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« Pour quelques dollars de plus » : Faut-il une réaction des autorités publiques à ce qui semble être une mise en péril de la qualité de la presse écrite par la récente concurrence des Google, Yahoo et Cie ?
Les enjeux financiers sont régulièrement au fondement des problèmes qui opposent les différents acteurs d’une société. A tel point qu’ils parviennent bien souvent à aveugler ceux-ci de l’importance d’autres enjeux sous-jacents. Pourtant la valeur de l’argent est fondamentalement toute autre dans la problématique du financement de la presse écrite : il en va de la qualité de l’information qui nous constitue en tant que citoyen. Si l’information est devenue un produit de consommation, elle ne peut l’être au premier titre. Il reste qu’une exigence de qualité doit entourer sa production Les dérives liées à la diffusion d’informations biaisées et partiales ou uniformisées et banales ne sont malheureusement que trop connues. Dans la problématique du financement de la presse écrite par la publicité, l’argent a donc de la valeur mais seulement pour les enjeux essentiels qu’il permet de rencontrer.
Nous verrons dans un premier temps les enjeux que pose la question du financement de la presse et les dangers de la tendance actuelle vers laquelle semble s’orienter notre société pour analyser, dans un deuxième temps, les armes que procure le droit à la presse dans sa lutte pour un financement juste de son travail ainsi que celles dont il pourrait la doter en vue de lui permettre d’encore améliorer et stabiliser sa situation.
Quel financement juste pour la presse ? Celui nécessaire à l’accomplissement de sa mission: celle de diffuser l’information, qui aura été traitée d’un point de vue critique avec l’intégrité, la probité et la qualité requise par le devoir moral que représente cette mission. Cette mission n’est pas incompatible avec une forme de concurrence qui oblige les différents acteurs de la presse écrite à concilier cette mission avec les enjeux économiques qui sont liés à leur lutte pour des parts de marché : ce lien est même nécessaire à l’accomplissement de cette mission. Il contribue notamment à assurer une auto-régulation de la qualité du travail des différents acteurs entre eux. Mais, cependant, la frontière ténue est dépassée lorsqu’une concurrence nouvelle et fulgurante apparaît face à elle et que cette concurrence, vu l’évolution des technologies et des habitudes des internautes n’est, de facto, pas loyale. Représentant un danger pour la survie de ses concurrents
La situation actuelle peut être analysée à cet égard à l’image de deux vases communicants, situés à un même niveau, auxquels les lois de la physique ne s’appliqueraient plus : l’un se vidant anormalement au profit de l’autre. Si ces lois ne parviennent plus à réguler la situation, la nécessité de les réenvisager s’impose. Or il est du devoir des autorités publiques de se préoccuper de ce type de situation dans laquelle un acteur de la société civile à ce point nécessaire au bon fonctionnement de notre société démocratique menace, en raison de circonstances technologiques nouvelles, de se détériorer. Google, Yahoo & Cie représentent un danger pour la survie de leurs concurrents et a plus long terme pour la qualité de la presse écrite. À ce titre, les autorités publiques doivent réagir afin de rééquilibrer la balance.
Pour ce faire, en attendant une intervention publique, quels sont les pistes à suivre dans l’état actuel du droit ? Les moteurs de recherche dont il est question utilisent le produit de la publicité pour financer leurs activités sur le web, or celles-ci sont de plus en plus plébiscitées par les consommateurs alors que le travail journalistique n’émane pas d’eux. Un déplacement anormal des recettes publicitaires joue donc à la défaveur de ceux-là même qui contribuent à la création de l’information au premier chef. Une distinction doit être opérée entre les titres et – éventuellement – les extraits d’articles qui satisfont à la condition d’originalité propre aux droits d’auteurs et les autres. Pour ces derniers, l’action des moteurs de recherches est tout à fait légale puisque leurs titulaires ne sont protégés par aucun droits d’auteurs. Pour les premiers en revanche, la violation de leurs droits d’auteurs est rarement contestable. Le problème étant qu’une action judiciaire introduite en cas de violation des droits d’auteurs est rarement compatible, d’un point de vue économique, avec l’énorme quantité de reproduction illégales effectuées par les moteurs de recherche. Les conséquences des procès intentés contre ceux-ci prouvent à suffisance qu’ils n’ont pas un effet dissuasif assez important que pour enrayer la machine telle qu’elle est actuellement lancée. La solution résiderait peut-être actuellement dans la solution contractuelle. En effet, la contrepartie financière que la presse écrite peut demander à ces moteurs de recherche en échange de leur accord pour reproduire des titres et des passages d’articles (licences légales) pourrait être supérieure aux pertes financières de la presse écrite occasionnées par cette situation et en même temps inférieure aux couts administratifs qu’engrangent les plaintes des acteurs de la presse écrite aux moteurs de recherches. Ainsi, la transaction pré-contentieuse peut contenir les prémisses d’une solution temporaire à cette « crise » de la presse écrite. Il revient aux différents acteurs de prendre les initiatives adéquates.
Dans le cadre d’une intervention publique, visant à adapter le cadre juridique des droits d’auteurs, les autorités doivent tenir compte des éléments propres à la situation de fait. Les reproductions effectuées par les moteurs de recherches se situent très souvent aux abords de la frontière entre reproduction légale et illégale. De plus le choix des acteurs publicitaires s’oriente vers le canal de communication qui rassemble le plus de consommateurs et à moins d’imposer à ceux-ci ou aux consommateurs des contraintes dans leur choix personnels, il est vain d’espérer trouver une solution dans cette voie.
Dès lors deux types de solution sont envisageables. Soit on s’attèle à la détermination d’un critère non équivoque permettant de distinguer les actes de reproduction légaux et illégaux. Celui-ci permettant sans doute possible, et éventuellement sans le besoin d’un recours par le juge judiciaire, d’établir les situations illégales, il pourrait permettre à une autorité spécialement constituée d’établir l’infraction et de la sanctionner par la voie administrative (rapidité et forfait évitant par la des couts administratifs ayant un effet désincitant quant au recours par la voie judiciaire). Soit, l’on considère la détermination d’un tel critère impossible ou risquée et on impose aux moteurs de recherche le paiement d’une redevance annuelle fixée sur base empirique au profit de la presse écrite dont il reproduit les titres et parties d’articles de façon légale ou illégale.
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“Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.”
C’est ainsi qu’Albert Londres éminent et regretté reporter concevait sa profession. Si je fais référence à cette citation, c’est que la question abordée ici, « fau- il faire payer Google et Yahoo ? » soulève la question de l’existence même de la presse. Peut-on faire rimer information de qualité et gratuité ?
Oui, d’un point de vue statique, si l’on se place dans la peau du consommateur. J’ouvre Google news, un article m’intéresse, je clique et suis redirigé. D’un point de vue dynamique par contre, il faut garder en tête que l’information à un coût. Dès lors, comment contrer cette fuite du lectorat vers les agrégateurs d’actualités ?
De tout temps la presse a cherché du financement. En effet, vendre un journal à prix coutant, c’est se priver de nombreux clients. Ainsi, l’avènement de la publicité permit une certaine démocratisation de l’accès à l’information. La presse écrite subit une première dépression avec l’apparition de la publicité à la télévision. Le législateur intervint alors en autorisant la publicité à la télévision à condition de verser aux éditeurs de presse écrite une partie des recettes publicitaires.
Plus tard, avec l’arrivée d’internet, les éditeurs de presse écrite confrontés à une nouvelle concurrence, mirent en place leur propre antenne internet proposant généralement du contenu « gratuit »financé par la publicité et certains contenus réservés à leurs abonnés papier.
Enfin, Google est arrivé, proposant à l’internaute un index des « contenus » disponible sur la toile. J’insiste sur le mot « contenu » car il est selon moi au cœur de la problématique actuelle. En effet, selon moi, à force de vouloir se démocratiser à tout prix pour assurer sa survie, les éditeurs de presse écrite sont en train de creuser leur propre tombe. Ils vivent aujourd’hui au crochet des publicitaires et maintenant de Google.
Je m’explique. Aujourd’hui, la presse se contente de livrer de l’information quasi brute. Le travail de traitement de l’information, d’analyse est désormais presque inexistant. Est-ce la faute aux journalistes ? Non, on ne peut décemment leur demander de fournir un traitement de l’information de qualité tout en respectant des deadline impossibles. La presse a subi, sans réagir la dictature de l’instant Le lecteur veut savoir ce qu’il se passe partout et tout de suite. Mais où est passé le pourquoi ? Les éditeurs se comportent d’avantage comme des agences de presse !
Dès lors, quelle est la plus-value de l’article par rapport au sommaire présenté sur Google news ? Elle est, à mon goût, la plupart du temps fort dérisoire. Ainsi, si je ne pense pas qu’à l’heure actuelle Google contribue à apporter de nouveaux lecteurs aux éditeurs de presse écrite, l’ampleur du phénomène Google news peut leur être bénéfique s’ils comprennent l’importance de proposer un produit qui se différencie de la surabondance d’information instantanée disponible sur la toile. Car comme le disait Albert Londres, la presse n’a pas pour vocation d’être lisse !
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Quel est l’avenir des journalistes et des éditeurs de presse? Comment financer la presse à l’heure d’Internet et de l’information rapide? Gros plan sur l’arrêt “Google news” et l’espoir que cette affaire fait naître de voir le bout du tunnel.
– La problématique du financement de la presse liée à “Yahoo Actualités” et “Google News”
En ce qui concerne la presse papier, les journalistes sont rémunérés par les éditeurs. Les bénéfices des éditeurs dépendent, quant à eux, du nombre d’exemplaires d’articles vendus et de la publicité qui y est présente. La profusion des sites Internet de presse diminue l’engouement pour la presse papier puisqu’on peut avoir accès à des informations rapides et gratuites en un seul clic. En effet, les éditeurs, conscientisés à l’évolution numérique, ont développé leur propre site de presse. Ces derniers étant financés par les annonces publicitaires qui s’y trouvent.
Cependant, des sites comme “Yahoo Actualités” et “Google News” détournent les gens de la presse papier et des sites de presse et diminuent donc encore la rentabilité de la presse. En effet, ces sites divulguent les informations essentielles de l’actualité du jour en reproduisant les titres et les premières phrases des articles des grands quotidiens. A moins d’être un féru d’actualité et d’éplucher en profondeur tous les articles du jour, la plupart des gens se contentent de lire les nouvelles qui se trouvent sur la page “Googles News” par exemple, sans même prendre la peine de cliquer sur l’article en question. Beaucoup donc ne tomberont jamais sur le site de presse qui a publié l’article. Je dois bien avouer d’ailleurs, qu’en ce qui me concerne, je me contente souvent des seuls renseignements que me procure la page “Google Actualités”, par exemple. A moins d’être vraiment intéressée par un article, je m’estime souvent suffisamment informée par le titre et le petit extrait reproduit.
