décideur. En d’autre termes, Google n’en ressortira que plus puissant encore.
Cette taxe bloquera en outre l’innovation et la diversité des sources d’information. Les petits éditeurs seront en effet laissés sur le côté, puisqu’en perdant cette vitrine de diffusion qu’est Google, ils perdront toute leur audience.
La presse sur internet est si dure à monétiser qu’il me semble que les revenus numériques n’arriveront jamais à compenser les pertes sur le papier. Vu les conséquences négatives d’une « taxe Google », il n’existe que deux sources de rémunération pour les sites d’information : les internautes, via le paiement d’un abonnement, et les annonceurs, via le prix pour poser une publicité. Plus l’audience d’un site est importante, plus le prix de l’annonce augmentera, et plus l’éditeur sera rémunéré. Faire payer l’internaute ne serait pas rentable, puisque cela engendrerait une diminution de l’audience, et donc aussi une diminution du prix de l’annonce. En ce qui concerne les revenus numériques, on ne peut se baser aujourd’hui que sur la publicité, et celle-ci ne pourra, je pense, compenser les pertes subies sur le papier.
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La question est de savoir comment créer un modèle économique viable à long terme pour la presse sur internet, de façon a compenser les pertes subies par la presse papier. Cela est-il possible ?
A priori il convient de répondre non à cette question : la logique d’internet 2.0. est de proposer du contenu gratuit pour et par les lecteurs qui deviennent donc également éditeur. Proposer du contenu payant est doublement contre-productif cat il est en rivalité avec du contenu gratuit ( et la concurrence anéantit le « plus » que le contenu payant pourrait apporter) et en plus il limite le trafic sur ces mêmes sites et donc par delà-même les recettes publicitaires de ces sites, un contenu payant sur internet est donc doublement desavantagé et c’est ce qui semble justifier de prime abord la mort des médias traditionnels pour voir apparaître un web dans lequel l’information est transmis de tout un chacun (qui devient donc éditeur) vers l’ensemble des lecteurs, avec tout les risques de pertes et de manque d’objectivité que cela comporte.
Néanmoins il faut nuancer cette analyse : l’affaire Copiepresse c. Google nous enseigne c’est que ce n’est pas le problème du référencement qui dérange les éditeurs de journaux (car celui-ci amène du trafic et donc des recettes publicitaires) mais bien le fait que ces mêmes articles restaient en mémoire cache bien après leur parution sur les sites des journaux, alors qu’après un certain délai ceux-ci n’étaient plus disponible gratuitement sur le site de ces journaux. Ce qui a occasionné un manque à gagner chiffrable en centaine de million d’euros (http://www.levif.be/info/actualite/technologie/google-vs-copiepresse-et-si-les-editeurs-se-trompaient-de-combat/article-1195066194519.htm). Et attaquant par de la même la source principale de revenu pour ces sites. Grâce à cette décision les éditeurs de presse peuvent négocier financièrement le référencement de leurs articles de journaux par Google actualité.
Cela souligne un paradoxe : les éditeurs de presse ont besoin de google actualité pour obtenir du traffic et Google a besoin des articles pour faire fonctionner son service. En définitive le seul réel probléme est que Google est un service gratuit : de sorte qu’aucune commission pour les éditeurs n’est envisageable.
Avec Google actualité, l’entreprise de la Silicon Valley a négligé de se préoccuper des droits d’auteur dont les articles de journaux pouvaient être titulaires. Google « surfe » en effet à la limite du droit d’auteur et seul une application stricte de la Loi à permis au tribunal de condamner Google. Il est à noter que cela a été possible grâce à la loi belge, et cela est donc vrai que dans notre seul territoire.
En Allemagne une loi est en cours d’adoption et elle est destinée à taxer les moteurs de recherche et les agrégateurs de contenus qui indexent la presse en ligne. C’est donc révéler un secret de polichinelle que de dire que c’est Google qui est visé.
En France, la ministre de la Culture Aurélie Filipetti à déjà évoqué l’idée d’une « taxe google » donnant un écho aux revendications allemendes, ce à quoi Google a vertement réagi : (http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/10/18/google-menace-de-supprimer-les-journaux-francais-de-son-moteur_1777711_651865.html).
Il existe deux solutions juridiques pour la mise en place de cette taxe :
– Soit la création d’un nouveau droit voisin au profit des éditeurs, calqué sur celui que les producteurs de phonogrammes et des artistes-interprètes doivent s’acquitter.
– Soit la mise en place d’une taxe sur les appareils connectés.