On pourrait se dire: où est le problème? Tant mieux si les gens ont accès à une information rapide et gratuite en ouvrant simplement leur ordinateur. Malheureusement les conséquences de ce phénomène ne sont pas que positives. En effet, cela pose des problèmes en matière de financement de la presse en général. En effet, les ventes de la presse papier diminuent en flèche. De plus, les publicitaires n’investissent plus auprès des éditeurs de presse papier ou de site de presse, mais se tournent vers les moteurs de recherche, plus visités.
Alors comment protéger les journalistes de ce phénomène? Comment conserver la rentabilité de la presse à l’heure de “Google News”?
– Une voie de secours: la décision rendue dans l’affaire “Google News c/ Copiepresse”
Le droit d’auteur ne serait-il pas la solution? Le titre et l’extrait des articles de presse ne seraient-ils pas protégés par ce droit de propriété intellectuelle? Cela pourrait être discuté, notamment au regard de la condition d’originalité nécessaire à la protection par le droit d’auteur. L’affaire “Google News” nous donne une réponse.
Le 13 février 2007, le juge du tribunal de première instance de Bruxelles a tranché en faveur de Copiepresse (société de gestion de droits d’éditeurs de presse quotidienne frabncophone et germanophone belge) en considérant que les activités de Google consistaient en la reproduction et la communication au public d’œuvres protégées par le droit d’auteur. Et, le juge a ajouté que les exceptions de citation (jouant lorsque la reproduction a pour but d’illustrer un propos ou de défendre une opinion) et de compte-rendu d’actualités ne pouvaient jouer en l’espèce. De plus, le tribunal a reconnu une violation des droits moraux de paternité (nom de l’auteur non indiqué) et de respect de l’œuvre (seul un extrait est reproduit). (1)
Le 5 mai 2011, la Cour d’appel a confirmé la décision du juge de première instance, confortant ainsi la position de Copiepress. (2)
– Comment les éditeurs vont-ils pouvoir profiter de cette décision?
Les éditeurs peuvent utiliser la décision pour vider “Google News” de son contenu en invoquant leur droit d’auteur et interdire la reproduction des titres et des extraits d’articles. Mais, les éditeurs de site de presse surtout, ont-ils intérêt à adopter cette attitude? Je ne le crois pas.
Premièrement, comme d’autres l’ont dit dans les commentaires précédents, les liens vers leurs sites de presse n’apparaissant plus sur “Google News”, ils risquent de perdre encore plus de lecteurs. En effet, même si beaucoup de personnes ne font que passer sur “Google News” et restent dans une attitude passive face au flux d’informations qui leur est soumis, il est vrai aussi que, certains titres nous interpellent, nous cliquons dessus et accédons au site de presse qui a publié l’article en question. Est-ce qu’en retirant de la vue immédiate des gens les titres et les extraits d’article les gens adopteront une attitude active et se dirigeront d’eux-mêmes vers les sites de presse, ceux-ci publiant -peut-être- une information qui est susceptible de les intéresser? Ne vont-ils pas plutôt attendre, dans ces cas-là, que les faits divers leur soient servis sur un plateau en ouvrant la radio ou en allumant la télévision?
Deuxièmement, en interdisant purement et simplement la reproduction des titres et des extraits d’articles, les éditeurs ne se priveraient-ils pas d’un profit qu’ils pourraient obtenir en négociant un accord financier avec Google? En effet, la possibilité de permettre à Google de poursuivre ses activités tout en fournissant une redevance aux éditeurs est une voie intéressante. La difficulté pour les éditeurs sera de faire accepter leur prix et de savoir s’imposer dans la négociation face à un géant comme Google. Le risque est que, si la tournure des pourparlers ne plaît pas à Google, ce site décide tout simplement de fermer ses activités condamnées sur “Google News”, considérant qu’il ne s’agit plus d’un service suffisamment lucratif.
– La tournure des événements
A l’heure actuelle, refusant de se laisser dépasser par les événements et souhaitant prendre les choses en main, le géant Google met au point un nouveau site (“FastFlip”) qui permettrait l’accès à des revues de presse électroniques. Google propose de répartir les profits engendrés par la publicité aux organismes de presse. A l’heure actuelle, quelques accords qui vont dans ce sens seraient déjà signés entre Google et certains médias. (3)
Il faudra suivre de près la tournure des événements… Mais, l’initiative de Google est d’ores et déjà à souligner !
Sources:
(1) Civ. Bruxelles (cess.), 13 février 2007, RG N° 06/10928/A.
(2)Bruxelles, 5 mai 2011, RG N° 2007/AR/1730. Voy. également : http://www.copiepresse.be/index.php?pageNum_rq_news=1&totalRows_rq_news=19.
(3) http://www.gautrais.com/Google-se-confronte-encore-au.
Sources supplémentaires à consulter:
– A. STROWEL, Quand Google défie le droit. Plaidoyer pour un internet transparent et de qualité, Bruxelles, Larcier, 2011, p. 240.
– C. MOLIERE, “Les articles de presse à l’ère numérique. Le cas de Google Actualités, I.R.D.I., 2004, liv. 1, pp. 7-19.
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Beaucoup de commentaires sont intéressants, mais je m’étonne que personne ne pose la question de la valeur ajouté des articles de journaux.
Si la plupart des lecteurs se contentent de lire des titres sur Google News ou Yahoo sans aller lire l’article, cela ne veut-il pas dire que le corps des articles n’a aucune valeur pour la plupart des lecteurs: ceux-ci ne font même pas l’effort de cliquer pour les lire gratuitement.
A quoi bon écrire des articles (complets plutôt que des simples titres ou brèves) si si peu de gens prennent la peine de les lire sans parler même de payer pour les lire?
La vraie question pour les journaux n’est-elle pas celle de leur valeur ajoutée. Que proposent-ils comme produits ou services qui aient une valeur ajoutée suffisante pour qu’un consommateur décide de payer pour y accéder?
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“Google l’omnivore ou le Gargantua de l’Internet”
Tel pourrait être le titre d’un nouveau livre à sensations faisant les beaux jours des librairies. L’avancement des troupes Google parait inéluctable dans le monde virtuel d’Internet, rien ne semblant pouvoir lui résister.
Comme beaucoup l’ont souligné, des sites d’informations comme “Google News” drainent de plus en plus de monde, appauvrissant de ce fait la visite des sites de quotidien par les lecteurs ou l’achat par ceux-ci d’un format papier traditionnel et vidant un peu plus chaque jours les poches des éditeurs de presse. “Google News” est malheureusement à l’image de la société actuelle : consommatrice de quantité et non de qualité. On consomme l’information comme l’on mange, on s’empresse d’avaler de la “Fast-News” sans prendre le temps de digérer correctement le contenu de ce repas informatif. Ce qui compte de nos jours, c’est de savoir et non plus vraiment de tenter de comprendre les enjeux qui sous-tendent les débats. Le consommateur de ces informations brèves, sèches et sans reliefs sont “venus, ont lus et mais n’ont rien vus”. Ils se sont arrêtés à une apparence d’information qui calme leur appétit vorace d’actualité.
Une question se doit d’être cependant d’être soulignée à mon sens : n’y a-t-il pas confusion des genres ?
Le consommateur de la “Fast-news” ne représente-t-il pas un autre marché que le lectorat traditionnel ?
Je m’explique. D’un point de vue sociologie, on peut s’interroger sur le profil du consommateur d’information rapide. Qui est-il ? D’où vient-il ? Que cherche-t-il ? C’est ici que je me permet de m’aventurer dans un terrain dangereux, escarpé et où les suppositions font la part belle aux certitudes : celui des corps d’articles et de leur plus-value.
Deux profils (hypothétiques) de lecteurs de “Fast-news” peuvent être avancés :
1. Le lecteur obèse : Il consomme sans modération et avale tout ce qui lui passe sous la main. Il n’en a que faire de la qualité et s’arrête à l’aspect extérieur de ce qu’il consomme. Ce lecteur là n’est pas avide de compréhension mais plutôt d’information concise et lyophilisée. On peut supposer que ce n’est pas un grand lecteur de presse quotidienne et qu’il ne représente pas une part importante de revenus pour les éditeurs de presse car auparavant, il n’était pas friand des journaux qui lui semblaient rébarbatifs et remplis de nouvelles trop superflues à son gouts. Il préfère s’adonner à un plaisir télévisuel qui lui apporte en 30 minutes ce qu’il aurait surement mis plus d’une heure à savoir. Le fait que ce consommateur aille sur des sites tels que “Google news” ne représente donc pas un véritable manque à gagner pour les éditeurs.
Toutefois, il se peut que ce lecteur, aguiché par un titre accrocheur que lui propose le moteur de recherche, décide d’aller plus loin dans son éducation et cherche à lire l’entièreté de l’article en question. A coup sûr, ce renvoi vers le site source représentera une plus-value pour les éditeurs de presse. Ce lecteur non-habituel, voulant découvrir le corps du texte et la source d’information qu’il constitue, représentera un nouveau lecteur, certes non assidu pour l’éditeur de presse, mais un nouveau lecteur quand même.
2. Le lecteur bio : Ce lecteur là favorise l’authenticité du produit. Il n’en a que faire des artifices qui entoure ce qu’il recherche, car ce qui l’interésse fondamentalement est ce que lui apportera le produit. En ce sens, un tel lecteur achète surement la presse en format papier et ne rechignera pas à payer pour obtenir de l’information consistante sous forme électronique.
Ainsi, je pense que le raisonnement de tout cela doit surtout se focaliser sur la cible de lecteur que l’on vise. La plus value du corps de texte permet à mon sens de récupérer des lecteurs qui ne représentaient pas la clientèle des éditeurs de presse auparavant et fidélise ceux qui achetaient (ou achètent encore) le journal en format papier. De ce fait, on pourrait supposer que des plateformes comme “Google News” ne volent pas un lectorat précieux pour les éditeurs de presse mais qu’elles – bien loin de ce que l’on peut supposer à première vue – lui en apporte un nouveau. A ce titre, il serait peut-être intéressant que Google paye une forme de redevance pour les lecteurs non réguliers qu’il récupère sans pour autant crier au scandale lorsque ce géant de l’informatique diversifie ses activités. Un compromis monnayé entre les différents acteurs semblent donc plus profitable, tant pour les éditeurs de presse que pour le lecteur lui-même afin d’éviter le boycott des éditeurs et de favoriser les solutions “win-win” chères aux agents du monde consumériste moderne.
Qui vivra verra.
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Le principe même de l’extrême accessibilité à l’information grâce à internet est, il faut le reconnaitre, assez merveilleux. Que les sites de presse, dont les journaux ou magazines sont payants au format papier, proposent gratuitement des nouvelles est révolutionnaire quant à la possibilité, pour tout un chacun, de bénéficier aisément d’un accès aux actualités.
Par ailleurs, la tendance dans le monde de la presse écrite est clairement celle d’un certain déclin de son support traditionnel qu’est le journal ; l’enjeu est de parvenir à s’adapter aux évolutions du marché, pour ne pas « louper le coche » des transformations techniques et sociologiques. Le support de demain n’est pas le papier, mais bien son équivalent électronique (sites internet, applications pour smart-phones,…).
La presse semble avoir tenté tant bien que mal de s’adapter à ces changements, en développant une large offre à ses lecteurs par le biais d’internet ; articles gratuits sur les sites internet, journal consultable en format PDF contre quelques euros, applications pour smart-phones relayant les dernières nouvelles,… Seulement, qui dit internet, dit une certaine gratuité. Certes, une offre payante est envisageable, mais un site d’information ne proposant que cela risque de ne pas être viable ; il faut de l’information gratuite. C’est là que, pour compenser les actualités offertes sans contreparties sur internet alors qu’on les retrouve au même moment dans un journal qui lui est payant, la publicité intervient ; bandes passantes et bannières en tout genre permettent alors d’assurer un revenu minimal. Le problème « Google » se manifeste à cette étape. Référençant les titres des articles et un bref aperçu de ceux-ci, les sites de presse francophones estiment que le lecteur ne va pas plus loin, et se contente de ces quelques mots. C’est, pour eux, une nette violation des droits d’auteur dont ils bénéficient sur les articles en question, qui ne peut être tolérée.
Bien qu’ayant gagné le procès intenté contre Google, interdisant le référencement des articles de la presse francophones belge sous peine d’astreinte, le comportement de Copiepresse peut être analysé dans une perspective plus économique. Certes, des titres peuvent être protégés par le droit d’auteur et il serait injuste que les sites de presse « fassent tout le travail » en écrivant les articles, pour que Google en profite. Mais quelques critiques peuvent être soulevées face au comportement de Copiepresse.
1. Tout d’abord, il faut rappeler que les recettes publicitaires des sites d’informations sont essentielles au maintien de cette offre d’actualités gratuite. Plus le nombre de visiteurs du site est important, plus les publicités rapportent, et plus il y a de personnes susceptibles d’acheter les produits payants du site ; Copiepresse voit donc d’un mauvais œil le référencement de Google, à cause duquel plusieurs lecteurs potentiels n’iraient pas jusqu’au site d’information. Toutefois, il est clair que ne plus du tout se faire référencer par Google pour ses articles, ce à quoi la société s’est fait condamnée, a également de graves conséquences pour ces sites. En effet, les visiteurs ne se voyant plus proposer de liens vers les sites d’information, ne visiteront pas ces derniers. Dès lors, cet effet n’est-il pas plus néfaste que la perte des quelques visiteurs qui ne liraient le titre de l’article sans aller plus loin ?
2. Ensuite, les recettes publicitaires des sites d’information sont de plus en plus assurées par les applications pour smart-phones développés par ces sites. Là, pas le choix ; une « alerte actualité » apparait sur l’écran du smart-phone et, pour lire la nouvelle en entier, il faut passer par un écran publicitaire avant de pouvoir le faire. Au jour d’aujourd’hui, où les records de vente de smart-phones sont battus chaque année, ces utilisateurs ne sont pas à négliger, tout comme les recettes publicitaires qu’ils engendrent.
3. De plus, à coté de la publicité, les sites d’information ont développé d’autres stratégies pour rendre lucrative une activité qui ne le serait pas, si les actualités étaient tout à fait libres d’accès. La lecture en format PDF du journal du jour est une des possibilités offertes par les sites contre un abonnement payant ; la consultation des archives des articles se fait également contre rémunération.
Bien sûr, nul ne peut soutenir qu’un titre original imaginé par un journaliste puisse être utilisé par tout un chacun, et ainsi violer son droit d’auteur. Toutefois, on ne peut nier le contexte économique actuel, dans lequel les journaux sont détenus par de grands groupes animés d’une recherche indéniable du profit. Dès lors, ce référencement par Google est peut-être apparu autant comme une perte publicité pour les sites d’information que comme une réelle violation des droits d’auteurs (puisque Google ne se décrivait en rien comme auteur de l’article et redirigeait le visiteur vers le site d’information, faisant gagner à ce dernier du trafic). Le droit d’auteur a pu être utilisé comme une arme économique dans cette situation. La lutte entre les sites d’information est sévère et le marché du journal papier s’étiole lentement mais sûrement, rendant la recherche du profit à travers le vecteur électronique inévitable. Dans cette perspective, il est compréhensible que les groupes de presse tentent de s’assurer un trafic important sur leurs sites, afin de réussir leur conversion vers le format électronique et sécuriser le futur de l’activité.
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La réponse au titre du présent article me semble sans appel : oui, oui et encore oui !
Mon intention n’est pas ici de fustiger des sites de recherches auxquels personne ne pourrait honnêtement s’avancer de ne pas recourir régulièrement. Il me semble d’ailleurs que nous serions perdants de passer à côté d’outils qui participent activement à la diffusion de masse de l’information tels qu’incarnent les moteurs de recherche Google et Yahoo.
A priori donc, certains sites offrent l’occasion de voyager sur la toile afin d’y déceler rapidement les sources d’information répondant à une attente spécifique de l’utilisateur, que demander de plus ? Là où le bas blesse, c’est dans la mesure où Google et Yahoo ne proposent pas seulement de nous rediriger vers le site « producteur » de l’information, seul véritable auteur des productions intellectuelles qui s’y trouvent publiées. Bien au contraire, ainsi qu’expliqué dans l’article faisant l’objet de ce commentaire, l’information recherchée par l’utilisateur de ces moteurs de recherche lui est directement offerte, lui permettant de jouir du contenu d’une démarche intellectuelle, sans pour autant avoir à « mettre les pieds » chez le véritable auteur de celle-ci.
Google et Yahoo se défendront de n’offrir qu’un accès limité à l’information, en proposant des résumés, mais il semblerait que cette approche sommaire convienne aux lecteurs d’aujourd’hui, sans doute par manque de temps ou d’intérêt profond pour le nombre délirant de données lui étant accessibles …
De ces considérations, il ressort un constat : des moteurs de recherches profitent de la production intellectuelle provenant de sites du monde entier, récoltent les lecteurs et donc les publicistes, s’enrichissent et appauvrissent les sites d’information, véritables auteurs de cette production. Une solution serait donc à envisager : faisons payer à Google et Yahoo le droit de jouir du travail d’autrui et ce, également lorsqu’il s’agit de ne reproduire qu’un aperçu sommaire de l’information, étant donné que ce sui est ainsi « volé » n’est pas le verbe, mais l’idée.
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L’émergence du World Wide Web a incontestablement et irrémédiablement bouleversé le monde de la presse. Force est en effet de constater que tout un chacun s’est désormais habitué à avoir accès à l’actualité en un seul clic, sans avoir à se déplacer jusqu’au kiosk, et, de surcroît, sans avoir à sortir son portefeuille.
La presse papier étant largement délaissée au profit de l’information en ligne, se joue désormais une guerre entre deux catégories distinctes de sites gratuits, à savoir les sites des journaux d’une part, et d’autre part les sites comme google et yahoo, qui, en tant qu’ agrégateurs, ne font que lister les différents titres de presse publiés par les sites d’information dont la majorité appartient aux groupes de presses professionnels.
Là où le bât blesse, c’est que ces différentes catégories de sites gratuits sont toutes deux financées par la publicité, mais que le fait que les seconds soient considérablement plus consultés incite les publicistes à se détourner des premiers, alors que ce sont eux qui supportent la majorité des coûts (travail du journaliste et son travail de vérification des sources, d’information sur le terrain, ….).
Serait-il pour autant légitime et efficient de s’appuyer sur les droits d’auteur pour faire payer des sites comme Google et Yahoo afin de financer la presse? Peut-on vraiment considérer que les agrégateurs empiètent sur le territoire des sites de presse ?
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord se demander si ces deux catégories de sites d’information touchent bien le même public. S’il est vrai que bon nombre d’individus se contentent en effet des gros titre pour se tenir globalement au courant des principales actualités, il n’en reste pas moins vrai qu’une part non-négligeable de la population ne s’arrête pas à ces gros titres rédigés de manière à attirer l’attention. Pensons notamment à ceux qui s’intéressent particulièrement à tel ou tel type d’actualité (sportive, financière, faits divers, politique, petites annonces, évènements locaux…) : ceux-ci se retrouveront au final sur les sites de presse. Pour ces derniers, Google et Yahoo constituent tout au plus des intermédiaires leur permettant de choisir un article via des mots clés (ils choisiront d’abord le sujet qui les intéresse, puis l’éditeur).
Il ressort des différents litiges qui ont déjà eu lieu dans le domaine que même si les agrégateurs captent une partie des internautes au détriment des sites de presse, ces derniers comptabilisent d’autant plus de pertes en faisant valoir leurs droits d’auteur (en considérant que droits d’auteur ils ont sur les titres et les quelques lignes repris par les agrégateurs) étant donné que la réaction des agrégateurs est les bannir de leur banque de données, avec pour conséquence une perte supplémentaire de lecteurs entrainant corrélativement une diminution des investissements de la part des publicistes.
Cette manière de voir les choses montre que les agrégateurs ne font pas de la concurrence déloyale mais ont au contraire un impact positif sur les sites de presse, ce qui légitime également le fait qu’ils tirent profit de la publicité afin de financer la présentation, la diffusion, ainsi que d’autres coûts à leur charge.
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Avec l’avènement de la presse électronique qui présente de nombreux atouts par rapport aux médias traditionnels sous le format papier, le consommateur actuel a l’embarras du choix quand il est en quête d’information.
Plusieurs éléments ont déjà été soulevés dans les précédents commentaires. Dès lors, je souhaiterais me pencher sur la problématique, soulevée par l’auteur de l’article, de la place du droit d’auteur en matière de presse, en tentant de répondre à la question « Le droit d’auteur serait-il une réponse efficace pour pallier à ce manque de financement de la presse » ? Il s’agit d’analyser si le droit d’auteur pourrait réellement constituer une solution au problème soulevé.
Nous l’avons vu, le droit d’auteur, d’un point de vue économique, est le droit d’interdire à toute personne de reproduire et de faire des copies d’une œuvre originale.
Dans le cas d’espèce, Google et Yahoo argumentent que l’usage qu’ils font des articles de presse n’est pas couvert par le droit d’auteur.
Premièrement, ils estiment que les titres et les chapeaux d’articles dont ils font usage, ne sont pas couverts par le droit d’auteur. En effet, une œuvre est protégée par le droit d’auteur que si elle est originale, et ces titres ne tombent pas sous cette condition, une empreinte de l’auteur étant difficilement retrouvable.