A mon sens, il est assez inquiétant que sous le prétexte de financer la presse (déjà plus que renflouée par l’argent public) on s’apprête à porter atteinte à plusieurs droits fondamentaux relatif à la liberté d’expression : le droit de faire des liens hypertexte, le droit de citation, le droit au référencement. Ce qui aura une influence très négative sur la possibilité d’innovation et de création.
Une solution alternative pour réellement arriver à sauver de la banqueroute la presse traditionnelle serait un systéme de contribution créative : les lecteurs se verraient reconnaître un droit au partage des œuvres, applicable aux articles de presse et en contrepartie les éditeurs de presse obtiendraient le droit de toucher une rémunération prélevés sur ce que les internautes payent pour leur abonnement internet, on pourrait envisager de le calculer sur la base de la fréquentation des sites.
Cette solution aurait l’avantage de dégager de l’argent tout en ne touchant pas aux libertés fondamentales et à l’idéologie politicienne a été évoqué par Philippe Aigrain (http://www.laquadrature.net/fr/contribution-creative) et il s’agit à mon sens du meilleur moyen pour satisfaire tout le monde.
Show lessIl y a de bonnes sources (attention de bien les lire quand même!), mais faut-il considérer que le droit voisin est une taxe?
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Avant d’aborder plus en profondeur l’avenir de la presse écrite et la possible émergence d’un marché économiquement stable pour les éditeurs sur internet, il faut tout d’abord souligner que la position de Google est plus que critiquable en proposant, sur sa page actualité, « les Unes » des articles de presse avec un bref sommaire. En effet, malgré l’argumentation du plus gros moteur de recherche du monde, qui estime produire par le biais de ce service plus de 4 milliards de clics sur les sites des éditeurs, je ne suis convaincu que ce soit l’élément important à retenir. Il est vrai que cela produit un nombre certain de clic, mais la question importante à se poser sur cette problématique est double :
D’une part le manque de logique face au revenu en faveur de Google grâce à ce service alors même qu’aucune rémunération n’est proposée par lui aux éditeurs ; et d’autre part le nombre de clics non réalisés par les personnes qui se contentent uniquement d’un simple sommaire sans chercher à lire l’article.
Le mécontentement des éditeurs et groupes de presse peut paraître plus que compréhensible, car bien que ce service leur soit offert, ils n’ont pas accordé d’autorisation à Google d’utiliser une partie de leur contenu ni sollicité une aide quelconque de Google pour fournir ce service.
Outre la décision de la Cour d’Appel en Belgique qui condamne Google et qui offre une victoire au groupe de presse, la situation européenne commence à fortement évoluer dans ce domaine.
En effet le même problème se fait sentir en France, où presque la totalité des éditeurs de presse ne conçoivent pas que Google utilise leur contenu sans pouvoir bénéficier en contrepartie d’une rémunération. A cette fin, en s’inspirant de la proposition de loi existant en Allemagne, les éditeurs français souhaiteraient voir adopter une loi qui développerait un droit voisin au droit d’auteur, et autoriserait les moteurs de recherche tel que Google à référencer leurs contenus en échange d’une rémunération. Le gouvernement français n’est pas contre l’idée de légiférer en la matière mais préfère avant cela tenter de trouver une solution à l’amiable dans ce problème.
Evidemment face à cette position qui se développe, Google n’est pas très ouvert à l’idée d’une rémunération et sans redévelopper son argumentation des 4 milliards de clics intervenus grâce à lui, il souligne simplement qu’en cas de rémunération obligatoire, il envisage de ne plus référencer les sites d’actualité des éditeurs français (notons quand même qu’actuellement c’est la conséquence directe de la décision de la Cour d’Appel de Bruxelles pour les éditeurs Belges), ceux ci seraient simplement remplacés par les blogs et autres sites gratuits d’actualité.
De plus, les italiens eux aussi commencent à émettre la possibilité d’envisager une législation qui développerait un droit voisin au droit d’auteur, et imposerait une taxe à Google. La solution au problème n’est pas encore trouvée ; on peut toutefois souligner dès à présent que de nombreux pays européens s’organisent et que cela pourrait mener prochainement à diverses législations et peut être, dans un avenir proche, à une intervention de l’Union Européenne en la matière.
Enfin, pour me situer par rapport au billet d’Alain Gerlache, j’estime qu’a terme les groupes de presse finiront certainement par trouver un modèle économiquement viable sur internet, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, soulignons que malgré le fait que les technologies actuelles permettent d’être tenu informé à toute heure du jour ou de la nuit des « breaking news » partout dans le monde, outre la rapidité de l’information, l’élément important reste la fiabilité des informations transmises.
Or, de ce point de vue là, bien qu’internet soit envahi par de nombreux blogs ou pages gratuites d’actualité 24/24h, il restera toujours des domaines où les connaissances particulières d’un journaliste seront une sérieuse valeur ajoutée, plus que nécessaire à la bonne transmission et explication de l’information du jour.