Face à cet argument, nous émettons deux commentaires, en faveur du droit d’auteur. Il nous semble de bon sens que toute publication électronique constitue une nouvelle publication, et donc une copie, qui suppose l’agrément de l’auteur ou de l’éditeur, et l’attribution à leur profit d’une rémunération distincte en contrepartie. En outre, les moteurs de recherche cités compilent sur Internet des articles de sources diverses, reproduisant ceux-ci de manière arbitraire. N’est-il pas possible pour l’auteur d’invoquer son droit moral lui garantissant le respect de son œuvre et l’autorisant notamment à s’opposer à toute atteinte à son œuvre qui lui serait préjudiciable, en argumentant que des modifications sont indirectement apportées à l’œuvre ?
Deuxièmement, Yahoo et Google soulèvent une exception au droit d’auteur pour justifier la pratique consistant à lister les différents titres de presses publiés par les sites d’information. L’auteur de l’article envisage déjà l’exception de citation et estime, à raison, que les moteurs de recherche pourraient difficilement l’invoquer. Cependant, il nous semble qu’ils pourraient soulever une autre exception plus pertinente.
En droit belge, la loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur, en son article 22, §1er, 1°, énonce que l’auteur ne peut interdire la reproduction et la communication au public, dans un but d’information, de courts fragments d’œuvres ou d’œuvres dans leur intégralité à l’occasion de comptes rendus d’événements de l’actualité. Les moteurs de recherche, en listant les articles de presse publiés sur d’autres sites, semblent tomber dans cette pratique.
Consacrée légalement en droit belge, cette exception s’inscrit dans la problématique plus large de la conciliation du droit d’auteur avec la liberté d’information, et le droit du public à l’information.
Même si la pratique de Google ou Yahoo ne tombait pas sous cette exception (bien que cela semble difficile à contester), ou encore en cas de litiges où le droit national applicable en l’espèce ne prévoit pas cette exception dans son droit interne, les moteurs de recherche pourraient encore construire leur défense autour du droit fondamental de la liberté d’information, forme du droit à la liberté d’expression, consacré par les textes internationaux.
Par ailleurs, la position de force des moteurs de recherche Yahoo et Google ne peut être contestée.
D’une part, pour l’économiste, le droit d’auteur se justifie car il constitue un incitant à l’innovation. Dans le cas analysé, l’utilité du droit d’auteur peut être remise en cause, car peu importe le caractère licite ou non de l’exploitation des articles de presse par Google et Yahoo, la presse constitue une source inépuisable d’idées que les journalistes continueront à exploiter et à mettre en forme, même en l’absence d’incitant. Il est en de même pour l’exception des comptes rendus d’évènements d’actualité qui ne réduit pas l’incitation de l’auteur à créer.
D’autre part, les habitudes des consommateurs semblent être bien définies. La presse électronique seule présentait déjà de nombreux avantages : la possibilité d’avoir accès, à toute heure et depuis n’importe quel endroit du globe, à un contenu informationnel. Avec l’usage que font les moteurs de recherche des articles de presse, l’internaute s’est habitué à la gratuité de l’information en ligne, et la possibilité pour lui d’avoir sur un même site des contenus provenant des plusieurs journaux.
Dès lors, le droit d’auteur ne peut constituer une solution efficace au manque de financement de la presse. De plus, les différents sites d’information sont-ils encore en position de négocier ? Sans compter que pour Google et Yahoo, en raison de coûts de transaction élevés, obtenir le droit d’auteur des articles publiés serait sans conteste beaucoup plus coûteux que les gains qu’ils obtiennent actuellement, notamment grâce à la publicité.
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Avec l’avènement de la presse électronique qui présente de nombreux atouts par rapport aux médias traditionnels sous le format papier, le consommateur actuel a l’embarras du choix quand il est en quête d’information.
Plusieurs éléments ont déjà été soulevés dans les précédents commentaires. Dès lors, je souhaiterais me pencher sur la problématique, soulevée par l’auteur de l’article, de la place du droit d’auteur en matière de presse, en tentant de répondre à la question « Le droit d’auteur serait-il une réponse efficace pour pallier à ce manque de financement de la presse » ? Il s’agit d’analyser si le droit d’auteur pourrait réellement constituer une solution au problème soulevé.
Nous l’avons vu, le droit d’auteur, d’un point de vue économique, est le droit d’interdire à toute personne de reproduire et de faire des copies d’une œuvre originale.
Dans le cas d’espèce, Google et Yahoo argumentent que l’usage qu’ils font des articles de presse n’est pas couvert par le droit d’auteur.
Premièrement, ils estiment que les titres et les chapeaux d’articles dont ils font usage ne sont pas couverts par le droit d’auteur. En effet, une œuvre est protégée par le droit d’auteur que si elle est originale, et ces titres ne tombent pas sous cette condition, une empreinte de l’auteur étant difficilement retrouvable.
Face à cet argument, nous émettons deux commentaires en faveur du droit d’auteur. Il nous semble de bon sens que toute publication électronique constitue une nouvelle publication, et donc une copie, qui suppose l’agrément de l’auteur ou de l’éditeur, et l’attribution à leur profit d’une rémunération distincte en contrepartie. En outre, les moteurs de recherche cités compilent sur Internet des articles de sources diverses, reproduisant ceux-ci de manière arbitraire. N’est-il pas possible pour l’auteur d’invoquer son droit moral lui garantissant le respect de son œuvre et l’autorisant notamment à s’opposer à toute atteinte à son œuvre qui lui serait préjudiciable, en argumentant que des modifications sont indirectement apportées à l’œuvre ?
Deuxièmement, Yahoo et Google soulèvent une exception au droit d’auteur pour justifier la pratique consistant à lister les différents titres de presses publiés par les sites d’information. L’auteur de l’article envisage déjà l’exception de citation et estime, à raison, que les moteurs de recherche pourraient difficilement l’invoquer. Cependant, il nous semble qu’ils pourraient soulever une autre exception plus pertinente.
En droit belge, la loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur, en son article 22, §1er, 1°, énonce que “l’auteur ne peut interdire la reproduction et la communication au public, dans un but d’information, de courts fragments d’œuvres ou d’œuvres dans leur intégralité à l’occasion de comptes rendus d’événements de l’actualité”. Les moteurs de recherche, en listant les articles de presse publiés sur d’autres sites, semblent tomber dans cette pratique.
Consacrée légalement en droit belge, cette exception s’inscrit dans la problématique plus large de la conciliation du droit d’auteur avec la liberté d’information, et le droit du public à l’information.
Même si la pratique de Google et Yahoo ne tombait pas sous cette exception (bien que cela semble difficile à contester), ou encore en cas de litiges où le droit national applicable en l’espèce ne prévoit pas cette exception dans son droit interne, les moteurs de recherche pourraient encore construire leur défense autour du droit fondamental de la liberté d’information, forme du droit à la liberté d’expression, consacré par les textes internationaux.
Par ailleurs, la position de force des moteurs de recherche Yahoo et Google ne peut être contestée.
D’une part, pour l’économiste, le droit d’auteur se justifie car il constitue un incitant à l’innovation. Dans le cas analysé, l’utilité du droit d’auteur peut être remise en cause, car peu importe le caractère licite ou non de l’exploitation des articles de presse par Google et Yahoo, la presse constitue une source inépuisable d’idées que les journalistes continueront à exploiter et à mettre en forme, même en l’absence d’incitant. Il est en de même pour l’exception des comptes rendus d’évènements d’actualité qui ne réduit pas l’incitation de l’auteur à créer.
D’autre part, les habitudes des consommateurs semblent être bien définies. La presse électronique seule présentait déjà de nombreux avantages : la possibilité d’avoir accès, à toute heure et depuis n’importe quel endroit du globe, à un contenu informationnel. Avec les moteurs de recherche faisant un usage particulier des articles de presse, l’internaute s’est habitué à la gratuité de l’information en ligne, et la possibilité pour lui d’avoir sur un même site des contenus provenant des plusieurs journaux.
Dès lors, le droit d’auteur ne peut constituer une solution efficace au manque de financement de la presse. De plus, les différents sites d’information sont-ils encore en position de négocier ? Sans compter que pour Google et Yahoo, en raison de coûts de transaction élevés, obtenir le droit d’auteur des articles publiés serait sans conteste beaucoup plus coûteux que les gains qu’ils obtiennent actuellement, notamment grâce à la publicité.
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Depuis son émergence, Internet a été perçu comme le vecteur de diffusion d’informations par excellence. Par définition, les contenus informationnels n’existent réellement que lorsqu’ils sont diffusés, c’est-à-dire rendus accessibles à des destinataires. Dès lors demande le payement des sites tels que Google et Yahoo est pour moins contreproductif et pas spécialement efficient.
Bien que tout cela sur le plan du droit, la propriété intellectuelle sur les contenus revendiquée par la presse leur fournit le moyen de pression adéquat pour obtenir “réparation”, c’est-à-dire en fait pour s’approprier une part des revenus générés par google et yahoo. Sans entrer dans le fond il apparaît clairement qu’en général le véritable enjeu des divers procès à l’encontre de Google et Yahoo est donc le partage de la valeur ajoutée liée au développement des moteurs de recherche, auquel sont attachées des recettes publicitaires très important.
De plus l’argument consiste à dire que Google et Yahoo mettent à mal la rentabilité de leur modèle économique en les privant d’une part significative de leurs ressources publicitaires. L’argument n’est pas totalement convaincant sur le plan économique car l’existence du moteur de recherche est aussi de nature à augmenter globalement la circulation sur les sites d’information, dont le contenu est rendu plus accessible, de sorte que l’effet global sur la fréquentation est a priori indéterminé. Donc faire payer aurai un impact sur la diminution des fréquentations de google et yahoo mais cela pourrai aussi avoir un effet indirect (même si difficilement quantifiable) sur la fréquentation des sites d’information.
Enfin de plus l’information « gratuite » reçu pas les internautes a aussi un prix indirect : les montants publicitaires investis par les annonceurs sont répercutés dans le prix auquel les biens de consommation courante sont vendus. En bout de course cela serai faire payer doublement le consommateur si l’on décide de rendre ces sites payants.
Pour conclure, je dirai que faire payer les internautes ne serai pas une solution efficiente ni pour le consommateur ni spécialement pour la presse. Mais que pour permettre à la presse de survivre, il faudrait penser à d’autre solution comme la baisse de la TVA pour la presse par exemple ou aider les journaux à changer de stratégie éditorial en se tournant vers des structures de type journaux gratuits financé par les revenus publicitaires.
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Votre commentaire est porté par l’idée que les journaux sont payants, que les journaux voudraient que les sites comme google et yahoo soient payants et partagent leur revenus et que la solution tient dans la création de journaux entièrement financés par la publicité.