Ensuite, bien que la presse papier commence à décliner et que le marché soit de moins en moins intéressant d’un point de vue économique, les groupes de presse finiront, avec la multiplication des supports électroniques, par développer un journal électronique dans lequel ils pourront espérer retrouver une stabilité financière par le biais d’abonnements mais également par le biais d’annonceurs.
Enfin, même si cela doit prendre du temps, le secteur de l’information payante ne peut être amené à disparaître selon moi, car cela nous amènerait à faire face à une montagne de blogs d’actualité gratuits, mais dont le contenu ne peut être que mis en doute vu le manque de professionnalisme ou de connaissance du secteur de l’auteur.
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LA PRESSE ET LES AGRÉGATEURS D’ACTUALITÉ
Commençons par la décision du 5 mai 2011 rendue à l’issue de l’appel intenté par Google dans le cadre de l’affaire Copiepresse, utilisant comme motif que la décision rendue en première instance ne contenait pas d’inventaire des pièces déposées, comme exigé à l’article 743 du Code judiciaire1. Selon Google, le droit devant être appliqué était le droit américain, car les pages Internet des éditeurs belges avaient été enregistrées sur les serveurs aux Etats-Unis. L’application du droit américain présentait un avantage pour Google, car il aurait éventuellement pu bénéficier du principe du « fair use ». Cependant, la décision a été rendue en faveur de Copiepresse, car Google n’a pas pu fournir de preuve de ce qu’il avançait.
Deuxièmement, en Allemagne, les éditeurs sont mécontents. Leur requête est semblable à celle de Copiepresse. Google News répertorie les titres et les résumés d’articles mis en ligne sur le site des éditeurs de presse. Sur ce, bon nombre d’internautes s’en contentent et ne cliquent plus sur les liens. Les éditeurs considèrent que Google détourne de l’audience, et l’utilise pour augmenter ses recettes publicitaires. Ainsi, les éditeurs voudraient être rémunérés pour le recensement de leurs articles. En conséquence, début mars 2012, un projet de loi a été entériné par le gouvernement d’Angela Merkel2. Cette loi obligerait Google et l’ensemble des sites d’actualités à verser une taxe aux éditeurs de presse allemands3. Les avis concernant la pertinence du projet divergent.
Ensuite, le site Rue89, symbole du modèle tout gratuit, n’est toujours pas parvenu à trouver un modèle économique viable via son activité de presse en ligne et doit se tourner vers d’autres sources de revenus comme la dispense de formations. Fin 2011, Claude Perdriel (directeur du Nouvel Observateur) rachète Rue89, en perte depuis plusieurs années4. A l’inverse, Mediapart, symbole du modèle tout payant, a terminé l’année en dégageant un bénéfice. Preuve que le tout payant n’est pas condamné à l’échec et que la gratuité de l’information en ligne n’est pas une nécessité pour survivre5.
Enfin, de son côté, le Huffington Post ne rémunère pas tous ses bloggeurs, dont certains ont été déboutés par la Cour Fédérale (mars 2012), alors qu’ils souhaitaient être dédommagés après le rachat du site par AOL. Le contenu moins cher permet, ainsi, une meilleure monétisation. Lancé en France le 23 janvier 2012, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur sa viabilité6.
BIBLIOGRAPHIE
1 Arrêt de la Cour d’Appel de Bruxelles rendu dans l’affaire Copiepresse, http://www.scribd.com/doc/54991235/Arret-de-la-Cour-d-appel-de-Bruxelles-rendu-dans-l-affaire-Copiepresse-SAJ-Assucopie-contre-Google-le-5-mai-2011, le 05 mai 2011.
2 La « Lex Google » fait hurler le web allemand, http://lci.tf1.fr/high-tech/google-devra-t-il-reverser-a-la-presse-une-part-de-ses-revenus-publicitaires-7039957.html , le 06 mars 2012.
3 DINCHER J., « L’Allemagne envisage de taxer Google pour rémunérer les éditeurs de presse », http://www.journalismes.info/L-Allemagne-envisage-de-taxer-Google-pour-remunerer-les-editeurs-de-presse_a3830.html , le 08 mars 2012.
4 HASKI P., « Rue89 rejoint le groupe Nouvel Observateur », http://www.rue89.com/2011/12/21/alliance-entre-rue89-et-le-groupe-nouvel-obs-227731 , le 21 décembre 2011.
5 PLENEL E., « L’exception Mediapart », http://www.mediapart.fr/journal/international/021211/lexception-mediapart , le 02 décembre 2011.
6 « Jugement : le Huffington Post n’aura pas à payer ses blogueurs », http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/03/30/003-huffington-post-cour.shtml , le 30 mars 2012.
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Avant d’aborder plus en profondeur l’avenir de la presse écrite et la possible émergence d’un marché économiquement stable pour les éditeurs sur internet, il faut tout d’abord souligner que la position de Google est plus que critiquable en proposant, sur sa page actualité, « les Unes » des articles de presse avec un bref sommaire. En effet, malgré l’argumentation du plus gros moteur de recherche du monde, qui estime produire par le biais de ce service plus de 4 milliards de clics sur les sites des éditeurs, je ne suis convaincu que ce soit l’élément important à retenir. Il est vrai que cela produit un nombre certain de clic, mais la question importante à se poser sur cette problématique est double :
D’une part le manque de logique face au revenu en faveur de Google grâce à ce service alors même qu’aucune rémunération n’est proposée par lui aux éditeurs ; et d’autre part le nombre de clics non réalisés par les personnes qui se contentent uniquement d’un simple sommaire sans chercher à lire l’article.
Le mécontentement des éditeurs et groupes de presse peut paraître plus que compréhensible, car bien que ce service leur soit offert, ils n’ont pas accordé d’autorisation à Google d’utiliser une partie de leur contenu ni sollicité une aide quelconque de Google pour fournir ce service.
Outre la décision de la Cour d’Appel en Belgique qui condamne Google et qui offre une victoire au groupe de presse, la situation européenne commence à fortement évoluer dans ce domaine.
En effet le même problème se fait sentir en France, où presque la totalité des éditeurs de presse ne conçoivent pas que Google utilise leur contenu sans pouvoir bénéficier en contrepartie d’une rémunération. A cette fin, en s’inspirant de la proposition de loi existant en Allemagne, les éditeurs français souhaiteraient voir adopter une loi qui développerait un droit voisin au droit d’auteur, et autoriserait les moteurs de recherche tel que Google à référencer leurs contenus en échange d’une rémunération. Le gouvernement français n’est pas contre l’idée de légiférer en la matière mais préfère avant cela tenter de trouver une solution à l’amiable dans ce problème.
Evidemment face à cette position qui se développe, Google n’est pas très ouvert à l’idée d’une rémunération et sans redévelopper son argumentation des 4 milliards de clics intervenus grâce à lui, il souligne simplement qu’en cas de rémunération obligatoire, il envisage de ne plus référencer les sites d’actualité des éditeurs français (notons quand même qu’actuellement c’est la conséquence directe de la décision de la Cour d’Appel de Bruxelles pour les éditeurs Belges), ceux ci seraient simplement remplacés par les blogs et autres sites gratuits d’actualité.
De plus, les italiens eux aussi commencent à émettre la possibilité d’envisager une législation qui développerait un droit voisin au droit d’auteur, et imposerait une taxe à Google. La solution au problème n’est pas encore trouvée ; on peut toutefois souligner dès à présent que de nombreux pays européens s’organisent et que cela pourrait mener prochainement à diverses législations et peut être, dans un avenir proche, à une intervention de l’Union Européenne en la matière.
Enfin, pour me situer par rapport au billet d’Alain Gerlache, j’estime qu’a terme les groupes de presse finiront certainement par trouver un modèle économiquement viable sur internet, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, soulignons que malgré le fait que les technologies actuelles permettent d’être tenu informé à toute heure du jour ou de la nuit des « breaking news » partout dans le monde, outre la rapidité de l’information, l’élément important reste la fiabilité des informations transmises.
Or, de ce point de vue là, bien qu’internet soit envahi par de nombreux blogs ou pages gratuites d’actualité 24/24h, il restera toujours des domaines où les connaissances particulières d’un journaliste seront une sérieuse valeur ajoutée, plus que nécessaire à la bonne transmission et explication de l’information du jour.
Ensuite, bien que la presse papier commence à décliner et que le marché soit de moins en moins intéressant d’un point de vue économique, les groupes de presse finiront, avec la multiplication des supports électroniques, par développer un journal électronique dans lequel ils pourront espérer retrouver une stabilité financière par le biais d’abonnements mais également par le biais d’annonceurs.
Enfin, même si cela doit prendre du temps, le secteur de l’information payante ne peut être amené à disparaître selon moi, car cela nous amènerait à faire face à une montagne de blogs d’actualité gratuits, mais dont le contenu ne peut être que mis en doute vu le manque de professionnalisme ou de connaissance du secteur de l’auteur.
Show lessMerci, j’ai bien reçu votre billet sur l’actualité du conflit Google c. la presse. Voyons comment les choses bougent dans les mois qui viennent.