Dans le combat entre éditeurs de journaux d’une part et google, yahoo et autres agrégateurs de médias de l’autre, on ne parle que de contenus gratuits financés par la publicité.
C’est un combat entre deux types de sites gratuits et financés par la publicité: google et yahoo et les sites ouverts et gratuits des journaux.
Ce que les journaux reprochent à Yahoo et google c’est de s’approprier ce qu’ils considèrent comme “leur” part de la publicité vu que selon eux les lecteurs lisent un article (ou un titre) de journal via le site google news et sont exposés à la pub mise sur google news plutôt que sur le site du journal et d’être exposé à la pub mise sur le site de celui-ci.
le conflit avec les agrégateurs de média est donc intrinsèquement lié au modèle de la gratuité financée par la publicité. les modèles de médias en ligne payant et sans pub n’ont pas ce problème.
Une réaction ?
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On le sait, les revenus de la presse ont fortement baissé ces dernières années. Pour ne donner qu’un exemple, entre 2006 et 2009 les revenus publicitaires de la presse américaine ont diminué de 43%. Durant la même période, les revenus publicitaires de Google ont pourtant doublé.
Pour la presse, le problème vient des agrégateurs d’actualités comme Google News et Yahoo ! News. Concrètement, l’utilisateur a accès au titre d’un article ainsi qu’aux premières lignes de celui-ci. S’il est intéressé par l’extrait, il peut ensuite consulter le texte en entier sur le site internet d’origine. Contrairement à la presse écrite, un agrégateur permet au lecteur un choix d’articles par mot clé. Le lecteur choisit d’abord le sujet qui l’intéresse, puis l’éditeur. Les agrégateurs fonctionnent comme des agrégateurs de flux c’est-à-dire qu’ils sélectionnent les nouvelles importantes en fonction du nombre d’articles écrits dessus. En outre, ils offrent la possibilité de services personnalisés aux utilisateurs (services d’alertes, actualités personnalisées, …) Le problème pour la presse est que les agrégateurs d’actualités « volent » de cette manière le contenu des journaux et qu’ils bénéficient de nombreux profits publicitaires, le tout au détriment de la presse.
Notons toutefois qu’il faut distinguer Google News de Yahoo ! News. Ce dernier parait en effet plus à l’écoute de la presse. Récemment son vice-président a d’ailleurs déclaré qu’ils ne voulaient pas être concurrents de la presse et qu’ils étaient prêts à partager les revenus publicitaires. La différence principale entre Google News et Yahoo ! News c’est que le premier se voit comme un fournisseur de solutions technologiques là où le second se voit davantage comme un éditeur. De même au niveau des sources, celles de Yahoo proviennent des agences de presse alors que celles de Google sont tirées directement des sites de presse.
Dès lors il n’est pas étonnant que Google soit la cible privilégiée des attaques de la presse (voy. not.: l’arrêt Copiepresse contre Google ; Agence France Presse contre Google).
Quelles sont alors les solutions envisageables pour financer la presse ? Outre les solutions déjà évoquées (droits d’auteur, partages des recettes, limitation du contenu de la publication, …), une autre solution (ou plutôt riposte de la presse) est la création de plateformes en ligne par les éditeurs eux-mêmes.
Ces derniers mois, plusieurs éditeurs ont décidé de créer leurs propres plateformes en ligne (Ongo aux USA ou e-presse Premium en France). L’idée est de concurrencer les agrégateurs d’actualités en créant un « kiosque numérique où les éditeurs commercialiseront leurs contenus : article et exemplaire vendu à l’acte et abonnements. Le lecteur aura un seul numéro d’identifiant qui lui permettra d’accéder à tous les titres de presse de la plate-forme » (1)
Cette solution me parait intéressante, même si je doute qu’elle suffise à renverser le rapport de force opposant la presse aux agrégateurs de contenus. En effet, « sortir » des agrégateurs d’actualités est un risque (le nombre de visites de leurs sites internet risque de diminuer). En outre, il s’agit d’un système de presse payante. Or, une étude récente a montré que seuls 14% des internautes seraient prêts à payer pour lire la presse en ligne, …
Sources
– STROWEL (A.), Quand Google défie le droit. Plaidoyer pur un Internet transparent et de qualité, Bruxelles, De Boeck, 2011, p. 59 à 85.
– http://www.zdnet.fr/actualites/e-presse-premium-la-presse-francaise-passe-a-l-offensive-contre-google-news-39756461.htm
– http://www.lefigaro.fr/medias/2011/06/29/04002-20110629ARTFIG00729-le-kiosque-numerique-epresse-se-lance.php
– http://www.lesnumeriques.com/francais-culture-gratuit-net-lien-indefectible-n16410.html
– http://www.slate.fr/story/13631/une-plateforme-pour-vendre-en-ligne-les-magazines-americains
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Bonjour
Question: N’exagère-t-on pas le rôle des agrégateurs de médias et leur “vol” de revenus publicitaire. Avant de dire que les agrégateurs apportent des lecteurs aux journaux ou bien les détournent de ceux-ci,ne faut-il pas distinguer différents types d’usages des médias (suivi de l’actualité au jour le jour ou recherche sur une question particulière)? Et distinguer les différents types d’utilisateurs (recherchant une information approfondie sur l’actualité ou un coup d’oeil rapide sur l’agenda du jour)?
Au delà de la question des agrégateurs,vous faites un lien intéressant avec les plateformes de journaux. La question est de savoir comment la presse peut se faire payer sur internet en prenant en compte deux habitudes prises sur internet: (1) la gratuité et plus encore (2) la possibilité de passer d’un média à l’autre sans contrainte.
Les tentatives d’abonnements en ligne à un journal heurtent ces deux habitudes (passer d’un journal à un autre implique de s’abonner à plusieurs journaux dont on ne lit que l’un ou l’autre article). L’idée des plateformes essaye de prendre en compte ces habitudes.
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Bonjour,
En 2009, Rupert Murdoch affirmait en parlant des agrégateurs d’actualités qu’ils « volent nos histoires car ils se servent sans payer » (1) Il me semble en effet que la position Rupert Murdoch (2) comme celle d’autres patrons de presse manque parfois un peu de nuance.
Ils ont, à mon sens, tendance à oublier que c’est suite à l’explosion d’Internet que le changement est apparu et que les revenus de la presse ont baissé.
Comme vous le soulignez, avant de reprocher aux agrégateurs de contenu d’apporter ou de détourner des lecteurs des journaux, il faut sans doute distinguer les comportements des utilisateurs et les différents types d’usages des médias. A cet égard, il ne faut pas nécessairement voir les agrégateurs de contenu comme des concurrents des médias. Selon Google, ils produisent du contenu qui permet aux utilisateurs de choisir « quoi, quand et comment accéder et lire les informations dont ils ont besoin et d’évaluer le plus grand nombre de sources ». (3) Google News comme Yahoo ! News pourrait alors être vu comme un autre type de média répondant aux attentes d’un autre type d’utilisateur.
En effet, certains utilisateurs se contentent de lire les « résumés » disponibles sur les plateformes des agrégateurs d’actualités, mais c’est sans doute parce cela répond à leurs attentes. Dès lors on ne peut pas reprocher aux agrégateurs de « voler » dans ce cas les revenus publicitaires des médias. Au-delà de cela, comme cela a été souligné par certains commentaires, Google News et Yahoo ! News attirent de nombreuses visites sur les sites internet de la presse. En outre, chaque site est libre de bloquer son indexation du moteur de recherche.
(1) Le Monde, 13 novembre 2009
(2) Qui peut évidemment faire sourire venant de lui (voy. Milly Dowler’s case)
(3) http://www.zorgloob.com/2009/11/25/google-repond-aux-critiques-des-sites-dactualites/
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« Comme le dit un jour un homme d’esprit, le cannibalisme fit place au capitalisme lorsque l’homme se rendit compte qu’il n’était plus rentable d’exploiter son prochaine que de la manger »
de Lytle W. Robinson
Cette citation semble parfaitement adaptée à la situation d’espèce : Google et Yahoo exploitent l’industrie de la presse pour faire du bénéfice.
Google et Yahoo sont doublement en position de force :
– Tout d’abord, peu importe l’exploitation abusive des articles de presse, la presse ne va jamais tomber en décrépitude, même si les journaux n’arrivent plus à se financer par leur site web. La seule conséquence (néanmoins peu probable) serait peut-être une diminution de qualité de l’information.
– Ensuite, vu que Google et Yahoo centralisent toutes les informations disponibles sur le World Wide Web, ces moteurs de recherche constituent le point de départ pour tout consommateur et sont donc des canaux de diffusion pour la presse.
Ceci montre bien que les journaux sont dépendants des moteurs de recherche qui, tout en les concurrençant, leur permet d’encaisser des profits.
L’industrie de presse est donc écartelée : peut-être les producteurs d’information gagnent moins par le fait que les moteurs de recherche usent leurs articles de presse pour créer une banque de donnée universelle et ainsi encaissent des revenus publicitaires énormes sans en partager leur profit, mais en même temps, ces journaux sont très heureux d’être repris dans cette banque de donnée et profitent de cette passerelle qui leur permet d’attirer plus de lecteurs.
Les journaux se trouvent donc dans un dilemme :
– Soit ils acceptent que Google ou Yahoo fassent du profit publicitaire sur base de la publication d’une partie de leurs informations, tout en sachant que ce processus leur coûte une part de leur clientèle d’internaute qui se contente du résumé mis à disposition par Google ou Yahoo mais en gardant un minimum de trafic sur leur site internet ce qui leur permet d’attirer néanmoins les publicistes à un budget peut-être inférieur que Google et Yahoo ;
– Soit ils font valoir leur droit d’auteur vis-à-vis de leur production, seront bannis de la banque de donnée mise à disposition par Google ou Yahoo et font encore plus de pertes, car encore moins de lecteurs seront renvoyés vers leur site web et par conséquent encore moins de publicistes voudront investir dans ces sites.
Ce phénomène est une réalité à laquelle les journaux doivent faire face et essayer de trouver la solution la moins pire. Et en l’espèce, l’utilisation des droits d’auteur ne semble pas la meilleure solution.
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Afin d’être objectif dans ce débat qui oppose les éditeurs de presse et certains géants de la recherche sur le net comme Google et Yahoo, il incombe de regarder la réalité.
La presse écrite traverse la plus grande crise de toute son histoire. Partout dans le monde, des quotidiens arrêtent la diffusion papier de leurs éditions.
Des études de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle prédisent une disparition de la presse imprimée pour l’an 2040 et déjà à partir de 2017 aux États-Unis.(1)
Selon moi, il ne s’agit pas d’une fatalité, mais d’une évolution dans le comportement des lecteurs.
A l’heure de l’instantanéité, du partage de l’information, de la gratuité et de la facilité d’accès à ces contenus, la question essentielle est la rémunération de ceux qui produisent ces informations, les journalistes.
A l’heure actuelle, la rémunération de la presse écrite se fonde sur trois piliers : la vente en magasin, les abonnements et les revenus publicitaires. Les deux premiers piliers connaissant la crise, il n’est pas étonnant de voir les éditeurs de presse s’attaquer aux géants du net qui représenteraient un manque à gagner en termes de revenus publicitaires.
Est-il vraiment justifié de penser que Google News et Yahoo Actualités ne sont pas bénéfiques pour les éditeurs de presse ? Est-il légitime de penser que cela représente un manque à gagner ?
En analysant le trafic des cinq principaux sites de la presse écrite belge francophone (2) j’ai pu constater qu’en moyenne 44 % des visiteurs proviennent directement des sites de Google et de Yahoo. Un site qui apparaît dans les premiers résultats des recherches d’actualités voit sa courbe d’audience indéniablement augmenter.
Ces agrégateurs de contenus ont un coût (présentation, diffusion,…) pour Google et Yahoo et représentent une publicité gratuite pour les éditeurs de presse. De même, ces services s’inscrivent dans la même stratégie desdites sociétés : la recherche et le référencement de sites internet. Il est donc parfaitement normal que ces services soient financés par des liens publicitaires.
Le point de vue des éditeurs de presse est quant à lui parfaitement compréhensible. Même si ces “plates-formes” d’actualités contribuent à une plus large diffusion de leurs informations, elles ne garantissent pas nécessairement une hausse du nombre de visiteurs sur leur site. Cette inéquation est, selon moi, due en grande partie au “nouveau” comportement du consommateur de l’information. On ne peut pas reprocher ceci à Google, car celui-ci ne produit pas de contenu d’actualités, mais se contente de le présenter et d’en citer sa source.
Comme l’écrit très justement Céline Bourgeois, le droit d’auteur semble être oublié dans cette histoire. Ce droit est, selon moi, devenu un “masque”, un prétexte utilisé par les éditeurs de presse (parfois très influents et puissants) pour se livrer à une guerre de recettes publicitaires.
Le droit d’auteur devrait au contraire protéger et mieux rémunérer le journaliste qui a pris du temps, a suivi des formations et a parfois pris des risques pour créer du contenu.
Plutôt que de stigmatiser l’un ou l’autre il convient de trouver un compromis. Ceci passe selon moi soit, par une rémunération des éditeurs ou des journalistes directement, en fonction de l’efficacité de leur contenu, soit par un achat au forfait par Google et Yahoo des contenus présentés et diffusés. Ce compromis permettrait, selon moi, de revaloriser le travail de fond et le travail de forme.
(1) Interview de Francis Gurray dans la Tribune de Genève, http://archives.tdg.ch/actu/suisse/journaux-traditionnels-disparu-2040-2011-10-03
(2) Analyse des sites de La Libre, Le Soir, Sud Presse, la Dernière Heure et de L’Echo faite via le site Alexa.com
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Commentaire intéressant. Merci pour l’analyse du trafic.
Pourquoi parler vous, comme Céline Bourgeois, d’un usage perverti ou trompeur du droit d’auteur en sous entendant qu’il y aurait un usage pur (mais que vous n’expliquez pas) du droit d’auteur qui permettrait de prendre en compte équitablement la contribution de chacun?
Le droit d’auteur est conçu comme le droit d’empêcher un concurrent de faire des copies de votre oeuvre, ce qui vous permet de “vendre” votre copie contre un prix en espèce ou contre une exposition à de la publicité ou les deux. Ce que disent les éditeurs de presse, c’est que Google et Yahoo copient des extraits d’oeuvre, et qu’ils devraient avoir le droit de les y autoriser ou pas et en cas d’autorisation, de se faire payer.. Les éditeurs estiment ensuite que Google et Yahoo “vendent” ces extraits d’oeuvre contre une rémunération (exposition à de la publicité) et que ce faisant ils leur font une concurrence t déloyale.
Google et yahoo argumentent eux que (1) cet usage n’est pas couvert par un droit exclusif des éditeurs (soit que les titres et chapeaux ne sont pas protégés par le droit d’auteur, soit que leur copie puisse être couverte par une exception) et que (2) cela profite plus aux éditeurs que cela ne leur coûtent.
Sans donner ici raison à l’une ou l’autre des parties, il ne me semble pas que cela soit un usage perverti du droit d’auteur. C’est plutôt classique comme question.
Par ailleurs, je serai curieux de savoir ce qui vous entendez par la phrase
Le droit d’auteur devrait au contraire protéger et mieux rémunérer le journaliste qui a pris du temps, a suivi des formations et a parfois pris des risques pour créer du contenu.”
Ce que vous proposez dans votre dernier paragraphe (premier soit) n’est pas très explicite ou (deuxième soit) revient à suivre ce qui est demandé par les éditeurs.
Nicolas Brahy
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Pour répondre à votre question et expliciter un peu plus ma conclusion, je pense qu’il devrait être possible de rémunérer les éditeurs et les journalistes de façon plus équitable.
En temps normal, un journaliste salarié – qui créé un article de presse dont le contenu est ‘original’ – est à la fois auteur et salarié.
Le journaliste visé contribue donc logiquement à une oeuvre “collective” (qui est le journal par exemple). Cependant, le contrat qui lie le journaliste salarié et l’éditeur de presse ne devrait pas empêcher le journaliste, qui a créé un contenu original, de pouvoir jouir de son droit d’auteur.
Pour résumer, l’éditeur de presse est, dans le cadre d’une oeuvre collective, propriétaire de l’article de presse. Toutefois cet article de presse est aussi soumis au droit d’auteur dont bénéficie le journaliste qui l’a créé. Il me semble que le journal a un “droit de propriété” sur l’ensemble des articles, mais pas sur le contenu des contributions individuelles des journalistes.
Si un article individuel “original” est repris par Google News, il serait normal, selon moi, de rémunérer le (i) journaliste et (ii) l’éditeur de presse.
(i) Le journaliste devrait être rémunéré en fonction de l’ampleur de la diffusion et rediffusion de son article. En faisant jouer son droit d’auteur, il pourrait être rémunéré directement :
– par l’éditeur de presse lors de la première reproduction de l’article (autrement dit, quand l’article “version papier” est mis en ligne)
– par Google News étant donné que l’article est présenté et rediffusé (en totalité ou en partie)
(ii) L’éditeur de presse doit, quant à lui, pouvoir être rémunéré pour l’éventuel “manque à gagner” que Google News représenterait, en matière de recettes publicitaires et d’affluence de trafic sur son site internet.
En cela, l’utilisation du droit d’auteur (qui protège en premier lieu le travail des journalistes) serait, selon moi, plus “pure” que son utilisation faite par les éditeurs de presse qui ont tendance à demander le beurre et l’argent du beurre.
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L’évolution récente et exponentielle des technologies de l’information de ces dix dernières années a permis d’avoir aujourd’hui un panel d’informations inouï sur la toile.
Cette évolution rapide amène des changements dans les relations économiques entre les différents acteurs. Les rapports de force changent et certains risqueraient de se voir écraser par de nouveaux concurrents dont ils n’imaginaient même pas l’existence il y a 15 ans.
Dans cet article, Céline Bourgeois épingle à juste titre un problème assez préoccupant pour les sites d’actualités.
En effet, ces sites essuient des coûts résultants de leurs activités (comme le salaire des journalistes,…) et utilisent principalement le mécanisme de la publicité pour financer leurs activités. D’un côté, ils attirent leurs lecteurs en diffusant les titres des articles avec de petits résumés sur les moteurs de recherchent et d’un autre, ils permettent à des entreprises de poster des publicités sur leurs sites.
Le principe théorique semble simple mais c’est sans compter sur le comportement des lecteurs. Ceux-ci se révèlent apparemment en majorité satisfaits à la seule lecture du titre ou du petit résumé et ne prennent pas la peine de visiter le site de presse. Les publicitaires auront alors tendance à se tourner davantage vers les moteurs de recherche que vers les sites de presse.
De cette situation de fait, plusieurs procès sont nés (Copiepresse c. Google, Bruxelles, le 5 mai 2011, …). La controverse est bien présente. Nous pouvons donc nous demander si le droit d’auteur est une solution.
Comme le dit Sarah Baikry dans un précédent commentaire, il ne faut pas perdre de vue le mécanisme qui s’opère ici. Les médias produisent des articles de presse, ils offrent alors à des moteurs de recherche des courts résumés afin d’attirer le lecteur sur le site. Cela arrange les sites d’actualité et les moteurs de recherche mais au vue de l’attitude des lecteurs (qui est un fait qu’on ne peut changer), le fruit de ce travail revient aux moteurs de recherche.
Il est vrai qu’il y a un problème. Cependant, imaginons que les moteurs de recherche doivent payer les droits d’auteur pour chaque résumé d’article publié. Google continuerait-il à publier autant d’informations à disposition des internautes? Est-ce qu’on ne pousserait pas alors ces moteurs de recherche à “trier” l’information qu’ils estimeraient la plus “rentable”…. Et enfin, dans un cas extrême, Google pourrait décider que ce service n’est plus rentable et tout simplement le fermer. En effet, je ne pense pas que ce service constitue le “core business” de son activité. Nous devrions dans ce cas nous rendre sur les sites de presse pour lire l’actualité. Le problème semblerait résolut puisque les sociétés publicitaires se tourneraient à nouveau vers les sites de presse. Cependant il me semble que ce genre de service est une aubaine pour notre liberté de s’informer.
D’un point de vue un peu plus économique, je pense que le marché des moteurs de recherche fait figure d’oligopole. En effet, pourriez-vous me citer beaucoup plus de moteurs de recherche que Google ou Yahoo?
Une fois ce fait établi, il semblerait que les sites d’actualités soient incapables d’imposer leurs conditions et leurs tarifs à des géants tels que Google. En effet, l’offre de publication à Google serait tellement énorme par rapport à sa demande que l’équilibre de prix chuterait. La demande de Google serait extrêmement élastique car la plus petite variation de prix influerait considérablement sur sa demande. Il y aurait donc un problème qui apparaîtrait dans la mise en œuvre pratique de ce système.
Mon avis n’est pas de démontrer que les droits d’auteur sont inutiles et que la situation d’aujourd’hui est parfaite. Je pense qu’utiliser les droits d’auteur pourrait être une solution. Cependant, certaines solutions peuvent, dans certains cas, amener d’autres problèmes.
Sans prétendre qu’elle soit parfaite, ma solution consisterait à limiter le contenu de la publication. Google et Yahoo ne seraient plus qu’autorisés à publier le titre et éventuellement une petite phrase d’accroche dans leur onglet “actualité”.
Les résumés de 5 ou 6 lignes publiés par Google n’en n’ont pas l’air mais ils contiennent le plus important de la publication. Une fois que le lecteur en a pris connaissance, seul quelques uns d’entre eux iront lire l’article. Cette situation a pour avantage qu’elle assurerait aux moteurs de recherche un rôle de “librairie virtuelle” à l’instar d’une librairie comme l’on connaît tous. Les journaux sont disposés les uns à cotés des autres. Le titre et le chapeau joue un rôle d’attraction du lecteur vers telle ou telle publication. Le libraire (moteur de recherche) met à disposition les articles et les journalistes informent. Chacun a son rôle et chacun obtient le fruit de son travail respectif. Le droit d’auteur porterait alors sur le texte intégral et le résumé. Le titre resterait libre de tout droit d’auteur mais aurait un rôle de captation du client. Cette solution n’opérerait pas un changement radical mais pousserait peut-être plus les lecteurs à cliquer sur un lien afin de lire et induirait donc, in fine, plus de financement des publicistes aux sites d’actualité.
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A la question “faut-il faire payer Google et Yahoo”, il ne peut y avoir de réponse tranchée. La discussion entourant la presse ses rapports avec internet nécessite des débats et des avis nuancés, car de nombreuses problématiques entrent en jeu et s’entrecroisent dans ce domaine. Les deux plus évidentes sont le financement de la presse écrite à l’ère d’internet, d’une part, et l’application et le respect des droits d’auteur, d’autre part. Ces deux problématiques sont profondément liées.
Il est incontestable que la presse écrite a dû faire face à des évolutions et des mutations technologiques sans précédent depuis quelques années, avec l’arrivée et l’expansion fulgurante du World Wide Web. Et il est également de notoriété publique qu’elle s’est assez mal adaptée à ces nouveaux phénomènes. Les articles et les analyses démontrant l’inexorable régression des ventes de journaux sur support papier ne manquent pas et l’on peut affirmer sans crainte que la santé financière de la presse écrite laisse plutôt à désirer. Or, comme le pointe Céline Bourgeois dans son article, le bon financement de la presse est nécessaire pour assurer la parution d’articles de qualité. Sans financement, pas d’incitation à produire. Sans incitation à produire, pas d’articles.
Comment permettre alors à la presse de survivre dans l’époque du numérique?
La presse s’est reposée sur les droits d’auteur, comme l’illustre la récente affaire opposant Copiepresse à Google, citée par l’auteur dans son article (inutile donc d’en rappeler le contexte). Grand bien lui fasse, car il est certain que les droits d’auteur ont une vocation économique, à travers les droits patrimoniaux accordés aux auteurs sur leurs oeuvres artistiques et littéraires. D’ailleurs, en ce sens, nous ne pouvons rejoindre Céline Bourgeois quand elle parle d’une aliénation des droits d’auteur causée par une lutte économique. En effet, les droits d’auteurs consitituent non seulement un droit naturel, offrant une protection de la personnalité de l’auteur au moyen des droits moraux, mais ils représentent aussi un droit économique permettant à l’auteur de se financer, par les biais des droits patrimoniaux exclusifs dont il dispose. Il n’y a donc pas à proprement parler d’aliénation économique des droits d’auteur, car ils sont déjà intrinsèquement économiques. Et, selon nous, dans la majorité des cas, ce sont les droits patrimoniaux qui encouragent et incitent les auteurs à créer. La preuve en est qu’aux USA, il n’existe pas de droits moraux et, pourtant, le production littéraire et artistique n’est pas plus faible qu’en Europe.
Mais revenons à l’affaire qui nous intéresse. Il est évident que les titres et les articles de presse bénéficient d’une protection par le droit d’auteur. La doctrine et la jurisprudence sont quasiment unanimes sur ce point.
Toutefois, n’existe-t-il pas des exceptions autorisant la reproductionpar Google de titres et de morceaux d’articles dans Google News? La justice a décidé que non.
Ainsi, Google n’a pas pu invoquer avec succès l’exception de citation, le tribunal rappelant que celle-ci ne pouvait être utilisée que dans un “but de critique,de polémique, d’enseignement ou dans des travaux scientifiques”, comme le prévoit l’article 21, §1er de la loi belge sur le droit d’auteur (loi du 30 juin 1994). Il n’y a pas là matière à contestation.
Par contre, le refus de l’exception de revue de presse, assez récemment introduite dans la loi belge (loi du 22 mai 2005 transposant la directive 2001/29/CE) apparaît plus polémique. Le juge a considéré que l’exception de revue de presse ne trouvait pas à s’appliquer en l’espèce étant donné que Google News ne faisait que “reproduire des articles de manière automatique sans fournir aucune analyse, commentaire ou critique”, s’appuyant ainsi sur les définitions de la revue et de la revue de presse données par le Larousse, vues respectivement comme “l’action d’évaluer avec soin et de manière méthodique un ensemble d’éléments” et “le compte-rendu comparatif des principaux articles de journaux sur le même sujet”. Comme d’autres, cette argumentation nous laisse assez perplexe. En effet, la revue de presse peut être envisagée tout autrement. Ainsi, selon Le Petit Robert, la revue de presse est “l’ensemble d’extraits d’articles qui donne un aperçu des différentes opinions sur l’actualité” et ne nécessite aucunement une analyse ou une opinion. C’est précisément ce que fait Google en reproduisant différents titres et articles de journaux sur Google News.
Nonobstant cela, les tribunaux ont donné raison à Copiepresse en condamnant Google. Mais cette décision a-t-elle vraiment été utile? A-t-elle réellement offert à la presse de quoi négocier avec Google? Car même si les droits d’auteur ont permis à Copiepresse de sortir victorieux de son combat contre Google, ce dernier s’est empressé de retirer de son portail d’actualités les articles émanant de la presse écrite francophone belge. La déception est donc double: non seulement, la presse écrite n’a pas pu obtenir la refonte de son système de financement qu’elle recherchait en invoquant les droits d’auteur, mais en plus, elle s’est privée de présence sur une des pages web les plus visitées au monde, se retrouvant ainsi perdue dans l’immensité du net.
En conclusion, les droits d’auteur ne semblent par être l’instrument de négociation économique permettant de lutter contre Google et, par extension, Yahoo. Certes, il faut secourir la presse et inciter les auteurs à la création afin de conserver des articles de qualité, mais des évolutions sont absolument indispensables, aussi bien au niveau du système économique entourant la presse que des droits d’auteurs eux-mêmes. Mais en s’attaquant à Google par le biais des droits d’auteur, Copiepresse s’est opposé non seulement au système du référencement, ancré dans les mentalités et universellement accepté comme un bienfait sur le net, mais aussi à l’ère du “copyleft”, du libre échange des informations, qui apparaît comme inévitable à l’heure actuelle.
En réalité, donc, la question “faut-il faire payer Google et Yahoo” en appelle une autre: “comment permettre à la presse et, par conséquent, aux droits d’auteur, de survivre dans le monde du copyleft ?”.
Quelques sources:
5. http://www.numerama.com/magazine/18731-droit-d-auteur-la-justice-belge-condamne-google-news.html
6. C. MOLIERE, ” Les articles de presse à l’ère numérique. Le cas de Google Actualités”, I.R. D.I., 2004, pp. 7-19.
7. M. COCK & B. VAN ASBROECK, ” Droit d’auteur belge – Googles News: 2-0″, I.R. D.I., 2007, pp. 173-177.
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A la question “faut-il faire payer Google et Yahoo”, il ne peut y avoir de réponse tranchée. La discussion entourant la presse ses rapports avec internet nécessite des débats et des avis nuancés, car de nombreuses problématiques entrent en jeu et s’entrecroisent dans ce domaine. Les deux plus évidentes sont le financement de la presse écrite à l’ère d’internet, d’une part, et l’application et le respect des droits d’auteur, d’autre part. Ces deux problématiques sont profondément liées.
Il est incontestable que la presse écrite a dû faire face à des évolutions et des mutations technologiques sans précédent depuis quelques années, avec l’arrivée et l’expansion fulgurante du World Wide Web. Et il est également de notoriété publique qu’elle s’est assez mal adaptée à ces nouveaux phénomènes. Les articles et les analyses démontrant l’inexorable régression des ventes de journaux sur support papier ne manquent pas et l’on peut affirmer sans crainte que la santé financière de la presse écrite laisse plutôt à désirer. Or, comme le pointe Céline Bourgeois dans son article, le bon financement de la presse est nécessaire pour assurer la parution d’articles de qualité. Sans financement, pas d’incitation à produire, sans incitation à produire, pas d’articles.
Comment permettre alors à la presse de survivre dans l’époque du numérique?
La presse s’est reposée sur les droits d’auteur, comme l’illustre la récente affaire opposant Copiepresse à Google, citée par l’auteur dans son article (inutile donc d’en rappeler le contexte). Grand bien lui fasse, car il est certain que les droits d’auteur ont une vocation économique, à travers les droits patrimoniaux accordés aux auteurs sur leurs oeuvres artistiques et littéraires. D’ailleurs, en ce sens, nous ne pouvons rejoindre Céline Bourgeois quand elle parle d’une aliénation des droits d’auteur causée par une lutte économique. En effet, les droits d’auteurs consitituent non seulement un droit naturel, offrant une protection de la personnalité de l’auteur au moyen des droits moraux, mais ils représentent aussi un droit économique permettant à l’auteur de se financer, par les biais des droits patrimoniaux exclusifs dont il dispose. Il n’y a donc pas à proprement parler d’aliénation économique des droits d’auteur, car ils sont déjà intrinsèquement économiques. Et, selon nous, dans la majorité des cas, ce sont les droits patrimoniaux qui encouragent et incitent les auteurs à créer. La preuve en est qu’aux USA, il n’existe pas de droits moraux et, pourtant, le production littéraire et artistique n’est pas plus faible qu’en Europe.
Mais revenons à l’affaire qui nous intéresse. Il est évident que les titres et les articles de presse bénéficient d’une protection par le droit d’auteur. La doctrine et la jurisprudence sont quasiment unanimes sur ce point.
Toutefois, n’existe-t-il pas des exceptions autorisant la reproduction par Google de titres et de morceaux d’articles dans Google News? La justice a décidé que non.
Ainsi, Google n’a pas pu invoquer avec succès l’exception de citation, le tribunal rappelant que celle-ci ne pouvait être utilisée que dans un “but de critique,de polémique, d’enseignement ou dans des travaux scientifiques”, comme le prévoit l’article 21, §1er de la loi belge sur le droit d’auteur (loi du 30 juin 1994). Il n’y a pas là matière à contestation.
Par contre, le refus de l’exception de revue de presse, assez récemment introduite dans la loi belge (loi du 22 mai 2005 transposant la directive 2001/29/CE) apparaît plus polémique. Le juge a considéré que l’exception de revue de presse ne trouvait pas à s’appliquer en l’espèce étant donné que Google News ne faisait que “reproduire des articles de manière automatique sans fournir aucune analyse, commentaire ou critique”, s’appuyant ainsi sur les définitions de la revue et de la revue de presse données par le Larousse, vues respectivement comme “l’action d’évaluer avec soin et de manière méthodique un ensemble d’éléments” et “le compte-rendu comparatif des principaux articles de journaux sur le même sujet”. Comme d’autres, cette argumentation nous laisse assez perplexe. En effet, la revue de presse peut être envisagée tout autrement. Ainsi, selon Le Petit Robert, la revue de presse est “l’ensemble d’extraits d’articles qui donne un aperçu des différentes opinions sur l’actualité” et ne nécessite aucunement une analyse ou une opinion. C’est précisément ce que fait Google en reproduisant différents titres et articles de journaux sur Google News.
Nonobstant cela, les tribunaux ont donné raison à Copiepresse en condamnant Google. Mais cette décision a-t-elle vraiment été utile? A-t-elle réellement offert à la presse de quoi négocier avec Google? Car même si les droits d’auteur ont permis à Copiepresse de sortir victoirieux de son combat contre Google, ce dernier s’est empressé de retirer de son portail d’actualités les articles émanant de la presse écrite francophone belge. La déception est donc double: non seulement, la presse écrite n’a pas pu obtenir la refonte de son système de financement qu’elle recherchait en invoquant les droits d’auteur, mais en plus, elle s’est privée de présence sur une des pages web les plus visitées au monde, se retrouvant ainsi perdue dans l’immensité du net.
En conclusion, les droits d’auteur ne semblent par être l’instrument de négociation économique permettant de lutter contre Google et, par extension, Yahoo. Certes, il faut secourir la presse et inciter les auteurs à la création afin de conserver des articles de qualité, mais des évolutions sont absolument indispensables, aussi bien au niveau du système économique entourant la presse que des droits d’auteurs eux-mêmes. Mais en s’attaquant à Google par le biais des droits d’auteur, Copiepresse s’est opposé non seulement au système du référencement, ancré dans les mentalités et universellement accepté comme un bienfait sur le net, mais aussi à l’ère du “copyleft”, du libre échange des informations, qui apparaît comme inévitable à l’heure actuelle.
En réalité, donc, la question “faut-il faire payer Google et Yahoo” en appelle une autre: “comment permettre à la presse et, par conséquent, aux droits d’auteur, de surivre dans le monde du copyleft ?”.
Quelques sources:
5. http://www.numerama.com/magazine/18731-droit-d-auteur-la-justice-belge-condamne-google-news.html
6. C. MOLIERE, ” Les articles de presse à l’ère numérique. Le cas de Google Actualités”, I.R. D.I., 2004, pp. 7-19.
7. M. COCK & B. VAN ASBROECK, ” Droit d’auteur belge – Googles News: 2-0″, I.R. D.I., 2007, pp. 173-177.
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Faire payer Yahoo et Google ? Pourquoi pas. Mais attention à ne pas demander tout et n’importe quoi.
La Cour de justice a rendu un arrêt ce 1er mars 2012 dans l’affaire opposant la société d’élaboration de calendriers sportifs “Football Dataco” à (notamment) Yahoo Presse. Brièvement, les faits sont les suivants: la société Football Dataco est chargée par les fédérations de football anglaise et écossaise d’élaborer le calendrier des matchs organisés pendant l’année, en respectant des règles déterminées par la fédération, et avec l’aide de logiciels informatiques pour régler les problème subsistants. Football Dataco fait valoir un droit d’auteur en invoquant la protection de la directive et des accords ADPIC. Yahoo, de son côté, dit qu’il a le droit d’utiliser ces données sans être redevable d’une quelconque contrepartie financière à Dataco. La Cour de justice, saisie sur question préjudicielle, semble avoir pris le parti de Yahoo en rappelant que le comportement de Football Dataco est restreint par les règles imposées par les fédérations et que sa liberté créative en est considérablement réduite; ne justifiant dès lors pas une protection de la base de données à titre de droit d’auteur.
Comme le dit Sarah Baikry dans son commentaire, Google News a besoin de la presse pour faire fonctionner son moteur de recherches. Mais la presse a besoin des canaux de diffusion de Google (et Yahoo) pour toucher le plus d’internautes possible. À la suite de l’arrêt, Google a bien démontré cela: obligé de publier la condamnation sur son site, Google en a profité pour “dé-référencer” les sites de la presse belge (lesoir, lalibre) qui, s’ils ne sont plus sur Google, ne sont plus “en vitrine” et attirent moins de lecteurs.
La campagne judiciaire ne devait être que la première étape. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers et attendre une prochaine infraction à porter devant les tribunaux. La numérisation de l’information avance, et il n’appartient qu’aux sociétés d’édition de prendre le pas.
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Faut-il faire payer Google ou Yahoo ? Je pense que oui. Il est important de réformer les règles qui régissent le système de distribution de l’information. La distribution d’information se passe de plus en plus par des agrégateurs de contenus, comme Google ou Yahoo, qui forment un mastodonte numérique, un monstre convivial qui broie les autres sans même s’en apercevoir, comme l’éléphant écrase les fourmis en marchant. Face à ce pouvoir mondial, il faut s’organiser. Face à l’émergence de moteur de recherche comme Google ou Yahoo, l’information se retrouve gratuitement à la portée de tous. Mais il faut rappeler que si le Google et Yahoo sont des magnifiques outils de diffusion, ils ne produisent strictement rien. Ils diffusent de l’information qu’ils ont seulement collecté et non écrite eux-mêmes.
En principe, c’est un système qui fonctionne bien. En effet, les médias offrent à des sites comme Google les nouvelles qu’ils ont collectées et agencées, sous la forme de courts textes qui sont le début des articles publiés ailleurs. Ils assurent ainsi leur promotion et attirent en retour les internautes intéressés par ces extraits d’information.
Mais en réalité les choses se passent autrement. Une grande partie des internautes se contente de lire les résumés qu’ils trouvent en un clic sur Google. C’est ainsi que des sites comme Google qui diffusent l’information captent l’essentiel du chiffre d’affaires, tandis que ceux qui les produisent supportent l’essentiel des coûts. Dans le système actuel, les producteurs d’information transfèrent à ces distributeurs d’information une valeur dont ils ne reçoivent jamais l’équivalent.
Selon moi une solution à ce problème pourrait être le partage des revenus. Si les entreprises d’information décident de s’unir et arrivent à mettre les pouvoirs publics de leur côté, elles peuvent changer le rapport de force. Les bénéfices de Google sont immenses et s’il reversait une partie de ses recettes financières cela suffirait à améliorer nettement les comptes des producteurs d’information sur internet.
Une autre solution pourrait être les droits d’auteurs, comme le dit Céline Bourgeois dans son article. Google en référençant des articles de journaux sans avoir reçu aucune autorisation de la part des éditeurs a négligé de se préoccuper des droits d’auteurs dont ils pouvaient être titulaires. Ce qui a d’ailleurs valu à Google d’être condamné dans un arrêt Copiepresse. Selon moi cet arrêt est une aubaine pour les éditeurs de presse car il permet de bloquer l’expansion de Google actualités. Ce jugement assure aux éditeurs de presse des droits sur tous les articles qu’ils publient et leur permet ainsi de négocier avec Google l’exploitation de ceux-ci. Ils peuvent ainsi négocier financièrement le référencement de leurs articles de journaux par Google Actualités.
Il est important de garder à l’esprit que Google a besoin des articles de journaux pour faire fonctionner son site Google Actualités et que les éditeurs de presse ont aussi besoin de Google Actualités afin d’attirer les internautes. En définitive la solution qui contenterait les deux parties serait la suivante : que les éditeurs de presse passe des accords financiers avec Google, en permettant à celui-ci d’utiliser les articles de presse moyennant paiement.
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L’argent aura toujours été le nerf de la guerre depuis sa création il y a des milliers d’années. Certes sans argent aujourd’hui personne n’est capable de pouvoir subsister et cela est valable également pour des porteurs d’informations comme les médias. Il parait dès lors normal que leur apport ne soit pas sous-estimé et exploité contre leur intérêt. Mais à l’heure de la mondialisation ne serait-il pas temps de refondre le système de revenus pour que personne n’y perde et que le citoyen ne soit, une fois de plus pas pris en otage ?
Selon certaines études, l’internaute, en général avide de rapidité et d’une information non approfondie, se contente des titres et brèves mises à disposition sur Google ou sur d’autres plates-formes pour se faire une idée de ce qui se passe dans le monde de manière globale sans chercher à aller voir plus loin. A mon sens, il serait totalement impensable de protéger un titre ou un résumé d’article, lui-même, la plupart du temps, résumé d’une situation bien plus complexe que ce qu’il renferme pour plusieurs raisons. D’une part, faire payer ce genre de texte ferait en sorte que la profession de journaliste serait gravement sous-estimée et que ce dernier pourrait clairement se dire que n’étant payé que pour cela, il n’aurait pas à se soucier de la qualité du reste de l’information qu’il délivre ce qui serait nocif pour l’internaute cherchant une connaissance plus approfondie de l’actualité. D’autre part, il s’avère que les titres de certains articles sont parfois trompeurs par rapport à ce que le corps du texte contient en réalité.
Qui plus est la protection proposée est d’attacher des droits d’auteurs à un titre ou une brève. Il apparait que dans notre système juridique, pour qu’une chose soit protégée par un tel type de droit, il faut que ce soit une création originale. Or la plupart des titres d’articles ne sont pas originaux sans parler de ceux qui contiennent des citations de témoins ou de personnalités liées à l’information divulguée, ce qui poserait dans le cas d’espèce, un problème de répartition des droits d’auteurs et compliquerait considérablement la situation.
N’oublions pas non plus que l’information n’est absolument pas une ressource exclusive et que de par ce fait, comment pourrait-on faire pour déterminer de manière objective quelle source devrait se voir verser les droits de propriété intellectuelle dans la situation désormais classique où plusieurs médias divulguent une information similaire ? Cela mènerait plus que certainement à une course à l’information qui menacerait la qualité de cette dernière.
En conclusion, il me semble opportun que l’État mette « la main à la pâte ». En effet, à l’heure où la liberté d’expression et de parole est de plus en plus menacée, une intervention gouvernementale serait un signe fort contre ce mouvement. Pourquoi ne pas faire en sorte que toutes les agences de presse soient subventionnées par l’État sans, bien évidemment, que ce dernier ait un droit de regard sur ce qui est relaté dans les journaux ? Cela aurait comme triple avantage que, d’une part, tout journaliste se verrait gratifié d’un salaire garanti pour le travail qu’il preste et, d’autre part, que la course à l’attractivité publicitaire s’arrête dans un monde déjà très consommateur et enfin que le citoyen puisse jouir d’une information de qualité sans être pris en otage une fois de plus.
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